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lundi 23 décembre 2024

‘Achoura : s’aligner avec la lignée alignée

A l’occasion de ‘Achoura, le 10e jour de Muharram qui a marqué l’assassinat tragique du petit-fils du Prophète Al Hussayn et de sa famille sur la terre irakienne de Karbala, Mizane.info consacre une série d’articles sur cet événement majeur. Un texte extrait d’un sermon du shaykh Hamdi Ben Aissa revient sur l’importance de la connexion à la famille du Prophète (PBDSL) et inaugure ce dossier consacré à ‘Achoura.

Le jour de ‘Achoura est un jour particulier, celui de l’assassinat de l’Imam Hussein, le petit-fils du prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). A cette occasion, nous devons nous rappeler de l’importance de l’alignement avec le Prophète et de l’importance de ceux et celles qui ont été alignés avec lui, notamment ceux que l’on appelle en arabe “aali Mohammed” : la famille de Mohammed.

Le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a vu l’importance de forger un noyau de famille sain afin de créer un milieu de développement propice à faire grandir des personnalités saines, des personnes qui seront les califes, les représentants de Dieu sur terre. Et dans cet objectif, il a certes pris soin de toute sa société et de toute sa communauté, mais il s’est davantage concentré et a développé une attention particulière sur sa famille.

Il faut forcer pour forger. Non pas casser l’individu, mais forcer un peu, le pousser pour lui permettre de pousser.

Il ne s’agit pas là de l’attention du père et de la mère qui préfèrent leurs enfants aux enfants des autres, il s’agit d’une Attention Divine avec laquelle il s’était aligné. Car c’est Dieu qui a choisi les membres de la famille de Mohammed, et c’est Dieu qui a choisi de leur donner cette place là dans l’héritage prophétique. C’était donc un alignement avec la Volonté Divine, et aussi tout simplement avec la nature des choses : sa famille étant la plus proche, elle était également le noyau le plus malléable, l’endroit où il pouvait forcer un peu plus au niveau du travail de développement et d’accompagnement à la croissance. Parce qu’il faut forcer pour forger. Non pas casser l’individu, mais forcer un peu, le pousser pour lui permettre de pousser.

C’était le noyau le plus perméable : notre mère Fatima acceptait ce que d’autres femmes, et même les épouses du Prophète, n’acceptaient pas, tout comme notre maître Ali acceptait ce que les autres hommes n’acceptaient pas, même les plus proches compagnons. Quant à Hassan et Hussein, le sang prophétique coulait dans leurs veines, et la première chose qui est entrée dans leur organisme après leur naissance était la salive bénie de leur grand-père bien-aimé. Que Dieu nourrisse les âmes de toute cette famille, nous connecte à eux et nous donne l’amour de ses membres.

Une institution familiale

A tout moment, il faut chercher à s’aligner avec la Volonté Divine, et comprendre où Dieu souhaite nous amener. Dieu a tout d’abord choisi Adam pour être calife sur cette terre et Nouh pour y être sauveur (que Dieu continue de nourrir leurs êtres et notre connexion à eux). Voilà notre réalité sur Terre, voilà nos deux pères et nos repères : Adam et Nouh.

Puis après cela, on rentre dans l’alignement avec notre maître Ibrahim (que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui). Avec lui commencent les institutions familiales : ce n’est plus un seul être qui va se présenter contre tout un peuple et qui sera une preuve pour ou contre eux selon que les gens le suivent ou pas. Le califat devient une institution dans laquelle toute une famille est responsable du projet prophétique. Voilà ce qu’est la famille de Mohammed, tout comme la famille de Ibrahim et la famille de ‘Imran étaient les porteurs de l’héritage, ceux qui étaient alignés avec nos maîtres Ibrahim et ‘Imran. Leurs enfants, leur lignée, était une lignée alignée avec l’énergie originelle et originale.

C’est la même chose pour les membres de la famille de notre Bien-aimé Mohammed (que Dieu nous connecte à eux) qui n’étaient pas juste « comme les autres compagnons ». Non, c’était quelque chose de plus, une lignée bien alignée. Et même quinze siècles après, ils sont toujours là, avec la force et l’énergie du commencement.

Ainsi, même si ‘Ashoura est un rappel de cet épisode de tristesse, ce n’est pas juste un événement pour pleurer, mais aussi un moment pour célébrer la victoire de cette institution. Car bien que l’Imam Hussein (que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui) fut tué aux yeux des mortels, Dieu l’a élu pour rester vivant éternellement, non seulement en tant qu’être humain, mais aussi en tant qu’institution. L’islam n’aurait pas été le même si l’imam Hussein n’avait pas pris cette posture et cette décision par lesquelles il s’est aligné avec l’énergie qui a commencé le tout.

