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jeudi 21 novembre 2024

Ahmad Kanté : la franc-maçonnerie est-elle soluble dans l’islam ?

Rama. 

Ahmad Kanté est un imam, écrivain et conférencier sénégalais. Dans une tribune publiée par Mizane Info, suite à l’annulation à Dakar d’un rassemblement de francs-maçons consécutive à un collectif musulman qui y était opposée, Ahmad Kanté se saisit de l’occasion pour aborder la question de la compatibilité ou non d’un engagement islamique au sein la franc-maçonnerie.

L’objet de cette contribution n’est pas de donner une position sur le bien-fondé ou non de l’interdiction de la rencontre qui était planifiée pour être tenue à Dakar, ce mois de février 2018. Nous en tirons prétexte pour examiner la question de fond, à savoir : en quoi la franc-maçonnerie et les autres organisations similaires, plus ou moins secrètes, sont-elles compatibles avec les enseignements de l’islam ? A cette fin, il convient, dans notre démarche, d’appliquer les principes éthiques de l’islam au sens d’être juste envers autrui et de s’en limiter à ce que l’on sait. Donc, nous nous efforcerons d’éviter de baser notre argumentaire sur la base de rumeurs et autres considérations qui peuvent être vraies mais sur lesquelles nous n’avons pas de preuves irréfutables. En outre, nous avons choisi de ne pas nous appesantir sur des questions presque insolubles sur l’origine de la franc-maçonnerie et des sociétés similaires pour nous prononcer juste sur des sujets suffisamment lisibles pour être discutés de façon claire et pertinente.

De ce qu’on peut savoir de la franc-maçonnerie et des organisations similaires

Comme déjà dit dans l’introduction, il est très difficile voire impossible de remonter avec certitude jusqu’aux sources de la franc-maçonnerie et des organisations similaires tellement elles sont marquées par différentes influences et ont eu à prendre des visages et des noms divers selon les époques. Toutefois, de la littérature et des communications publiques de membres de ces organisations, on peut retenir des informations fort instructives pour éclairer notre lanterne sur ce sujet. Pour la franc-maçonnerie, il semble que c’est au XVIIe siècle qu’elle connait une certaine visibilité en Europe (Ecosse et Angleterre) alors que des « légendes » la font remonter à la construction du temple de Salomon, à celle de l’arche de Noé ou des pyramides d’Egypte. Après, c’est le flou sur son évolution, son organisation, ses tendances, ses moments de confiance, de peur, d’apparition publique, de clandestinité, etc. Tout cela fait que certains ont tendance à voir l’influence maçonnique partout comme une pieuvre dont les tentacules s’étendent en tout lieu et s’accaparent de tous les esprits et mouvements philosophiques et sociaux dans le monde. Bien sûr que cette prétendue mainmise carcérale de la franc-maçonnerie sur les esprits « intelligents » qui pourraient influencer le monde est fausse étant donné qu’il y a eu et qu’il y a des critiques et oppositions farouches à la franc-maçonnerie partout dans le monde, en Europe de la part de l’Eglise, des communistes et du monde musulman. En Angleterre, il était demandé aux frères maçonniques de s’identifier s’ils appartenaient à certains corps de l’Etat ! Tout cela suppose une certaine liberté et méfiance à l’égard de ce courant de pensée ainsi que de son influence supposée ou vraie sur le monde. On sait aussi que la franc-maçonnerie est organisée en loges, obédiences, ateliers, temples, se distingue par des gestuelles, des symboles et outils (compas, équerre, etc.,) ainsi que des tenues, et des grades (maitre, grand-maitre, etc.) et sa façon d’aborder et de recruter des membres par cooptation ou parrainage. La question de fond, pour ne pas rester à la surface des choses et sur les moyens, est bien sûr de savoir quels sont les soubassements philosophiques voire mystiques de ces caractéristiques distinctives des francs-maçons. Et dès qu’on se pose ce genre de questions, il devient inévitable de chercher à savoir en quoi la franc-maçonnerie est-elle compatible avec l’islam qui enseigne à sa manière un mode de croire, de penser, de vie, qui a ses articles de foi, ses symboles, ses pratiques, ses lois, sa morale, ses domaines du licite et de l’illicite en tant que « manhaj lil hayât » (mode de vie). On peut en dire de même pour les organisations que nous avons qualifiées de similaires à la franc-maçonnerie en ce qu’elles se ressemblent à plus d’un égard.

