En cette veille de Ramadan, quelles sont les pensées et les questionnements qui nous habitent ? Comment aborder cette période avec sérénité et être à la hauteur de cette traversée spirituelle unique au monde ? Dans sa dernière chronique, Khalid Mossayd partage avec nous quelques réponses. A lire sur Mizane.info.
Certains attendent le Ramadan avec impatience, d’autres le redoutent. Les impatient(e)s sont celles et ceux qui attendent ce rendez-vous spirituel au cours duquel tout s’aligne : le dialogue avec Dieu, le rythme des prières, les instants de méditation, le partage, la générosité et des moments de paix uniques. Et puis il y a celles et ceux qui redoutent de faire face, ou plutôt, qui redoutent de ne pas être à la hauteur, celles et ceux qui finissent par se culpabiliser alors qu’ils n’ont même pas fait le premier pas. Double culpabilisation, double jugement parfois.
En même temps qu’ils se culpabilisent, d’autres viennent, comme sortis du buisson, en leur assénant un dernier coup de massue pour leur murmurer : « Cela ne sert à rien. Tu n’es pas à la hauteur. Tu n’es qu’un(e) hypocrite. » Toute l’année ta vie c’est Las Vegas et pendant le Ramadan tu veux te téléporter à La Mecque ? N’y pense pas ! Hypocrite ! Est-ce cela le discours de la foi et de la paix ? Non ! Vraiment pas ! C’est comme si tu étais assoiffé dans un désert et qu’au-loin tu voyais une oasis… Arrivé(e) près du puits pour boire on te dit : « Non ! Toi tu ne boiras ! »
Oublie les hommes qui condamnent. Un Être Suprême bien au-dessus d’eux te dit : « Fais un pas vers moi, j’en ferai dix ». Il ne t’en demande pas deux ou trois. Seulement un.
Pendant des années, j’écrivais à tort que le mois de Ramadan était le mois de la privation. Il est plutôt le mois de la rencontre, avec toi-même. Tu refais connaissance avec toi-même et tu prends conscience de tes manques, de tes dépendances et de tes échecs.
Oui, tu vas jeûner et Oui, à des moments ce sera difficile. De quoi dépends-tu ? De ce café que tu ne prendras plus le matin ou aux heures que tu veux ? De cette nourriture dont tu ne peux pas te passer ? De ces colères que tu as du mal à maîtriser ? Ou de ces pulsions intimes que tu n’arrives pas à dominer ? C’est ton corps et ses tremblements. C’est ton âme et ses questionnements. C’est ton coeur et la paix à laquelle tu dois l’inviter.
Alors ce soir, n’hésite pas… Dans l’intimité de tes manques… Sans personne pour te voir ou te juger… N’hésite pas à prier à demi-mot et à parler à Celui qui entend ce que personne ne peut entendre. Tu es à mi-chemin. Mets-toi en route. Commence ta quête, parce que demain sera sûrement le début d’une histoire que tu ne pourras écrire qu’avec ton coeur, une plume invisible. Dieu t’a déjà dicté les mots dans un livre avec lequel tu vas faire connaissance, des versets que tu auras l’impression de lire pour la première fois…
Bon Ramadan à toutes et à tous.
Khalid Mossayd
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