©Habib M’henni.
Dans la troisième partie du texte consacré à l’œuvre de ‘Ayn al-Qudāt, Mohammed Rustom aborde, sur Mizane.info, le rapport du mystique musulman à la signification des lettres isolées du Coran.
L’approche globale du Coran pensée par notre auteur semble trouver son corollaire naturel dans sa théorie des mystérieuses « lettres isolées » (al-hurūf al-muqatta’a) qui apparaissent au début de 29 chapitres coraniques. Tandis que la plupart des gens ne comprennent le Coran qu’en empruntant « le sentier de l’habitude » plutôt que le chemin de Dieu, ‘Ayn al-Qudāt insiste explicitement sur le fait que sa compréhension des lettres isolées, au même titre que ses autres « idées », repose sur le fait de les goûter (dhawq).
L’un des éléments qui lui est apparu en goûtant aux lettres isolées est qu’elles renferment l’ensemble des secrets de l’ordre cosmique. L’on ne trouve rien au sujet de ces secrets dans les livres, et il nous est tout aussi impossible de les extraire des pages du Coran en ayant recours à une méthode analytique. Bien plutôt, la réalité des lettres isolées est révélée à ‘Ayn al-Qudāt par le même processus que celui qui lui a permis de percer les mystères du Coran en général.
Ce « processus » n’est autre que la purification du cœur dans le but d’entendre les significations contenues dans le Coran dans la voix de Dieu Lui-même.
C’est donc pour cela que ‘Ayn al-Qudāt relie, indirectement, la connaissance des lettres isolées à ce que les soufis appellent la « science du cœur » : « N’eût été la présence des lettres isolées (dans le Coran), je n’aurais pas eu foi en le Coran ! Vraiment, en cela : un Rappel pour qui possède un cœur (Coran 50:37). » De même, « [l]es lettres isolées sont ce qui réjouit le cœur des amoureux de Sa Parole. »
Lire la première partie : De l’encre noire au parchemin blanc : la vision coranique de ’Ayn al-Qudāt 1/3
Le cœur qui s’est rendu digne de recevoir la signification de la Parole Divine est également le cœur qui a accès aux sens des lettres isolées. Mais, selon la mise en garde de ‘Ayn al-Qudāt, cela ne peut se faire que lorsque l’on se défait de son agentivité individuelle, de son « habitude » de se concentrer avant tout sur sa quête égoïste et individualiste du savoir. De même que pour les autres sujets qu’il aborde dans ses écrits, il ne peut être question de « ‘Ayn al-Qudāt » et de « sa » compréhension des lettres isolées :
Comment pourrais-je jamais avoir l’audace de commenter les lettres isolées, telles que Tā’. Hā’ (Coran 20:1), Hā’. Mīm (Coran 40:1, etc.) et Alif, Mīm, Sād (Coran 7:1) ? Tout ce que j’ai pu écrire— c’est-à-dire, chaque fois que j’écris quelque chose, cette chose m’apparaît et me submerge au point de me mener à écrire. De même, si je veux écrire, je ne puis.
Lorsque les lettres isolées se manifestent et « submergent » en effet le juge de Hamadān, de nombreux éléments s’offrent à notre analyse. Premièrement, ‘Ayn al-Qudāt nous dit que ces lettres apparaissent dans une étoffe (kiswa) qui est « indifférenciée » (mujmal) de sorte que ceux qui sont étrangers au Coran sont privés de la compréhension des mystères auxquels elles réfèrent. Cette « étoffe de lettres » ne désigne pas simplement les lettres isolées. Le Coran entier est entouré de cette étoffe, dont la fonction demeure identique, à savoir : communiquer quelque chose à ceux qui placent leur foi et leur amour dans la Parole Divine, quelque chose qui ne peut être transmis à ceux qui rejettent le message :
Le Coran a été envoyé dans ce monde dans son étoffe de lettres. Un million d’indices capturant l’esprit ont été placés dans chaque lettre. Puis cet appel fut lancé : Et rappelle ! Alors vraiment, le Rappel profite à ceux qui mettent en œuvre le Dépôt confié (Coran 51:55). Il dit : « Prononce l’appel et fais du statut de messager un piège sélectif. Notre piège discernera notre proie, et ne tendra pas vers ceux qui sont en porte-à-faux vis-à-vis de nous. » Pour ceux qui ont dénié, il est égal que tu les aies avertis ou que tu ne les aies jamais avertis, ils ne mettront pas en œuvre le Dépôt confié (Coran 2:6).
