Sociologue de renommée mondiale, spécialiste des questions de genre et de classe de l’Inde urbaine, Asiya Islam, présente depuis une décennie en Grande-Bretagne, s’est vu refusée le prolongement de son visa de résidence. Une décision administrative qui a provoqué un tollé dans les milieux universitaires et une inquiétude sur l’attractivité académique de Londres.
« Le Royaume-Uni est «ouvert aux talents mondiaux», a déclaré le gouvernement la semaine dernière avec un nouveau visa conçu pour courtiser les meilleurs chercheurs étrangers ». Une déclaration bien étrange au moment où éclate la colère de 2000 universitaires britanniques qui dénoncent le traitement administratif réservé au docteur Asiya Islam, d’après une information du Guardian.
Un refus de lui accorder un visa de longue résidence qui a choqué les milieux de la recherche britannique au vu des attaches de cette femme avec la Grande Bretagne et de sa réputation internationale.
Boursière à l’université de Cambridge, titulaire de la prestigieuse bourse de recherche Joyce Lambert, le docteur Asiya Islam avait adressé une lettre au ministère de l’Intérieur pour attirer l’attention sur son cas.
Un durcissement de la politique migratoire britannique
Une lettre signée par deux mille universitaires dont près de 200 professeurs. Lettre et mobilisation que le ministère a refusé de commenté faisant le choix du silence.
Présente à New Delhi depuis un an pour les besoins d’une enquête anthropologique, les services administratifs avaient refusé sa demande de congé pour une durée indéterminée en novembre, jugeant son absence trop longue.
Quel espoir y a-t-il pour les jeunes talents mondiaux s’ils sont traités comme ça ?
Du côté des milieux de la recherche britannique, l’inquiétude était présente.
La professeure Sarah Franklin, responsable de la sociologie à Cambridge, craint que le cas d’Asiya Islam ne crée « un précédent très inquiétant ».
« Elle n’était pas au Royaume-Uni parce qu’elle avait des raisons impérieuses de ne pas l’être : elle menait ses recherches universitaires », dit-elle.
« Nous évoluons dans un contexte très fébrile, irrationnel et volatil, dans lequel les règles normales ne semblent pas s’appliquer. »
« Quel espoir y a-t-il pour les jeunes talents mondiaux et brillants s’ils sont traités comme ça ? Et si cela se passe à Cambridge, l’une de nos universités les plus prestigieuses, que se passera-t-il ailleurs? » a vivement réagi la professeure Beverley Skeggs, professeure émérite au département de sociologie de l’Université de Lancaster.
« Je pense que le cas d’Asiya a envoyé des ondes de choc à travers la communauté universitaire ici et à l’étranger, car personne ne s’est rendu compte que les choses allaient si mal », a-t-elle ajouté.
D’autres cas similaires se sont récemment produit, selon le Guardian, trois à Oxford et un à Leicester, faisant craindre un durcissement de la politique d’immigration au Royaume-Uni.
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