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vendredi 22 novembre 2024

Confiance, amour, véracité et réflexion chez l’imam al-Haddad

Mizane.info partage un texte de l’imam al-Haddad extrait de son ouvrage « Intégrité de l’islam » (Albouraq) où il expose brièvement le sens et l’importance de la pratique de la confiance, de l’amour, de la véracité et de la réflexion dans la tradition musulmane.

Remise confiante (tawakkul)

S’en remettre en confiance à Dieu est une des stations les plus nobles des gens de la certitude, et c’est une des conséquences les plus inestimables de la certitude.

Dieu, Exalté soit-Il, dit : Donc, place ta confiance en Dieu (27 : 79).

Dieu aime ceux qui s’en remettent à Lui en toute confiance (3 : 159).

C’est en Dieu que les croyants mettent leur confiance (5 : 11).

Mettez votre confiance en Dieu, si vous êtes croyants (5 : 23).

Place ta confiance en Dieu, et Dieu suffit comme Protecteur (4 : 81).

Le Prophète, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui, a dit :

Si vous vous en remettiez à Dieu en toute confiance, comme vous devriez le faire, Il subviendrait à vos besoins comme Il le fait avec les oiseaux : ils d’envolent affamés, er reviennent rassasiés.

Une des meilleures invocations est Hasbuna llāhu wa ni‘ma l-wakīl (Dieu me suffit et Il est le meilleur Protecteur). Au moment où il fut jeté dans le feu, Abraham – que les bénédictions et la paix soient sur lui – l’a prononcée, comme l’ont fait Muhammad – que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui – et les croyants quand il leur fut dit : les gens se sont ligués contre vous, craignez-les donc ! Leur foi s’en trouva renforcée et ils s’écrièrent : « Dieu nous suffit, et Il est un excellent Protecteur ! » (3 : 173)

Un de nos prédécesseurs vertueux – puisse Dieu l’avoir en Sa miséricorde – a dit : « Celui qui est satisfait de Dieu comme Protecteur trouvera le chemin vers toute bonne chose. »

L’essence de la remise confiante est la certitude que toute chose est dans la main de Dieu, dans Son poing, et que nul autre que Lui peut être cause de dommage ou de bienfait, peut donner ou retenir. Le cœur doit être tranquille, confiant en la promesse de Dieu et en Sa garantie, si bien qu’il ne tremble pas ni n’est perturbé quand on est frappé par les épreuves et les problèmes, et qu’il ne va pas chercher refuge et aide auprès d’autre que Dieu, Exalté soit-Il, chaque fois qu’on est accablé par les difficultés et les soucis. Si on doit les chercher auprès d’un être créé, ce ne doit être qu’extérieurement, et jamais intérieurement, conformément aux injonctions de la loi divine.

Abandonner les moyens d’existence matériels n’est pas une condition de la remise confiante. Au contraire, on peut tout à fait concilier la remise confiante avec l’utilisation des causes secondaires, tant qu’on n’en remet à Dieu, et pas à ces causes. La marque de la sincérité est qu’on ne dépend pas de ces causes au point de se sentir en paix quand elles sont disponibles, mais anxieux et troublé quand elles manquent ou sont confuses. Un serviteur peut très bien n’avoir aucune ressource matérielle, et ne dépendre pourtant de rien, ce qui serait le cas s’il s’attachait à eux, s’il prêtait attention aux être créés et s’il désirait ce qu’ils possèdent.

Les ressources sont de deux types : religieuses, et matérielles. Les ressources religieuses sont les sciences bénéfiques nécessaires et les bonnes œuvres. Tout musulman doit en user, tout en dépendant de Dieu, et pas d’elles. Les ressources matérielles sont les arts, les métiers, et tout ce qui permet de gagner sa vie. Il n’est pas autorisé d’en abandonner ce dont on a besoin, ce dont on ne peut se passer, sauf à être handicapé et incapable de se mouvoir ou de faire le moindre effort, ou à moins d’être de ces serviteurs de Dieu qui forment le peuple de la gnose et de la certitude, et que Dieu a établis dans un tel état [spirituel]. La règle est donc qu’il n’est pas permis à un homme de cesser de travailler pour gagner ce dont il a besoin pour vivre, sauf s’il est incapable de travailler ou s’il est installé dans le dépouillement, et apte à l’être. Il est interdit à un homme de rester, lui et les personnes à sa charge, dans le besoin, de mendier, de désirer ce que les autres possèdent, car il a dit, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui :

C’est un péché avéré pour un homme de négliger la situation de ceux dont il a la responsabilité.

Amour

L’amour pour Dieu est une des stations les plus nobles et éminentes. Dieu, Exalté soit-Il, dit :

Ceux qui croient ont plus d’amour pour Dieu (2 : 165).

Dieu fera venir des gens qu’Il aimera et qui L’aimeront (5 : 54).

Le Prophète, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui, a dit :

Trois choses donneront de la douceur à la foi de qui les possèdent : aimer Dieu et Son Messager plus que tout …

Aimez Dieu pour les faveurs qu’Il vous accorde, et aimez-moi pour l’amour de Dieu.

