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jeudi 21 novembre 2024

A propos du « séparatisme »

Mizane.info publie un billet de Yannis Mahil qui revient sur les propos du président de la République Emmanuel Macron qui a évoqué dans son dernier discours un séparatisme islamique en France.

Concernant les récentes déclarations et annonces du Président de la République sur l’islam et les musulmans de France, notamment sur l’idée fantasmagorique de « séparatisme » qui n’est qu’une nouvelle façon de diffuser les idées de « grand remplacement » ou de « cinquième colonne » chères à l’extrême droite, on peut dire que le gouvernement verse encore une fois dans la surenchère et la manipulation.

En effet, jouer la carte du danger musulman à quelques semaines des élections peut sembler être une bonne option pour un gouvernement impopulaire et en crise, mais ça peut aussi fortement se retourner contre eux, car au delà de l’image négative qui est renvoyée, les Français musulmans sont aussi des citoyens actifs qui votent et participent de la vie démocratique du pays et n’acceptent pas que leur dignité soit bafouée.

Yannis Mahil.

La question des implications des États étrangers dans le culte musulman en France, principalement au niveau de financements et de l’envoi d’imams, ainsi que pour l’enseignement des langues d’origine pour les binationaux, est encore une fois de la poudre aux yeux.

En effet, derrière les grandes déclarations, la réalité est que la France dénonce les « ingérences étrangères » au gré de son propre agenda diplomatique et de manière sélective.

Ainsi, selon les circonstances, la France a promu « l’islam consulaire » marocain quand cela l’arrangeait, ou algérien quant les relations étaient meilleures avec l’Algérie, et aujourd’hui attaque la Turquie du fait des désaccords diplomatiques présents.

Et dans tout cela, les musulmans de France sont pris en otage.

Ajouté à cela, les financements étrangers ne représentent pas plus de 15 % du financement des lieux de culte musulman et cela existe pour de nombreux cultes sans que cela crée de polémiques (comme la Cathédrale orthodoxe de Paris financée à coup de millions par la Russie).

De plus, bien loin de vouloir défendre des musulmans de France pour les « libérer » de ces « ingérences étrangères », il s’agit de soumettre les musulmans en France à la tutelle de l’Etat français, en violation de la laïcité qui accorde une autonomie aux religions vis à vis de l’autorité politique.

Sur les écoles musulmanes et l’enseignement des langues étrangères qui sont aussi dans le viseur, est-ce que par réciprocité la France serait prête à abandonner ses programmes d’enseignement du français et de promotion de la France dans la plupart des pays arabes à travers les Instituts Français rattachés à l’Etat Français ?

Et de fermer les écoles françaises à travers le monde (notamment dans le monde musulman) ?

Ou alors cette prérogative d’interdire à un État tiers d’interagir avec ses citoyens (ayant souvent la double nationalité) serait le privilège unique de l’ancienne puissance coloniale ?

Cette tendance à la fois néo-gallicaniste, dans une volonté de soumettre le culte à l’Etat (en violation de la liberté de religion et l’autonomie du culte établis par la laïcité), et néo-coloniale (traiter les populations issues de l’immigration post coloniale comme un danger et des citoyens de seconde zone, dans la lignée du Bureau des affaires indigènes), est non seulement contraire aux valeurs de la République et aux droits humains, mais est surtout très dangereux pour la cohésion sociale à court terme.

Yannis Mahil

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