Bien entendu, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est venu pour nous et a complété l’islam. A la fin de sa mission, il a dit « avec moi votre religion, votre islam est devenu complet et toutes les grâces dont Dieu m’a comblé, je les ai partagées avec vous ». Mais de quoi parlait-il ? Du Qor’an ? De la Sunna ? Pas seulement.

Cette phrase n’a pas été prononcée avant la naissance de Hassan et Hussein, ni avant que Hassan et Hussein ne soient déjà imams. Car oui, à cet âge-là, ils étaient déjà imams et modèles. Le Prophète a placé quelque chose en eux, il a mis dans leur cœur une flamme qu’il savait éternelle et suffisante, une flamme qu’ils allaient porter et transmettre après lui.

Chercher une connexion complète

Notre religion n’est pas complète sans la famille du Prophète, sans les gens de sa maison. Et il n’est pas question de chiisme ni d’autres noms ou cases sophistiquées que l’on veut créer afin de placer des membres de la communauté du Prophète pour les condamner et se penser supérieur à eux. Eux ont leurs torts et leurs erreurs, notamment dans leur manière de déconsidérer les compagnons les plus nobles, mais nous aussi, nous avons nos torts et nos erreurs. Nous ne sommes pas mieux qu’eux, nous sommes tous aliénés, nous sommes tous dans l’aliénation. Deux groupes de musulmans, deux héritages, qui ne se parlent pas alors qu’ils se complètent. Quelle perte !

Je le dis ouvertement, comme sunnites aujourd’hui, nous sommes en famine et en faillite spirituelle si l’on ne s’inspire pas de l’amour que nos frères et sœurs chiites portent aux membres de la famille du Prophète (que Dieu continue de nourrir son âme, sa lumière et notre connexion à lui). Il nous l’a dit lui-même, l’amour du Prophète n’est pas complet sans l’amour de sa famille.

Notre religion n’est pas complète sans la famille du Prophète, sans les gens de sa maison.

Pour citer quelques narrations bien connues : « Hussein vient de moi, et je viens de Hussein » et « Fatima viens de moi et je viens de Fatima », ou encore, « N’essayez pas de vous connecter à moi de façon partielle » ce qui signifie : quand vous formulez des demandes de connexion au Prophète (salât ‘ala nabi), ne vous arrêtez pas à lui, vous devez chercher à vous connecter à sa famille également ! Car vous ne pouvez pas essayer de vous connecter à lui sans vous connecter à sa famille ! Ils font partie de lui, c’est son énergie initiale, c’est sa lignée alignée.

Et si des membres de sa lignée sont devenus aliénés à cause d’une mauvaise éducation, de la colonisation ou des forces de l’aliénation, ce n’est pas une raison pour en faire des prétextes pour dire que tous ne sont pas alignés. Mettez-vous à la recherche de la lignée alignée – et elle existe ! Et quand vous en trouvez des membres, alignez-vous avec eux ! Car vous ne pourrez pas faire votre exercice de développement de connexion (salât), dans le sens des cinq prières rituelles quotidiennes, tout comme vous ne pourrez pas formuler de prière de demande de connexion au Prophète sans chercher une connexion complète avec sa famille.

Ce sont deux exercices de développement de conscience et les deux passent par la recherche de connexion au Prophète ET à sa famille. Notre exercice de connexion à lui n’est pas complet si on ne cherche pas la connexion à sa lignée alignée.

De même, lorsque le Prophète nous dit « Alignez-vous avant la prière méditative (salât) », avec quoi devons-nous nous aligner ? Bien sûr, il faut s’aligner avec l’énergie de l’imam. Bien sûr, il faut s’aligner physiquement avec vos frères et sœurs dans les rangs de la prière. Mais aussi et surtout, il faut s’aligner avec cette énergie porteuse, cette énergie alignée de la lignée alignée.

‘Achoura : des larmes pour arroser la vie dans nos cœurs

La descendance de notre maître Ali était une descendance Alignée. Voilà pourquoi nous avons besoin de nous aligner et de célébrer Hassan et Hussein, et voilà ce qu’est le jour de ‘Achoura pour nous. Cela ne sert à rien de pleurer si on ne fait pas tout pour être aligné ensuite. Les larmes coulent, car elles ont certes toute leur place dans la cette religion, mais elles doivent couler nous aider par la suite à nous aligner.

