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mardi 03 décembre 2024

Hamdi Ben Aïssa : du passage du temps et du matérialisme

Mizane.info publie ce texte du cheikh Hamdi Ben Aïssa qui est une réflexion sur l’époque, les commémorations de fin d’année et le rapport entre spiritualité et temporalité. Hamdi Ben Aïssa  est le directeur du Sanad Collective et le fondateur de l’Institut Rhoda pour l’apprentissage de la spiritualité islamique et du mouvement Floraison.

Les voyages peuvent être pensés comme des paraboles de notre passage sur terre : la vie que notre Seigneur-Éducateur des âmes et des consciences nous a donnée est un voyage fait de jours, de nuits, de mois et d’années. Ainsi, la nécessité de donner sa juste valeur au temps qui passe est absolue.

Aucun moment ne devrait être négligé, mais plutôt investi, accueilli avec art de vivre et gratitude.

Symboliquement, nous pouvons constater que de nos jours, au contraire, les trajets sont propices à la consommation (films, jeux vidéos, sommeil) et à l’individualisme.

Conditionnés à la négligence, les hommes modernes appréhendent le chemin comme une parenthèse inutile, et préfèrent se focaliser sur la destination uniquement.

Or, celui qui subit le chemin subira nécessairement la destination.

La célébration du passage du temps est un moyen pour l’être humain de se rappeler de ces réalités, afin d’atteindre la conscience et la maturité spirituelle.

L’insouciance du monde moderne

Nous parlons là de célébration et non de simple fête (qui tournent aujourd’hui autour de la consommation malheureusement) : c’est à dire marquer ce temps, lui donner de la valeur, le considérer comme non-ordinaire.

Il s’agit de sortir de l’insouciance pour rentrer dans un mode de vie conscient et attentif.

Car en réalité, lorsqu’une période se clôture, jour, mois ou année, c’est un livre qui se referme, une écriture à laquelle on ne peut plus rien changer qui retourne à Dieu.

Nous observons tristement aujourd’hui que la majorité des gens ne sont pas conscients.

Beaucoup sont dans un état que l’on pourrait qualifier de coma spirituel, ils subissent leur vie et gâchent les opportunités que leur Créateur, dans Sa grande Générosité, ne cesse pourtant de leur donner d’accéder à la félicité dans cette vie et dans l’autre.

Dieu nous dit dans Son Saint Qor’an que « Certes, dans le passage du temps, il y a des signes pour les gens intelligents, les gens de l’essence».

Aussi, Il nous rappelle que «Par le passage du temps ! L’être humain est par défaut insouciant et voué à la perdition ».

Ici, Dieu nous enjoint à devenir conscients et reconnaissants, ce qui se traduit par l’attitude que le croyant doit adopter envers les jours et les nuits qui lui sont donnés.

Notre Bien Aimé Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion avec lui) nous a enseigné comment se connecter à Dieu et à la réalité de notre condition humaine en toute circonstance.

Nous trouvons dans la tradition prophétique (hadith) toutes les indications, tous les conseils à suivre pour faire de nos vies et de notre temps un hommage constant à notre Créateur.

La fin d’année solaire comme lunaire peut être considérée comme un de ces moments importants, comme toutes les « extrémités » : lever/coucher du soleil, début/fin de mois.

De même, la date qui fut choisie par les chrétiens depuis plusieurs siècles pour célébrer le souvenir de la naissance du Prophète Jésus (que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui) peut être saisie comme une occasion majeure de se rappeler les défis et les luttes qui attendent l’humanité.

Hamdi Ben Aïssa à une commémoration religieuse à Tarim, au Yémen.

Plutôt que de se focaliser sur la date exacte de sa naissance ou sur les différentes versions de la fin de son premier passage sur terre, nous devrions plutôt investir cette période de l’année pour en faire un moment de célébration et de rappel.

Nous croyons que le Prophète Jésus (Issa), qualifié de Prophète de la fin des temps comme notre Bien Aimé Prophète Mohamed (Que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), reviendra sur terre pour lutter contre la plus grande illusion de toute l’histoire humaine : l’Antéchrist ou Dajjal.

Ce dajjal ne sera ni plus ni moins que l’incarnation et la représentation du matérialisme.

Seul un Prophète pourra mettre un terme à ce fléau qui détruit tout sur son passage. Dans l’attente, il nous reste à choisir si nous souhaitons vivre en pleine conscience notre existence ou subir le temps que Dieu nous a donné.

En effet, il est dit que ceux qui le suivront auront tout ce qu’ils souhaitent en terme de nourriture et de biens matériels alors que ceux qui s’y refuseront n’auront au contraire que l’énergie spirituelle conférée par leur foi pour affronter cette période sombre en attendant la délivrance.

Chaque être humain devra faire le choix entre donner sa vie à Dieu ou vivre dans le confort matériel de la vie sur terre.

Retrouver la valeur spirituelle du temps

La modernité a engendré des phénomènes de société monstrueux : surconsommation, individualisme, élitisme, matérialisme, mais aussi tous les courants areligieux.

Et il est aisé de constater que le plus grand nombre de victimes à déplorer dans l’histoire de l’humanité a eu lieu lors des guerres dites modernes (1ère et 2nde Guerre Mondiale), et non lors des guerres d’antan dites de religion ou autre.

Les objectifs de ces idéologies sont toutes convergentes et répondent en réalité au paradigme de Satan (que Dieu nous préserve de lui) qui peut être résumé dans la phrase : « Je suis meilleur que lui ».

Leurs dégâts se constatent partout, dans les sociétés, les familles, au sein des groupes religieux ou des mosquées mais aussi chez les individus.

Nous pouvons même observer ces déviances au sein des groupes soufis, dans les rivalités entre les étudiants. Chacun revendique sa particularité, pense avoir raison sur l’autre.

Or, penser ainsi, c’est se vouloir supérieur en réalité et dire entre les lignes « Je suis meilleur que lui »…

Nous devons prendre conscience de l’époque dans laquelle nous vivons et comprendre que ce phénomène n’a pas encore atteint son paroxysme.

Le réveil qui touche quelques poches d’individus en occident ne sonne pas la fin du modernisme et de la surconsommation.

Au contraire, la création de clubs de réflexion, de cercles élitistes est plutôt l’une des conséquences de la modernité et répond encore au même paradigme : « Je suis meilleur que lui »!

Seul un Prophète pourra mettre un terme à ce fléau qui détruit tout sur son passage. Dans l’attente, il nous reste à choisir si nous souhaitons vivre en pleine conscience notre existence ou subir le temps que Dieu nous a donné.

Car le temps, lui, continuera de passer, inexorablement, et des comptes nous seront demandés sur la manière dont nous l’avons accueilli, vécu, et quitté.

Hamdi Ben Aissa

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