Aimer Dieu, Exalté soit-Il, consiste pour le serviteur à ressentir de l’inclination dans son cœur, un attachement et une passion pour cette présence très sainte et très éminente, une extrême conscience de Sa sainteté et de Sa transcendance, associée au respect et à la crainte révérencielle, et exempte de toute idée de comparaison ou et l’illusion de la limitation, car Dieu est trop Exalté. Nous insistons sur ce point car certaines personnes ordinaires manquant de perspicacité peuvent, lorsqu’elles entendent parler des états de hommes de Dieu et de leur manière concrète d’aimer Dieu, être le jouet, dans leur esprit et dans leur cœur, de pensées et d’illusions extrêmement dangereuses et préjudiciables.

Celui dont l’amour pour Dieu, Exalté soit-Il, est sincère est conduit par cet amour à Le préférer à tout le reste, à être motivé par la détermination sur le route qui mène à Sa proximité et à Sa satisfaction, à s’efforcer avec sérieux de Lui obéir, à faire de son mieux pour Le servir, et à abandonner tout ce qui risque de distraire du rappel de Lui et du comportement approprié à Son égard.

L’une des meilleures preuves de l’amour que quelqu’un porte à Dieu est qu’il suit avec excellence l’exemple du Messager de Dieu, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui. Dieu dit, Exalté soit-Il :

Dis : « Si vous aimez Dieu, suivez-moi et Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés. Dieu est Clément, Compatissant. » (3 : 31)

Véracité (sidq)

Dieu, Exalté soit-Il, dit à propos de la véracité :

« Ô vous qui croyez, craignez Dieu et soyez du nombre des véridiques » (9 : 119).

« C’est un jour où les véridiques tireront profit de leur véracité » (5 : 119).

« Parmi les croyants se trouvent des hommes fidèles à la promesse qu’ils ont faite à Dieu » (33 : 23).

« Afin que Dieu récompense les véridiques de leur véracité » (33 : 24).

Le Prophète, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui, a dit :

« La véracité mène à la bienveillance et la bienveillance mène au jardin du paradis. Un serviteur est véridique et persévère dans sa véracité au point d’être compté auprès de Dieu comme vraiment véridique. Le mensonge mène à la corruption, et la corruption mène au feu de l’enfer. Un serviteur est menteur et persévère dans son mensonge au point d’être considéré auprès de Dieu comme menteur. »

On s’engage dans la véracité en évitant de mentir quand on parle, pour qu’ensuite la véracité prenne sa part dans tout acte, toute intention, tout état et toute station. Véracité signifie alors une ferme résolution de les accomplir de la façon la meilleure et la plus prudente, en faisant de son mieux, en étant sérieux et déterminé au plus haut point, à la fois extérieurement et intérieurement.

Réflexion (tafakkur)

Une réflexion excellente et juste procure des bénéfices nombreux et des profits immenses. Dieu, Exalté soit-Il, dit :

C’est ainsi que Dieu vous expose Ses signes. Peut-être réfléchirez-vous à ce monde et à l’au-delà (2 : 219-220).

« Il y a en cela des signes pour des gens qui réfléchissent » (30 : 21).

Dis : « Observez ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. » (10 : 101)

Le Prophète, que les bénédictions et la paix de Dieu soient sur lui, a dit qu’une heure de réflexion valait mieux que soixante années d’adoration. Et ‘Alī – puisse Dieu honorer sa face – a dit : « Aucune dévotion n’est meilleure que la réflexion. »

Il existe différentes formes de réflexion. La meilleure et la plus noble consiste à réfléchir sur les actes et les signes divins, et sur les merveilles de Sa création des cieux et de Sa terre. Quiconque y réfléchit profondément en tire un élargissement de sa connaissance de Dieu, qui est le plus grand des remèdes.

Tu peux aussi réfléchir aux faveurs et aux bénédictions que Dieu t’accorde, à la fois au plan religieux et au plan matériel. Y réfléchir profondément augmente l’amour qu’on a pour Dieu, et pousse à Le remercier.

Une autre forme de réflexion consiste pour toi à réfléchir à l’immensité des droits de Dieu sur toi, et à tes nombreux défauts dans la façon dont tu satisfais Ses droits de Seigneur. Y réfléchir profondément mène à la peur, à la crainte révérencielle et à la honte devant Dieu, Exalté soit-Il, et pousse à s’efforcer résolument et sincèrement de Lui obéir et de respecter Ses droits.

Il est aussi possible de réfléchir à ce monde, à son évanescence, et à la façon dont il est rempli de préoccupations et d’humiliations. Y réfléchir profondément mène à s’en détacher, à l’abandonner et à en perdre le désir.

Réfléchir sur l’au-delà procure d’autres sujets de réflexion : le fait qu’il n’a pas de fin, que sa félicité est à l’état pur, que ses plaisirs et ses joies sont perpétuels. Y réfléchir profondément mène à préférer l’au-delà, à le désirer et à s’efforcer résolument d’y parvenir.

Il existe de nombreuses autres pistes pour la réflexion. Plus la perspicacité du serviteur est affûtée et plus sa connaissance est large et abondante, plus sa réflexion sera vaste et riche.

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