Dix jours après les affrontements autour de l’Esplanade des Mosquées, consécutifs à l’installation de portiques de sécurité, l’Etat hébreu a reculé face à l’ampleur de la mobilisation palestinienne et des pressions internationales.
C’est un succès en demi-teinte mais un succès tout de même. Dix jours après la mise en place de portiques de sécurité (détecteurs de métaux) devant la mosquée Al Aqsa, à Jérusalem, interdisant l’accès à tous les Palestiniens de moins de 50 ans, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a dû céder face à une forte contestation palestinienne exprimée dans les rues. Dans un communiqué publié mardi 25 juillet au lendemain d’une réunion d’urgence du cabinet de sécurité israélien, Tel Aviv a annoncé le retrait de ces portiques « sur recommandation de tous les organes de sécurité ». Une formulation qui souligne, au-delà du langage diplomatique, la division qui s’était établie sur le terrain entre les forces militaires et les services de renseignements, favorables à ce retrait, et la police israélienne qui s’en accommodait volontiers.
Amman, partenaire privilégié d’Israël
Devant les risques d’embrasement et d’une nouvelle intifida, l’administration israélienne a donc dû reculer. Les pressions s’étaient accumulées ces derniers jours. Sur le plan intérieur, les affrontements s’étaient multipliés dans la Vieille ville sainte faisant huit morts (cinq Palestiniens, trois Israéliens) et plus de 800 blessés. Le Waqf jordanien avait appelé tous les Palestiniens à se mobiliser et à refuser cette nouvelle restriction de leurs droits. Sur le plan politique, le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolaï Mladenov, avait souligné au Conseil de sécurité des Nations Unies, à New York, que les affrontements pouvaient avoir « un coût catastrophique bien au-delà des murs de la vieille ville, bien au-delà d’Israël et de la Palestine et du Moyen-Orient », d’après des propos rapportés par Le Monde. Craignant des contestations internes dans un pays où vivent plusieurs millions de Palestiniens, le roi Abdallah de Jordanie avait également réclamé la levée des portiques. Il faut dire que l’exfiltration récente d’un employé israélien auteur d’un double assassinat de deux jordaniens au motif d’une agression présumée, avait jeté un froid dans les relations bilatérales israélo-jordaniennes, un luxe pour Benjamin Netanyahu.
D’autres mesures de sécurité vont être mises en places, notamment des caméras ultrasophistiquées à reconnaissance thermique installées un peu partout à Jérusalem
Des caméras à reconnaissance thermique
En effet, depuis la guerre du Kippour en 1973, et la divulgations d’informations précieuses en échange d’un soutien de Tel Aviv par le roi Hussein de Jordanie, père de l’actuel roi Abdallah, qui craignait alors le renversement de son trône, Amman est l’un des plus proches alliés arabes de l’Etat hébreu et son avocat dans la normalisation de sa présence dans le monde arabe. Si ce retrait apparait comme une victoire politique incontestable pour les Palestiniens, cette dernière doit être cependant nuancée. D’autres mesures de sécurité vont être mises en places pour suppléer au retrait des portiques ont annoncé les autorités israéliennes, notamment des caméras ultrasophistiquées à reconnaissance thermique installées un peu partout à Jérusalem. « 100 millions de shekels (24 millions d’euros) sera dégagé pour la réalisation du plan, au cours des six prochains mois », ce qui n’est pas sans soulever des inquiétudes dans la population quant à l’usage sécuritaire et répressif qui en sera fait.