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samedi 23 novembre 2024

Démission de l’Union internationale des oulémas musulmans : le Qatar a-t-il fait pression sur Raïssouni ?

Ahmed Raïssouni.

Le prédicateur et savant musulman marocain Ahmed Raïssouni a annoncé sa démission de la présidence de l’Union internationale des savants musulmans dans un communiqué publié ce week-end. Ses propos appelant au djihad contre l’Algérie et la Mauritanie avaient choqué plusieurs pays de l’organisation. Mizane.info fait le point.

Des propos graves qui ont mis le feu aux poudres. Les déclarations du prédicateur marocain Ahmed Raïssouni, jusque-là très respecté dans les milieux conservateurs musulmans, ont défrayé la chronique. Dans une interview accordée au site Blancapress, celui qui était jusqu’à peu président de l’Union internationale des savants musulmans, s’est prononcé en faveur d’un retour aux frontières du Maroc d’avant la colonisation européenne.

Le Sahara occidental, une invention coloniale pour Raïssouni

En plein contexte de reprise du conflit sur l’autodétermination du Sahara occidental, une partie du désert que revendique le Maroc, le religieux marocain a exprimé sa position historique sur la territorialité du Maroc.

« Personnellement, je me revendique de l’héritage de Allal El Fassi et je ne m’en suis jamais caché. L’existence même de la Mauritanie est une erreur. Le Maroc doit revenir à ses frontières d’avant la colonisation européenne. Si le lien qui unit les populations du Sahara au Royaume est celui de l’allégeance, celle des tribus mauritaniennes envers le Trône est également établie », avait déclaré Ahmed Raïssouni. Ce dernier estime que le Sahara occidental est une invention colonialiste destinée à priver le Maroc d’une partie de ses ressources.  « Malheureusement, a-t-il poursuivi, des pays frères, tout aussi arabes et musulmans que le Maroc, ont été complices de cette tentative de division en soutenant et en adoptant cette pure vue de l’esprit », cité par le 360.

Un djihad contre l’Algérie et la Mauritanie

Le durcissement de la question du Sahara occidental et du soutien algérien au Front du Polisario, l’entité politique qui réclame la souveraineté sur ce territoire, ont poussé le savant marocain à aller plus loin, en appelant au djihad.

« Au Maroc, nous sommes 35 millions, et le peuple marocain est prêt au jihad et à la mobilisation, ses Oulémas en premier, que ce soit par les moyens financiers ou le sacrifice de soi, pour en finir avec les espoirs de ceux qui veulent couper le pays de son Sahara (…) comme cela a été le cas pour la Marche verte, nous sommes prêts, et nous serons des millions à marcher sur Tindouf si le Roi nous le demande (…) Le Maroc doit redevenir comme avant la colonisation européenne, dont la Mauritanie ne faisait pas partie », a-t-il poursuivi.

Ces propos ont provoqué l’ire de l’Algérie. Via la bouche du président de l’Association des oulémas algériens Abderrazak Guessoum, les Algériens ont annoncé le gel de leur participation à l’Union. « Nous reprendrons cette activité qu’une fois des excuses claires, nettes et précises sont prononcées par le concerné (Raïssouni) ou sa démission pure et simple de cette responsabilité », a déclaré Abderrazak Guessoum, le 21 août à la chaîne 3 de la Radio nationale.

La réaction des savants musulmans mauritaniens a été plus austère. « Ce type d’appels portent atteinte à la souveraineté de la Mauritanie et ne suscitent pas la satisfaction des frères au Maroc », a indiqué l’association nationale des savants musulmans mauritaniens, ajoutant que « notre respect pour les frères du Royaume du Maroc ne peut se faire au détriment de la souveraineté mauritanienne ».

Le Qatar aurait réclamé le départ d’Ahmed Raïssouni

De son côté, Ahmed Raïssouni persiste et signe, et a annoncé sa démission de la présidence de l’Union internationale des savants musulmans.

« Fidèle à mes positions et opinions, fermes et intransigeantes, et afin d’exercer ma liberté d’expression, sans condition ni pression, j’ai décidé de présenter ma démission de la présidence de l’IUMS », explique-t-il dans un communiqué publié ce dimanche 28 août.

Mais selon le site Algérie patriotique, sa démission serait le résultat des pressions du Qatar, pays fondateur de l’organisation musulmane sous la présidence de Youssouf al Qaradaoui.

« Des sources proches du dossier assurent qu’il a bel et bien été sommé de quitter sa fonction par les Qataris, alors qu’il voulait s’y accrocher jusqu’au bout, après la controverse qu’il a générée et les appels à son éviction qui ont suivi ses propos irresponsables », écrit le média algérien.

En tous les cas, cette dernière affaire illustre une nouvelle fois la dégradation des relations algéro-marocaines, après l’intensification de la normalisation des relations marocaines avec Israël et le soutien algérien au Front Polisario. Une dégradation qui pourrait s’étendre à la Tunisie dont le chef d’état, Kaïs Saïed vient de recevoir à son tour un dignitaire de l’organisation politique sahraouie, déclenchant le rappel de l’ambassadeur marocain à Tunis.

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