De l’incompatibilité de la franc-maçonnerie et des organisations similaires avec l’islam

Nous pensons avoir été suffisamment clair au sens où ce qui importe le plus dans cette discussion, c’est de voir en quoi la posture maçonnique et autre similaire si tant est-il qu’on puisse en savoir quelque chose de suffisamment lisible, est—elle compatible ou non avec l’islam. A cette fin, il est utile de rappeler les constituants fondamentaux de l’islam sur la base non pas de grands et fastidieux développements théologiques mais plutôt du fameux hadith que la littérature musulmane a consacré sous l’intitulé de « hadîthu Jibrîl – paix sur lui ». Dans ce hadith rapporté par le calife Omar ibn al-Khattâb, l’ange Jibrîl (paix sur lui) sous une forme humaine, s’assied à côté du prophète Muhammad (paix sur lui). Puis, il lui pose trois questions : qu’est-ce que l’islam, l’îmân et l’ihsân. Le Prophète (saws) répondit que : l’islam consiste à attester qu’il n’y a de dieu qu’Allah et que Muhammad est un messager de Dieu, d’accomplir la Salât (cinq prières quotidiennes), de donner la Zakât (l’aumône légale), de faire le pèlerinage pour qui en a la capacité (le Prophète – saws – donne ici la dimension cultuelle de l’islam) ; que l’îmân (foi) consiste à croire en Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses prophètes, au jour dernier, et au décret prééternel en bien et en mal ; que l’ihsân consiste à adorer Dieu comme si tu le vois car si tu ne le vois pas, Lui te voit.  La question est : en quoi cette double attestation de foi, ces 6 articles de foi, et cette conception de l’ihsân sont compatibles avec les croyances et pratiques maçonniques, y compris celles des organisations similaires. Un franc-maçon sincère et cohérent avec sa philosophie peut-il croire que ce à quoi il croit est en phase, ne pose pas de problème, est conciliable avec ce à quoi croit un musulman ? La question inverse se pose aussi.

Si le franc-maçon considère qu’il revient pleinement à l’humain et de façon autonome par rapport à ce qui est appelé révélation dans la tradition abrahamique, de se donner sa propre vérité et sa propre loi dans tous les domaines de la vie, comment le musulman pourrait-il trouver une telle posture légitime alors qu’il croit que la raison humaine seule ne suffit pas à le guider au vrai, au bien, au juste et au beau ?

La compétition entre la franc-maçonnerie, les organisations similaires et l’islam est d’autant plus farouche que l’islam se veut un mode de croire et de vie complet (shumûliyyah) qui tire sa légitimité et sa vérité de la révélation divine infaillible (Rabbâniyah) dont les sources fondamentales sont le Coran et la sunna du sceau des prophètes Muhammad (saws). Dans ce cadre, le franc-maçon qui cherche à recruter un musulman essaiera forcément de le convaincre à épouser la philosophie maçonnique ainsi que ses pratiques, ses outils, son mode d’organisation, ses réseaux et ses positions sur la question de Dieu, de la révélation, du phénomène prophétique, du statut de la raison, sur des problématiques sociétales, éthiques, économiques, politiques, citoyennes, d’identité sexuelle, de relation de genre, de fin de vie, de l’âme, de la résurrection, de modèle familial, de procréation assistée, d’avortement, de laïcité, de droits humains, d’environnement et de changement climatique, de développement, etc. Ce faisant, ce franc-maçon recruteur oblige le musulman sincère et cohérent avec sa foi à déterminer sa position sur toutes ces questions. Et c’est là qu’il fera face à des incompatibilités irréductibles ne serait-ce que parce-que ses croyances, attitudes, comportements, engagements et pratiques sont supposés être le résultat de ce qui ressort de la double guidance que sont le Coran et la tradition prophétique. Comment pourra-t-il concilier les postures authentiquement maçonniques avec sa double attestation de foi et les exigences et implications des enseignements et pratiques de l’islam ? Comment peut-il être à l’aise de subir l’initiation maçonnique alors que cela suppose nécessairement une croyance ou une philosophie, des finalités, des moyens et des attendus qu’il (le musulman) devrait soumettre au prisme de l’islam ? S’il ne le fait pas, soit il ne connait pas suffisamment l’islam soit il connait déjà le résultat de cet incontournable exercice. Si le franc-maçon considère qu’il revient pleinement à l’humain et de façon autonome par rapport à ce qui est appelé révélation dans la tradition abrahamique, de se donner sa propre vérité et sa propre loi dans tous les domaines de la vie, comment le musulman pourrait-il trouver une telle posture légitime alors qu’il croit que la raison humaine seule ne suffit pas à le guider au vrai, au bien, au juste et au beau ? De tout cela découle l’impasse que constitue toute tentative de réaliser la coordination « être musulman et franc-maçon » ou l’inverse.