Oui, je pleure le jour de la commémoration de leur départ, mais ce ne sont pas des larmes qui s’effaceront. Ce sont des larmes qui doivent arroser la vie dans nos cœurs.

Toi aussi, pleure ! Pleure pour le départ de Hussein comme nos ancêtres sunnites ont toujours célébré ‘Achoura comme un jour sombre, non pas comme une superstition ou un jour qui porte malheur. L’essentiel est que l’on vive ce moment-là comme des moments d’alignements avec le Prophète.

Lorsque l’on suit les recommandations prophétiques, notamment sur l’habillement ou sur la manière de faire les choses, c’est pour s’envoyer un message à soi-même : « sois aligné avec celui qui s’habillait de cette façon, celui qui se conduisait de cette façon ». Et on peut jouer sur ces petits détails-là, non pas pour former une génération obsédée par les détails, non, mais pour former une génération attentive et alignée avec l’Energie de Dieu.

Car Dieu nous parle dans les détails. Et Il nous a tout détaillé. Et Son Prophète nous a enseigné les détails les plus précis de tous les sujets, même sur la façon d’aller et de sortir de la salle de bain. Pourquoi selon vous ? Ce n’est pas par obsession. C’est pour que l’on puisse s’arrêter à chaque instant pour cultiver une belle intention ainsi qu’une bonne attention, pour que l’on puisse vivre en pleine conscience et que l’on puisse utiliser chaque moment pour vivre notre ascension (mi’raj).

S’aligner pour s’effacer

Mohammed, notre Prophète bien-aimé (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est partout. Dès que tu commences à boire avec la main droite, tu t’aperçois que ce n’est plus ta main qui t’abreuve, mais c’est ton alignement avec sa main bénie. Et là alors si je vous, dis que je n’ai jamais bu avec ma propre main, j’ai toujours bu avec la main du Prophète, cela signifie tout simplement que j’ai toujours bu avec la main droite en me rappelant de lui, en faisant comme lui, en m’alignant avec lui. En m’effaçant dans ses gestes à lui.

Et dans la même idée, toute la prière méditative (salât) n’est qu’un exercice d’alignement avec les postures du Prophète, avec le premier corps qui a bougé de cette façon-là pour célébrer Dieu, pour célébrer cette vie spirituelle en lui, cette dévotion, cette flamme qui brûle en lui et cette volonté de sauter dans les bras de Dieu, de vivre avec Dieu. Il vivait sa prière comme une danse, comme une transe. Et la lignée alignée avec lui la vivait ainsi jusqu’à ce qu’on pouvait couper leur jambe lorsqu’ils étaient en prosternation.

L’imam Ali Zein al ‘Abidine

Prenons l’exemple de l’Imam Ali Zein al-Abidine, le fils de Hussein, petit-fils du Prophète, (que Dieu nous continue de nourrir leurs êtres et notre connexion à eux et leur descendance). Il priait dans une mosquée lorsque le pilier central de la mosquée est tombé. Toute la mosquée s’est effondrée alors qu’il était en prosternation. Les gens du marché qui étaient loin ont subi ce moment comme un moment de terreur.

Quelques heures après avoir tout ramassé et déblayé, ils ont trouvé l’imam Ali Zein al-Abidin, toujours en prosternation. Car ses prosternations pouvaient durer des heures et des heures, lui qui était le héros de ‘Achoura, le porteur de la bannière après l’Imam Hussein. Lorsqu’il a fini sa prière, il a demandé ce qui s’était passé, car il n’avait rien vu, ni entendu.

L’imam Ali Zein al-Abidine est aussi l’imam de ‘Achoura car certes, nous savons que Hussein nous a quittés ce jour-là, mais il nous a laissé un imam, l’imam Zein al-Abidine ibn Hussein, le sauvé, que Dieu a laissé et a préservé pour nous. Un héritier qui hérite, non pas parce qu’on le mérite, mais car la générosité de Dieu est sans limite. Dieu a décidé qu’il hériterait de Mohammed et de la famille de Mohammed et que cet héritage resterait parmi nous, que cette transmission nous parviendrait jusqu’à aujourd’hui.

Voilà comment nous devons vivre Achoura, comme une victoire spirituelle de la lignée de la famille de Mohammed, la lignée de Fatima et Ali, la lignée des alignés.

Hamdi Ben Aissa

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