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samedi 23 novembre 2024

Finance : l’hypothèque islamique connaît un essor au Canada

Finance : l'hypothèque islamique connaît un essor au Canada Mizane.info

L’un des produits les plus connus de la finance islamique sans intérêts bancaires fait son entrée au Canada. Focus sur les avantages et les inconvénients de « l’hypothèque islamique ».

Si certains avis juridiques (fatawas) autorisent le recours au prêt à intérêt, pour l’achat d’une maison par exemple, estimant que l’interdiction du riba ne correspond pas stricto sensu à la pratique du prêt bancaire à intérêt, la prohibition de ce dernier reste néanmoins en usage dans la plupart des pays musulmans. Le concept de finance islamique a été donc conçu comme une réponse et une forme d’alternative à l’intérêt bancaire. L’hypothèque islamique en fait partie. En quoi consiste-t-elle ?

Zuhair Naqvi l’explique dans les colonnes de radio-canada.

« Le Canada a environ 20 ans de retard en matière de finances islamiques »

« Des frais sont imposés, plutôt que les intérêts ajoutés à une hypothèque habituelle. Le prêteur peut rester propriétaire de la maison jusqu’à ce que l’emprunteur ait remboursé l’hypothèque, qui est repayée sous la forme d’une location à long terme, par exemple. Les sources de financement d’une hypothèque islamique doivent être halal. Le prêteur ne peut pas saisir la propriété en cas de non-paiement, contrairement à une hypothèque traditionnelle »

De quoi séduire de nombreux foyers qui souhaitent devenir propriétaires. De fait, l’offre de ce produit connaît actuellement une forte croissance malgré le nombre limité d’institutions financières à le proposer.

Zuhair Naqvi, fondateur de la compagnie Eqraz à Oakville, a émigré du Qatar vers l’Ontario (Canada), précisément pour promouvoir ce produit. La demande est forte, même sans beaucoup de publicité, explique-t-il. « Le Canada a environ 20 ans de retard en matière de finances islamiques comparativement à d’autres pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni. »

De nouvelles institutions émergent

Abdullah Mohiuddin fait partie de ces Canadiens d’Edmonton dans l’Alberta qui ne parviennent pas à accéder à la propriété en raison de l’interdit des prêts bancaires.

« Même si le taux d’intérêt est très bas, même de l’ordre de 0,1 %, si c’est plus que zéro, on ne peut pas faire affaire avec les banques conventionnelles. »

Face à la demande, de nouvelles institutions sont donc en train d’émerger. La Canadian Halal Financial Corporation créée fin 2021 en fait partie.

Affiche publicitaire du site de la Canadian Halal Financial Corporation.

Dirigée par Thomas A. Lukaszuk, ancien ministre de l’Emploi et de l’Immigration et de l’avocat John Stainton, l’entreprise agit en coordination avec la mosquée Al-Rashid. Les opérations et les contrats de la Canadian Halal Financial Corporation sont contrôlés et certifiés par un comité d’experts de la loi islamique dépêché par la mosquée.

D’après l’imam Mahmoud Omar, les contrats pour être conforme aux standards de l’éthique islamique « doivent se faire entre partenaires, vendeurs et acheteurs, et ne pas impliquer de tierces parties. » « On ne peut pas juste dire « je vais te prêter de l’argent et je vais devenir plus riche. Tu fais ce que tu veux avec, mais tu me le redonnes avec des intérêts ». L’Islam interdit cela et promeut plutôt un sens de communauté et de partenariat », explique-t-il à Radio Canada.

Les règles de « l’hypothèque islamique »

Les hypothèques islamiques ne sont pas calculées en fonction d’un taux d’intérêt mais de frais fixes mensuels, échelonnés sur des années. Le client est seul propriétaire de la maison. « Lorsqu’un client est en défaut de paiement avec une banque traditionnelle, explique Thomas A.Lukaszuk, la banque reprend possession de la maison et la revend. Elle va payer ta dette et, si jamais il reste quelque chose pour vous, tant mieux. Nous ne pouvons pas faire ça. »

En cas de litiges, la Canadian Halal Financing Corporation organise une rencontre avec le propriétaire et un imam de la mosquée pour rechercher une solution. Proposer au propriétaire de revendre sa maison est la solution la plus courante.

Mais ce type de produit de la finance islamique demeure néanmoins plus cher que l’hypothèque traditionnel.

« Le financement halal est un peu plus coûteux qu’une hypothèque traditionnelle, c’est vrai. Cependant dans le contrat, vous avez beaucoup plus d’avantages », juge l’imam Mahmoud Omar.

La Canadian Halal Financial Corporation indique par exemple sur son site Internet qu’une maison de 100 000 $ peut se financer par des paiements mensuels de 637,43 $ pendant 25 ans. Ce qui fait un montant total de…. 191229 $ ! Malgré cet écart financier important, la Canadian Halal Financial Corporation a déjà reçu 200 demandes de financement.

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