Les cause de l’entrée de musulmans dans la franc-maçonnerie

Mais alors, se pose la question de ce qui peut conduire qui se dit musulman à adhérer à la franc-maçonnerie ou aux organisations similaires. Ce peut-être par pur opportunisme, ce qui est déjà une sortie de la morale musulmane qui enseigne l’obligation de sincérité et de véracité, alors que qui fait un tel choix se ment à lui-même et à ses soi-disant frères francs-maçons. Ces derniers qui pourraient s’en rendre compte d’ailleurs, peuvent le laisser faire pour un temps et l’exclure (l’excommunier) quand il ne sera plus fidèle à leurs idéaux et autres options d’une manière ou d’une autre. Bien sûr que la motivation opportuniste sera des « intérêts » ou des « avantages » de toutes sortes dont les francs-maçons auraient le secret. Nous n’avons pas jugé utile de citer certains de ces avantages que tout un chacun peut deviner pour ne pas contribuer à susciter un désir d’adhésion à la franc-maçonnerie. Il se trouve que le musulman qui succombe à l’opportunisme a fait l’option d’un vice moral et spirituel parmi ceux que l’islam condamne le plus, à savoir : l’hypocrisie du cœur à laquelle sont associés tous les mensonges « nécessaires » : il ment en prononçant les paroles qui lui sont « dictées » lors du parcours initiatique, il ment en accomplissant la gestuelle maçonnique, il ment à son entourage musulman…

Ahmadou Makhtar Kanté.

Quoiqu’il obtienne de son adhésion opportuniste à la franc-maçonnerie et aux organisations similaires, ce musulman si tant est-il qu’il continue de se réclamer de ce statut, est gravement malade du cœur : « Ils cherchent à tromper Dieu et ceux qui croient mais ils ne trompent qu’eux-mêmes et ne s’en rendent pas compte. Leurs cœurs sont minés par une maladie, et Dieu en a rajouté et ils auront un châtiment douloureux pour avoir menti » (Coran 2 : 9-10). De plus, le musulman préposé à la franc-maçonnerie ou aux organisations similaires remet en cause nombre d’exigences qui découlent de la foi aux attributs de Dieu au sens du « Tawhîdur rubûbiyah ». Selon cette dimension de la foi en l’Unicité de Dieu (Tawhîd) en islam, il est obligatoire de croire que seul Dieu est le maître du monde, que c’est Lui seul qui dispense les biens à qui, quand et comme Il veut. Croire qu’une créature, quelle qu’elle soit peut se substituer à Dieu et devenir l’auteur des biens (ar-razzâq – Celui qui pourvoit aux besoins des créatures, al wahhâb – Celui qui donne aux créatures) dont nous sommes les bénéficiaires met de facto le concerné dans une posture d’associationnisme majeure. Une telle attitude de chirk akbar consiste à attribuer à autre que Dieu, quel qu’il soit, ce qui revient exclusivement à Dieu : « A Lui appartient ce qui est dans les cieux et sur terre » (Coran 16 : 52) ; « C’est à Dieu qu’appartiennent les trésors des cieux et de la terre, mais les hypocrites, eux, ne le comprennent pas » (Coran 63 : 7) ; « Or chaque fois que Zacharie entrait dans le sanctuaire, il trouvait près d’elle de la nourriture. ‘Ô Marie ! D’où cela te vient-il ? lui demandait-il. Cela est de Dieu, car Dieu dispense Ses biens à qui Il veut, sans compter !’ » (Coran 3 :37).