Malgré le fait que toutes les lettres du Coran soient inaccessibles à ceux qui sont lui étrangers, les lettres isolées remplissent avec succès la fonction de gardiennes de ce vaste domaine qu’est la Parole Sans Commencement :
Ô chevalier ! Sais-tu seulement ce que sont ces lettres isolées ? L’infini, la Parole Sans Commencement, issue d’une beauté sans négligence. Pour la plupart des gens, ces lettres ne veulent rien dire. Si la mer était une étendue d’encre pour (écrire) les Paroles de mon Enseigneur, la mer s’épuiserait avant que ne s’épuisent les Paroles de mon Enseigneur, même si Nous ajoutions une quantité d’encre équivalente (Coran 18:109).
Dis-tu qu’un peu d’encre peut suffire à consigner tout le Coran ? Alors qu’est-ce que cela ? Si tous les arbres sur terre devaient être des plumes et si, après cela, la mer se grossissait de sept mers (d’encre), les Paroles d’Allâh ne s’épuiseraient pas (Coran 31:27). Tout ce qui est connu l’est à partir de cela, mais tu n’as rien connu ! Ô mon ami ! Ce qui ne peut être écrit à l’aide des océans est contenu dans l’exaltation de ces lettres.
Pour ‘Ayn al-Qudāt, la présence des lettres isolées ne se limite pas aux seuls 29 chapitres coraniques dans lesquels on les trouve. Ceux qui ne voient les lettres isolées du Coran que de cette manière conventionnelle sont, selon ses mots, encore à l’état de néophytes. Ils se trouvent en effet sur le plan des formes et des écrits. En réalité, l’intégralité du Coran se compose de ces lettres isolées, puisque le Coran est descendu du « monde du mystère » (‘ālam-i sirr), correspondant à la dimension du sens au-delà des formes, de l’écriture, et du discours.
Dans ce monde, dans la mesure où l’on peut effectivement parler d’un Coran « articulé », le Coran entier subsiste à l’état d’autant de lettres individuelles et détachées. Dans notre monde, ces lettres s’assemblent afin de se présenter à nous sous forme de mots et de phrases, et, de fil en aiguille, sous la forme du texte coranique dans son intégralité. Au cours de la descente des lettres isolées, certaines ne sont pas entièrement descendues : elles se distinguent donc des combinaisons de lettres qui constituent la plus grande partie du Coran.
Lire la seconde partie : L’audition spirituelle du Coran chez ‘Ayn al-Qudāt 2/3
Ces lettres suspendues sont ce que l’on a l’habitude d’appeler les « lettres isolées ». Leur présence, ainsi que nous avons eu l’occasion de le faire remarquer, renvoie à une forme plus originelle du Coran, et elles sont la clé du cadenas qui garde ses vraies significations.
Avant d’apprendre l’« alphabet de l’amour » (abjad-i ‘ishq), les gens percevront nécessairement, comme la plupart avant eux, les lettres du Coran comme étant interconnectées, et les lettres isolées ne seront à leurs yeux que les lettres isolées conventionnelles. Mais lorsqu’ils apprennent cet alphabet, les choses changent du tout au tout. Ils sont alors en mesure d’admirer la beauté du Coran dans toute sa plénitude :
Ô cher ami ! Tu n’as pas encore atteint l’endroit où l’alphabet de l’amour est écrit pour toi. On aperçoit la trace de l’écriture de cet alphabet lorsque les lettres reliées (muttasal) deviennent des lettres déliées (munfasal). On retrouve la trace des premières dans Et Nous leur avons, certes, fait parvenir le Dire (Coran 28:51). Puis, la trace des dernières se retrouve dans Nous avons certes disposé les Signes (Coran 6:97, etc.).
Sur le Chemin, tout cela est décrit comme le fait d’ « écrire l’alphabet de l’amour sur la Tablette du cœur du voyageur. » Fais preuve de patience jusqu’à ce que la beauté de ces versets te soit révélée — Ceux-là, Allâh a écrit la foi dans leurs cœurs (Coran 58:22) — de sorte que l’intégralité du Coran, ainsi que ses significations, t’apparaissent aisément : Nous avons certes rendu le Qur’ân aisé pour le rappel. Alors, y a-t-il quelqu’un pour se rappeler? (Coran 54:32).
Afin d’illustrer sa théorie des lettres isolées au moyen d’un exemple concret, ‘Ayn al-Qudāt s’appuie sur le passage [Allâh suscitera] des tenants qu’Il aime (ىحبهم) que l’on trouve dans le verset 5:54, l’un des plus appréciés parmi les soufis dans le cadre de leurs discussions sur l’amour. Plus l’on mûrit spirituellement par le biais du voyage (sulūk), et plus l’âme s’élève, plus l’on se mettra à voir la langue arabe comme étant en réalité composée de lettres isolées (ى ح ب ه م). Autrement dit, la beauté cachée derrière l’agrégation qui constitue le mot apparaîtra dans sa forme originelle, à savoir celle des lettres isolées :
En mûrissant, l’on s’aperçoit que les lettres reliées se délient. Voici ce que lisent les gens : [Allâh suscitera] des tenants qu’Il aime (Coran 5:54) — et ils pensent que ceci est relié. Lorsque, de derrière le voile, l’on sort de soi-même, la beauté elle-même se présente à nous dans les lettres déliées, et l’on épelle alors de la sorte : Yā’, Hā, Bā’, Hā’, Mīm. Mais qui a donc la faculté d’écouter ?
