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dimanche 24 novembre 2024

Le peuple saoudien est une fiction

saoudien

Pour Amara Bamba, co-fondateur de Saphirnews, la guerre au Yémen et l’affaire Khashoggi ont prouvé une chose : le peuple saoudien n’existe pas ! Un billet qui égratigne au passage l’hypocrisie occidentale qui feint de découvrir la barbarie du régime.

« L’armée saoudienne tue au Yémen. Tout le monde le sait. Tout le monde se tait. Depuis 2014, plusieurs dizaines de milliers de morts, 3 millions de déplacés, 200 mille exilés, etc. Un affrontement si asymétrique que j’hésite à parler de « guerre ». Avec une coalition, les Saoudiens bombardent comme ils veulent et ça passe parce qu’ils ont la main sur le robinet, le robinet du pétrole.

Ces Saoudiens ont attiré Jamal Khashoggi dans leur consulat à Istanbul. Puis quelqu’un a dit « Bissmillah » et Monsieur Khashoggi est mort. Il ne critiquera plus le système de son pays.

D’ordinaire, la main sur le robinet, l’affaire était réglée. Cette fois, c’est différent !!

Les Saoudiens n’ont pas changé !

Amara Bamba.

Certes Jamal Khashoggi était Saoudien, mais il signait des éditoriaux au Washington Post. Mais aussi, le crime a lieu à Istanbul où le Turc Erdoĝan a besoin de cartes. Il s’accorde avec l’Américain Trump. Leurs services de renseignement offrent des vidéos aux médias. Un vrai film d’espionnage au journal de 20 heures ! Emouvant. Succès médiatique assuré !

Ainsi, les Saoudiens peuvent tuer des milliers de civils au Yémen. On continue de leur vendre des armes d’attaque. Ils condamnent leurs pauvres à mort (plus de 90 en 2014, au moins 153 en 2015 et plus de 54 en 2016). Pas si grave que ça. On leur serre la main et on évite de parler des droits de l’Homme. Etc…

Cette affaire Khashoggi lève un bout de voile sur le système saoudien. Ne soyons pas dupes. Ça n’ira pas plus loin… L’hypocrisie mène le jeu. Car ces gens n’ont qu’une main sur le robinet du pétrole. De l’autre ils peuvent bien couper des têtes, ils peuvent aussi signer des chèques à nos marchands d’armes.

Puis soudain, on hurle à l’horreur parce qu’ils ont coupé la tête à un journaliste d’Amérique dans leur consulat d’Istanbul. On veut nous dire qu’ils ont changé !! Ben non : ce sont bien les mêmes Saoudiens d’Arabie Saoudite.

La forfaiture médiatique s’acharne sur le prince Mohammed Ben Salman. Celui-là même qui ose enfin remettre en question, quoique partiellement, le système de ses pères. Il y a peu, on le couvrait de compliments dithyrambiques. Et voilà qu’on le remet en question. Cela paraît injuste mais c’est normal : il est le chef d’orchestre.

Un orchestre bicéphale avec des religieux rigoristes incontestables d’un côté. De l’autre côté, des princes et princesses naturellement héréditaires. Partis politiques : aucun. Interdits.

En ce XXIe siècle, le peuple saoudien est une fiction. Des femmes et des hommes, plus de 30 millions d’âmes. Qui mangent, qui prient, qui lisent les journaux, le Coran et regardent la télé sur Internet mais qui n’ont pas d’opinion sur la gestion de leur pays.

Pas d’opposition en Arabie saoudite

On remplit des colonnes de journaux sur le prince héritier, dans l’affaire Khashoggi. C’est facile d’exposer les conséquences et brouiller la cause. On en oublie le système qui vaut dans le pays du hajj. Un système autoritaire, capitaliste dans une société matérialiste, profondément archaïque et surtout inégalitaire où le voile du religieux masque, pour l’heure, le peu de spiritualité.

Ceux qui ont déshabillé et dépecé leur compatriote dans une baignoire à Istanbul œuvraient pour ce système. Leur message est simple : pas d’opposition en Arabie Saoudite.

Ainsi, cette affaire Khashoggi lève un bout de voile sur le système saoudien. Ne soyons pas dupes. Ça n’ira pas plus loin… L’hypocrisie mène le jeu. Car ces gens n’ont qu’une main sur le robinet du pétrole. De l’autre ils peuvent bien couper des têtes, ils peuvent aussi signer des chèques à nos marchands d’armes.

On nous amuse avec les vidéos d’Istanbul pour oublier ce qui se passe là-bas, pas très loin des sites de pèlerinage. Ce système que dénonçait Khashoggi; ce pourquoi il est mort. »

Amara Bamba

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