« Qui peut savoir ne peut se prévaloir de l’excuse de l’ignorance »

Une deuxième cause d’entrée en franc-maçonnerie ou dans les organisations qui ont des philosophies similaires peut être un moment de vulnérabilité personnelle (toutes sortes de frustration dont le désir d’avoir plus, tout de suite), sociale (appartenance à un groupe défavorisé, difficultés financières, attente ou perte d’emploi, stages répétitifs sans recrutement, incapacité à prendre en charge des problèmes de famille aigus tels que maladies lourdes des parents, logement décent et factures y associée) ou morale (considérer que le bien, le mal, le vrai, le faux) sont des valeurs devenues obsolètes étant donné que personne ou la majorité des gens ne les respecte plus et succomber à la tyrannie du combien et du paraitre) dont savent profiter tous les agents recruteurs francs-maçons ou non. Une troisième cause peut être l’ignorance des détails au sens où le musulman est abordé par un franc-maçon ou un adepte d’une organisation similaire beau parleur qui le convainc de « rentrer » et de ne pas trop poser de questions puisque la suite se découvre dedans sur le mode « c’est par la pratique de l’initiation que tu seras suffisamment outillé pour comprendre ». Le musulman qui « entre » dans de telles conditions commet la faute de manque de vigilance et de vérification, de naïveté à l’instar de notre père Adam qui s’est laissé séduire par Iblîs se présentant à lui comme un bon conseiller : « Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché – leur nudité – leur chuchota : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou des êtres immortels !”. Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller”. Alors il les fit choir par tromperie. » (Coran 7 : 20).

En toute logique que des adeptes de la franc-maçonnerie et des organisations similaires puissent occuper des postes de haute responsabilité dans des pays musulmans pose inévitablement problème. En effet, installés dans de telles positons, leur appartenance sincère et militante à ces organisations devraient les conduire à faire passer leurs idéaux d’une manière ou d’une autre à travers les lois (la constitution et réglementations), les institutions (fond et forme) et les politiques publiques. On peut en dire autant quand ces mêmes personnes occupent des positions importantes dans des organisations internationales influentes dans la marche du monde

Cette ignorance ou pas des détails n’est pourtant pas une excuse solide car, en principe nul musulman n’est censé ignorer l’islam. La règle est : « qui peut savoir ne peut se prévaloir de l’excuse de l’ignorance ». Une quatrième cause d’entrée en franc-maçonnerie peut aussi être la suffisance au sens de se fier par moments à ses seules et propres analyses et convictions en oubliant de se faire guider par le Coran et la Sounna : « Puis, si une guidance vous vient de Ma part, quiconque la suivra ne sera ni égaré ni malheureux. Et quiconque se détournera de Mon Rappel, mènera une vie pénible et Nous l’amènerons aveugle au jour du rassemblement”. Il dira : “Ô mon Seigneur, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais ?  » Allah lui] dira : « De même que Nos Signes t’étaient venus et que tu les as oubliés, ainsi aujourd’hui tu es oublié” » (Coran, 20 : 123-126). Quant à l’argument de l’adhésion supposée ou vraie de grandes figures de l’islam à la franc-maçonnerie ou à des organisations de ce genre, la réponse inclut ceci : en islam ce sont des principes qui encadrent le comportement du musulman et non l’imitation servile d’un tel ou tel quel que soit son statut ou son savoir ; il se peut que ces prétendues adhésions soient juste de la propagande pour discréditer ces figures et démoraliser les masses qui éprouvent de l’estime pour elles ; le cas échéant, ces figures en question ne se mettent jamais à encourager les masses musulmanes à adhérer à ce genre d’organisation !