‘Ayn al-Qudāt ne s’arrête pas là. Dans une lettre adressée à l’un de ses étudiants, il écrit que l’on peut atteindre un « monde » au sein duquel « les chapitres du Coran sont une seule lettre, mais sans l’empreinte des lettres. » Bien qu’il ne développe pas ce point dans d’autres écrits, il nous fournit plusieurs déclarations qui apportent davantage de précisions sur ce qu’il a en tête.
Si les lettres isolées aboutissent toutes à une seule et même lettre qui ne possède ni les contours formels, ni les confins de la forme d’une lettre, à savoir son « empreinte », les lettres isolées ne possèdent elles-mêmes pas vraiment de forme, même dans leur état primordial.
C’est pour cela que ‘Ayn al-Qudāt dit que si l’on gravit les échelons de la perfection humaine, l’on finira peut-être par voir même les lettres isolées qui constituent l’ensemble du Coran dans un état plus primitif encore, celui d’un point (nuqta). Dans l’extrait qui suit, en partie identique à celui que nous venons de citer, il expose sa position :
Dans le monde du mystère, ces lettres sont appelées « indifférenciées », ou encore « lettres de l’alphabet ». Ô cher ami! Je veux dire par là que dans le monde du mystère, les lettres reliées — ce que les gens appellent l’ « alphabet » — sont toutes déliées. Ils imaginent que [Allâh suscitera] des tenants qu’Il aime et qui L’aiment (Coran 5:54) est relié. Lorsque, de derrière le voile, l’on émerge de soi et lorsqu’ainsi la beauté elle-même s’offre à notre vue dans les lettres déliées, le verset se présente ainsi, si l’on est novice : Yā, Hā, Bā, Hā, Mīm. Lorsque l’on atteint une dimension supérieure, toutes les lettres deviennent un point.
Sortie de soi et résurrection
Pour compliquer davantage les choses, du moins en apparence, ‘Ayn al-Qudāt déclare explicitement, dans un autre contexte, que les lettres isolées ne reviennent non pas à former un point unique, mais plusieurs points (nuqat).
Sans s’aventurer trop avant dans l’exploration du rôle unique que les « points » jouent dans la cosmogonie et dans l’anthropologie de ‘Ayn al-Qudāt, l’on peut cependant noter ici qu’il n’y a pas de contradiction entre ses deux images illustrant ce à quoi les choses « ressemblent » lorsque nous émergeons « hors de nous-mêmes » et au-delà des lettres isolées. Il nous permet plutôt d’avoir accès aux deux modes dans lesquels le voyageur rencontre la forme originelle des lettres isolées, oscillant inévitablement entre l’état de concentration (un point unique) et celui d’expansion (plusieurs points).
Au-delà de ces points, ‘Ayn al-Qudāt maintient qu’il existe quelque chose de plus originel et plus primordial encore. Si l’âme continue de s’élever, l’homme émerge du « monde du mystère » pour gagner le « monde de la certitude » (‘ālam-i yaqīn). ‘Ayn al-Qudāt nous explique que « lorsque, de sous un autre voile, le chemin nous est montré », que l’on a déchiré les voiles de séparation, et que l’on a transcendé les nombreux niveaux de l’existence illusoire, « les points sont également oblitérés. »
Le monde de la certitude correspond à un niveau plus avancé de ce que ‘Ayn al-Qudāt, comme nous l’avons vu, désigne par le phénomène de « sortir » de soi — ce que les soufis appellent annihilation (fanā’) et oblitération (mahw). Dès lors, il ne reste ni les points ni l’ « individu », car toute chose est réduite à néant :
« Hélas! Dans le monde de la certitude le voyageur voit sa personne oblitérée et voit en Dieu l’Oblitérateur : Allâh efface et confirme ce qu’Il veut (Coran 13:39). »
C’est précisément à cet instant que le voyageur parvient à comprendre le Coran, car c’est alors que ses rayons lumineux consument complètement les ombres obscures qui sont nécessairement produites par le monde dichotomique du récitateur et du récité, du lecteur et de l’écrit. À ce niveau, nous ne pouvons parler que de ce qui est récité, et de ce qui est écrit. Le niveau d’oblitération dans lequel il ne reste rien d’autre que les points nous emmènent en présence de la Totalité qu’est le Coran, où ne subsistent qu’ouïe et écriture primordiales :
Lorsque le lecteur parvient au Livre — Chez Lui est la Mère de l’Écriture (Coran 13:39) — il est arrivé aux significations du Coran. La beauté de l’éclat du Coran efface sa personne au point que ni Coran, ni récitateur, ni Livre ne demeurent. Bien plutôt, tout est le récité, tout est l’écrit.
