Sur la base d’un arrêté municipal réglementant le fonctionnement d’un parc de loisirs, le maire de Lorette, dans la Loire), y interdit l’accès aux femmes voilées ou en burkini. Une grave dérive qui n’est pas la dernière en date pour l’élu en place depuis 1989. L’an dernier, Gérard Tardy avait déjà recommandé aux musulmans de sa commune de faire le ramadan « sans bruit ».
Depuis son inauguration à Lorette, vendredi 23 juin, le Parc de loisirs des Blondières dont la superficie avoisine les 4000 m2 avec deux bassins de baignade a créé la polémique. Le règlement d’accès à ce lieu payant prévoit en effet des conditions drastiques d’entrée. « Les usagers doivent avoir une tenue décente et une attitude correcte. Dans l’eau, seul le maillot de bain est autorisé : slip ou boxer pour les hommes, une pièce ou 2 pièces pour les femmes. Sur la plage sont autorisées les casquettes, chapeaux, paréos, tee-shirts, shorts de plage (…) sont interdits, monokini, burkini, voile dissimulant partiellement ou totalement le visage, combinaison. (…) Tout manquement à cette disposition implique l’expulsion immédiate (pouvant couvrir toute la période d’ouverture saisonnière) des contrevenants par le personnel de surveillance, de sécurité ou au besoin par la force publique », est-il mentionné à l’article 4. Une décision visiblement discriminatoire et qui devrait être déboutée par la Justice. En 2016, le Conseil d’Etat avait déjà suspendu un arrêté municipal anti-burkini pris par la ville de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) en l’absence de « risques avérés » de troubles à l’ordre public.
Gérard Tardy et les enfants « de souche musulmane »
Pour les habitants de cette commune du Loire, ce n’est toutefois pas une surprise. En 2016, le maire Gérard Tardy s’était illustré par des messages municipaux islamophobes affichés en tête de mairie stipulant que « Le ramadan doit se vivre sans bruit », et que « La République doit se vivre à visage découvert ».
Sur un total de 37 participants, 5 enfants sont de souche latine et 32 sont de souche musulmane
Quinze ans plus tant, en 2001, Gérard Tardy, dans un bras de fer avec le centre de loisirs de sa ville, évoquait, dans un courrier, la population de jeunes en ces termes : « Sur un total de 37 participants, 5 enfants sont de souche latine et 32 sont de souche musulmane ». Interrogé par France Bleu, le porte-parole de la grande mosquée Mohammed VI à Saint Étienne Aldo Oumouden a manifesté sa réprobation et son inquiétude. « Monsieur Tardy (…) doit se réveiller : la France est multiculturelle. Vouloir interdire le voile sur ce plan d’eau est une atteinte à la liberté individuelle des musulmans (…) Il ne se rend pas compte que cette décision va encore augmenter la stigmatisation. Elle est non seulement inutile mais également dévastatrice pour le vivre ensemble. »
Deux associations portent plainte
La Maison des Potes 42 et l’association Aide aux démarches administratives (ADASLCD) ont annoncé dans un communiqué porter plainte contre le maire et entendent « exercer toutes les voies de recours possibles pour que le règlement intérieur du site « Baignade Naturelle de Lorette » soit conforme à la législation ». « Mr Gérard Tardy, le maire de cette commune en interdit totalement l’accès à une frange de la population féminine musulmane (…) Nous interpellons Monsieur le Préfet de la Loire, Monsieur le Procureur de la République, Monsieur le Président de Saint-Etienne Métropole pour que cesse cette situation de rejet discriminatoire qui est contraire à tous les principes qui fondent la République », ont précisé les associations dans un communiqué cité par Saphirnews.
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