Concurrence et divergence des projets islamiques et maçons

Deux autres choses à préciser avant de proposer une conclusion. Premièrement, il est déjà problématique qu’un musulman se fasse aborder par les adeptes de la franc-maçonnerie et des organisations similaires car, lui-même en tant que témoin a un message à transmettre à la dernière Oumma. Cette dernière Oumma n’est autre que toute l’humanité qui a vécu et qui vivra depuis la révélation du Coran jusqu’à la fin de ce monde « fin des temps » (âkhiruz-zamân). Le musulman qui a compris cela n’est pas dans une option d’accepter les idéaux, l’argent, les carnets d’adresse, les réseaux, les voyages, les gris-gris, les rites d’initiation et autres pratiques de la franc-maçonnerie ou des organisations similaires mais dans le devoir d’appeler leurs adeptes à l’islam en toute sérénité et toute intelligence sans aucun recours à la coercition, la contrainte ou la violence. Deuxièmement, tout ce qui a été dit plus haut indique en toute logique que des adeptes de la franc-maçonnerie et des organisations similaires puissent occuper des postes de haute responsabilité dans des pays musulmans pose inévitablement problème. En effet, installés dans de telles positons, leur appartenance sincère et militante à ces organisations devraient les conduire à faire passer leurs idéaux d’une manière ou d’une autre à travers les lois (la constitution et réglementations), les institutions (fond et forme) et les politiques publiques. On peut en dire autant quand ces mêmes personnes occupent des positions importantes dans des organisations internationales influentes dans la marche du monde. Au total, de toutes les voies qui mènent à la franc-maçonnerie et aux organisations qui ont des philosophies similaires, plus ou moins secrètes, plus ou moins ésotériques, très riches, la plus empruntée semble être celle du « hubbud-dunyâ » (l’amour du monde et de son clinquant) : « La promesse d´Allah est vérité. Que la vie présente ne vous trompe donc pas, et que le Trompeur (Satan) ne vous induise pas en erreur sur Allah ! » (Coran 31 : 33). Mais, on peut en douter étant donné que les francs-maçons pour ne parler que d’eux ont un mode de recrutement élitiste même s’ils peuvent enrôler un jeune élève ou étudiant qui appartient à une classe défavorisée mais qui a de bonnes notes. C’est vrai, mais en général, ils recrutent parmi les cadres de partout : les politiques, religieux, forces armées, médecins, avocats et magistrats, artistes, syndicalistes, organisations de femmes, patronat, universitaires, sportifs, etc.

Le cycle infernal des désirs humains

La réponse pourrait être que ces préposés au recrutement qui ne sont pas dans le besoin matériel disons, sont dans les désirs de notoriété, de plus d’argent, de carnets d’adresse, de piston, de recommandation, de voyages, de soins de haute qualité en cas de maladie, de pouvoir mystique, politique, économique, etc. Il se trouve que ces désirs sont insatiables et ne finissent de tarauder l’âme charnelle qui se donne à eux qu’avec la mort. Ce sont ces désirs qu’Iblîs (Satan) a réussi à « allumer » chez Adam et son épouse pour leur faire d’abord admettre qu’ils peuvent être immortels, puissants et autres que de « simples » humains et puis les laisser passer à l’acte : manger partie de l’arbre interdit : « Puis le Diable le tenta en disant : “Ô Adam, t’indiquerai-je l’arbre de l’immortalité et une royauté impérissable ?”. Tous deux (Adam et Ève) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et s’égara » (Coran 20 : 120-121). Pour sa part, le musulman et la musulmane se suffisent de leur adhésion à l’islam, ce mode de croire et de vie dont ils tiennent pour vraie l’origine divine. Que l’islam vienne de Dieu comme les musulmans le croient en fait une source de vie intarissable, de quiétude ici-bas et de salut dans l’au-delà : « Ô vous qui avez cru ! Répondez à Dieu et au Messager lorsque celui-ci vous appelle à ce qui donne la vie » (Coran 8 : 24). Cet islam est celui dont l’un des derniers versets du Coran à descendre dit qu’il est le comble du bienfait (ni ‘mah) et donc de la Miséricorde que Dieu a manifestée à notre égard : « Aujourd’hui, J’ai parachevé votre religion, Je vous ai comblé de Mon bienfait et J’ai agréé pour vous l’islam comme religion. » (Coran 5 : 3) Cet islam est celui auquel tous les prophètes (paix sur eux) ont appelé toute l’humanité jusqu’au testament d’Abraham et de Jacob (paix sur eux) : « Ce fut là ce que recommanda Abraham à ses fils ainsi que Jacob : Ô mes fils ! C’est Allah qui a choisi pour vous cette religion. Ne mourrez donc point que ne vous ne soyez soumis » (Coran 2 : 132)

Ahmad Kanté

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