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samedi 23 novembre 2024

Halalbnb : une alternative éthique à la discrimination

Halalbnb est une plateforme de réservation de logement entre particulier. Engagé sur le créneau de l’offre éthique à la consommation touristique, Halalbnb a été aussi conçu comme une alternative aux pratiques de discrimination sur les plateformes de location. Pour en savoir plus, Mizane.info a questionné Amine, le fondateur de Halalbnb. Entretien.

Comment vous est venue l’idée de lancer cette plateforme de réservation en ligne ?

Je suis avec ma femme un consommateur de airbnb. Nous avons voyagé à maintes reprises en passant par cette plateforme. Nous aimons ce concept de l’hospitalité et de se rendre chez des particuliers qui nous a beaucoup attiré. On n’est pas dans la même approche que l’hôtel. C’est plus économique d’ailleurs que certains hôtels. Malheureusement, nous nous sommes rendus compte qu’il existait de la discrimination sur de grandes plateformes. Un système de photo permet à l’hébergeur de voir les clients après avoir confirmé la réservation. Ma femme étant voilée, nous avons été victime de plusieurs annulations de réservations.

Avant que les hébergeurs voient la photo, il y a le patronyme arabo-musulman. Estimez-vous que le refus se fait à cause du voile et non seulement sur le nom ?

Oui effectivement. Certains prénoms comme Mohamed sont identifiés comme musulmans mais d’autres prénoms sont plus subtils. Adil, Issam… On ne se dit pas forcément qu’il s’agit de musulmans.

Cela vous est arrivé souvent ?

Oui quelques fois. Parfois, nous demandions des informations sur les conditions d’accès à la piscine : est-elle mixte et commune, est-elle sans vis-à-vis, des questions qui sont importantes pour certains musulmans. Les réponses ont été froides, on nous a demandé pourquoi nous posions de telles questions et derrière directement un refus de réservation ou pas de réponses ! La problématique est connue. Les témoignages de clients utilisant des noms à consonance française pour obtenir une réservation ne sont pas rares. Airbnb par exemple a mis en place une charte anti-discrimination. 1,3 million de propriétaires ont refusé de la signer !

Vous mettez en avant la notion d’éthique dans votre offre. C’est quoi des vacances éthiques pour Halalbnb ?

Le point important pour nous concerne la non-discrimination. Nous avons sur notre plateforme des propriétaires qui ne sont pas musulmans mais qui respectent les valeurs musulmanes de leurs clients. Il ne s’agit pas forcément d’avoir de la nourriture halal mais de ne pas exclure des clients en raison de leur religion. Sur l’éthique, il y a aussi la question de la pudeur dans l’accès à la piscine dont nous parlions qui est une demande importante. Réserver un accès non mixte aux piscines est un élément de cette éthique. D’autres plateformes proposent aussi une offre éthique comme Halal booking mais la différence est qu’ils travaillent sur le be to be, c’est-à-dire sur les offres d’hôtels.

Comment faites-vous lorsqu’un complexe de plusieurs logements ne comporte qu’une seule piscine ?

L’essentiel est que les informations soient spécifiées clairement dans les annonces pour éviter aux consommateurs de mauvaises surprises ! Nous avons une charte sur notre site qui précise les conditions. Les clients savent qu’en allant sur Halalbnb, les clauses prévoiront ce type de demande. La fiscalité de la piscine permet de louer des piscines seules à des horaires précis ou dans l’offre de logement compris. Sur certaines plateformes de location de piscines, des femmes en burkini ont été refusées alors que la charte ne mentionnait pas de conditions.

Avec combien de propriétaires travaillez-vous ?

Nous avons une cinquantaine de propriétaires qui travaillent avec nous depuis un mois. Nous avons des offres en France et un peu partout à l’étranger, au Maghreb, dans le monde arabe. Nous avons également un groupe Facebook avec 50.000 membres. C’est un projet qui a rapidement pris de l’ampleur.

Qui réservent vos logements ? Plutôt des hommes, des femmes ou des familles ?

La plupart du temps, ce sont des familles qui réservent. Des études ont montré cela. Ce sont des couples avec enfants, et parfois des couples seuls. Le ressenti de nos clients est souvent le suivant : « Enfin une plateforme où on va être tranquille ! »

A quelle classe sociale s’adresse vos annonces ? L’annonce la plus élevée mentionne une nuit à presque 400 euros ! Est-ce un prix éthique ?

Nous ne fixons pas les prix. Ce sont les propriétaires qui fixent les loyers qu’ils veulent comme sur toutes les plateformes de réservation. Les offres sont variées. Certaines annonces sont à 30 € la nuit. Les annonces s’adressent à tous les foyers en fonction de leur budget. Plusieurs de nos propriétaires proposent les mêmes offres aux mêmes prix sur d’autres plateformes. Notre travail consiste à mettre en relation les propriétaires avec les voyageurs.

Vos prix sont-ils alignés sur ceux du marché ?

Airbnb prend jusqu’à 19 % de commission à partager entre l’hôte et le voyageur Nous prenons uniquement 12 % sur chaque réservation, payé exclusivement par le voyageur. Nous nous sommes efforcés d’être les plus compétitifs pour ne pas mettre la corde au cou aux consommateurs.

Comment gérez-vous les contentieux ?

Ils sont gérés directement entre propriétaires et voyageurs. Airbnb qui fait des milliards de chiffre d’affaires a beaucoup de mal à le faire. Cela est impossible car trop de paramètres entrent en ligne de compte. La mauvaise foi, des uns ou des autres, ne peut pas être toujours vérifiée. Nous avons un système de notation pour évaluer la qualité des réservations. Si les clients ne respectent pas les conditions, il y a une caution demandée par le propriétaire. Si le propriétaire ne respecte pas les conditions de son annonce, nous pouvons la retirer ou agir pour bloquer l’accès à la réservation non conforme. Mais nous ne vendons pas du rêve. Le risque zéro n’existe pas. Les plus grosses plateformes mondiales de voyage sont confrontées à des cas de fraude. Mais notre système est sécurisé car nous ne reversons la somme de la réservation du client au propriétaire qu’au terme du séjour. En cas de confinement, cela évite aussi des mésaventures au cas où la réservation aurait été payée à l’avance mais empêchée par la mesure de confinement.

Propos recueillis par la rédaction

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