‘Ayn al-Qudāt avance également que cette oblitération de l’âme ne constitue, pour le voyageur accompli, que la première phase du cheminement vers le Coran. Ceux qui, comme ‘Ayn al-Qudāt, ont vu leur égo s’éteindre et ont été ressuscités avec une audition divinement orientée, sont même en mesure de voir au-delà de l’encre « noire » du Coran :
À travers le monde, quand les gens lisent le Coran, c’est la partie noire du parchemin (mushaf) qu’ils lisent; mais quand je le lis, c’est la partie blanche que j’observe. C’est Nous qui avons réparti entre eux leurs moyens de subsistance dans l’ici-bas (Coran 43:32) ; Et Allâh a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres en moyens de subsistance (Coran 16:71).
À un autre endroit, ‘Ayn al-Qudāt nous indique que la « blancheur » qu’il a à l’esprit n’est autre que la lumière (nūr). L’on ne peut apercevoir cette lumière qu’une fois que l’on a quitté l’obscurité de sa propre existence illusoire. Nous sommes donc amenés à considérer une dimension primordiale de la vision coranique de ‘Ayn al-Qudāt, que l’on pourrait qualifier de doctrine d’affirmation ou de subsistance (baqā’) dans le Coran :
Hélas ! Nous ne voyons dans le Coran que des lettres noires et du papier blanc ! Lorsque tu es dans l’existence, tu ne peux voir que du noir et du blanc. Lorsque tu sortiras de l’existence, la Parole de Dieu oblitèrera ta propre existence. Puis, de l’oblitération, tu seras mené à l’affirmation. Une fois que tu auras atteint l’affirmation, tu ne verras plus de noir—tout ne sera que blancheur, et tu réciteras : Chez Lui est la Mère de l’Écriture (Coran 13:39).
En tant qu’individu incarné, l’âme accomplie revient, après avoir été oblitérée par la Parole Divine, pour lire le Coran, et elle ne constitue alors pas un lecteur entièrement étranger mais une personne qui est elle-même mystérieusement absente des pages qu’elle récite, tout en y étant également inscrite. Il n’y a ici de place ni pour les ombres obscures, ni pour quelque forme que ce soit : seules demeurent la lumière et l’absence de contours. Autrement dit, toute noirceur est vaincue, et l’on ne voit plus que la blancheur.
Les étapes d’un cheminement spirituel
Dans ce chapitre, nous avons mis en évidence les aspects principaux de la vision coranique unique de ‘Ayn al-Qudāt en se concentrant sur l’importance qu’il accorde à (1) le caractère englobant du Coran, (2) la notion de « dignité » coranique, (3) la compréhension du Coran, et (4) le fait d’ « entendre » le Coran. Cette présentation nous a permis de poser le cadre nécessaire à l’exposition de (5) la vision des lettres isolées développée par notre auteur, ainsi que de ce qui en découle, à savoir (6) la discussion des implications pratiques et théoriques de sa vision.
Bien que ‘Ayn al-Qudāt ne semble pas avoir influencé la tradition hurūfī de façon univoque, l’on peut constater que sa théorie des lettres isolées a été clairement développée dans les écrits coraniques du célèbre philosophe et mystique Mullā Sadrā (m. 1640).
Il semble que l’on puisse avancer que la théorie des lettres isolées n’a pas de précédent textuel explicite. Cependant, elle comporte des ressemblances intéressantes avec le traitement des lettres isolées que l’on retrouve chez le grand soufi andalou, également commentateur du Coran, Ibn Barrajān (m. 1141). Ce dernier conçoit aussi les lettres isolées comme la représentation d’un aspect plus primordial, plus céleste du Coran, qui en concentrerait l’intégralité du texte écrit.
Néanmoins, il existe une question sur laquelle Ibn Barrajān diffère clairement de ‘Ayn al-Qudāt: ce dernier pense que les lettres isolées proviennent de points non différenciés, tandis qu’Ibn Barrajān n’assigne aucune fonction aux points dans son traitement des lettres isolées.
Il est possible que l’étude de ces lettres par ces deux auteurs ait été inspirée par des discussions plus anciennes dans les domaines de la théologie islamique et de l’exégèse du Coran consacrés à la nature de la descente du Coran. Cependant, il est plus probable que ‘Ayn al-Qudāt, tout du moins, ait eu comme source d’inspiration directe la calligraphie arabe, dans laquelle les lettres sont formées à partir de points initiaux. Certains soufis les voient comme la représentation de l’immanence émergeant de la transcendance, ou de la multiplicité émergeant de l’unicité.
Mohammed Rustom