Ex-footballeur, homme d’affaires, influenceur et humanitaire à seulement 28 ans, le CV de Badis Diab parle pour lui. Depuis son éclosion en 2016, cet Algérien s’est construit une réputation d’homme influent en Afrique et d’acteur majeur du développement humanitaire. Un portrait de Mizane.info signé Rayan Hernan.
Le rendez-vous est fixé en plein cœur de Paris.
Avec sa barbe et sa carrure de sportif, un jeune homme souriant nous tutoie dès le premier abord, brisant en l’espace de quelques secondes toutes les barrières et les appréhensions. Lui, c’est Badis Diab.
Jeune et pourtant très expérimenté, depuis ses débuts dans l’humanitaire à l’été 2016, cet Algérien de 28 ans n’a cessé d’étendre ses activités à travers le monde en se construisant une réputation d’homme influent en Afrique, dans tous les domaines du développement humanitaire : l’éducation, la santé, la biodiversité ou encore le handicap.
Du football à entrepreneuriat
L’histoire de Badis Diab commence véritablement en 2006. A l’âge de 15 ans, il signe son premier contrat pour un club professionnel, l’AS Saint Etienne, l’un des clubs de football les plus titrés de France.
La formation du Forez en poche, le jeune homme en quête d’un contrat professionnel s’exile et joue dans plusieurs pays.
Très vite pourtant, l’adversité le rattrape. Des blessures, une prise de poids et une perte de confiance le pousse à raccrocher les crampons à seulement 21 ans.
« Je n’avais aucun diplôme, plus d’amis bizarrement, et plus d’argent. J’ai conscience que j’ai déçu du monde autour de moi. J’ai dû trouver un emploi pour vivre, j’ai été vendeur de chocolat et j’ai répondu au téléphone pendant 8h par jours. Pendant plusieurs années, je me suis levé chaque matin pour gagner un SMIC. J’ai découvert ce que vit réellement la population dans sa majorité ».
À 25 ans, plein d’ambition et inspiré par le sentiment d’une revanche à prendre sur la vie, il monte à Paris et fonde en février 2016 Galactik France, une startup de conseil et d’accompagnement de footballeurs amateurs, concept novateur à l’époque.
La réussite est immédiate. Galactik France devient une référence dans le football amateur en moins d’un an, et la presse française, mais aussi américaine et africaine commencent à s’intéresser à son fondateur.
En 2017, le Dauphiné Libéré lui consacre sa page de couverture avec un titre évocateur « L’Incroyable destin de Badis Diab ».
En 2018, le célèbre magazine français ÉcoRéseau Business le classe parmi les « 10 entrepreneurs de l’année 2018 ».
La même année, il crée la Fondation Badis Diab, un organisme panafricain présent dans 6 pays.
L’humanitaire : une vocation pour Badis Diab
Puis en 2019 il lance l’ONG UNITY présente dans 35 pays en Amérique Latine, en Afrique, dans le monde arabe, l’Asie du Sud ou l’Océanie. Une surprenante évolution qu’il explique ainsi.
« En 2016, je découvrais ce que c’était de faire de l’humanitaire, j’étais novice mais j’avais envie de venir en aide aux enfants africains.
On a commencé par distribuer des fournitures scolaires au Ghana, puis on s’est déplacé en Algérie, au Nigéria, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo et au Burkina Faso.
On est allé beaucoup plus vite et beaucoup plus loin que ce que l’on aurait pu imaginer. On a distribué plusieurs milliers de fournitures scolaires, c’était un vrai succès.
En 2019, avec Karim Amrani, on a donc lancé UNITY ».
Les méthodes classiques de l’aide humanitaire destinées aux populations les plus pauvres de la planète n’ont pas de conséquences positives sur le long terme, au mieux elles permettent de survivre, mais pas plus.
Sur les réseaux sociaux, les internautes sont quotidiennement informés des opérations : le lundi des fournitures scolaires sont distribués au Mexique, le mardi des arbres sont plantés au Ghana, le mercredi, le jeudi ou le vendredi, des repas et des vêtements sont remis aux enfants de Gaza, au Rwanda ou en Ouganda.
Pierre par pierre, Badis Diab continue d’œuvrer et de développer ses activités.
En novembre 2019, il lance un revenu universel destiné à tout un village d’Ouganda, dans le district de Sironko près de la frontière avec le Kenya.
Il fait verser un montant de 50€ par mois (somme conséquent pour un paysan ougandais), à toutes les familles d’un village pour les 10 prochaines années.
Certaines rumeurs venues d’Alger prétendent qu’il serait proche des réseaux russes et turques, dont l’influence est considérable sur le continent africain.
Badis Diab met d’emblée les choses aux clairs : « Ceux qui affirment cela sont dans le fantasme, je ne travaille pour aucun gouvernement étranger, je suis un acteur social qui a des relations de travail mais qui n’a de comptes à rendre à aucun gouvernement ».
Le revenu universel, une solution d’avenir
Quant à la provenance des financements de ces actions humanitaires, l’homme répond sans ambages :
« Nous sommes financés par des donateurs privés issus de toutes classes sociales et venant de partout dans le monde, des gens de toutes origines et de toutes confessions, parfois des personnalités publiques, sportives ou artistiques.
Je n’ai jamais souhaité demandé de financement public, que ce soit en France, en Afrique, ou aux commissions européennes, ça ne fait pas partie de ma ligne de conduite ».
Fort d’une expérience humanitaire diversifiée, Badis Diab dresse un constat critique des pratiques en vigueur dans ce secteur et plaide pour un revenu minimum universel.
« Nous constatons que les méthodes classiques de l’aide humanitaire destinées aux populations les plus pauvres de la planète n’ont pas de conséquences positives sur le long terme, au mieux elles permettent de survivre, mais pas plus.
Le revenu universel est une alternative crédible sur le long terme, soutenu par des économistes de premier ordre.
L’idée est d’apporter un soutien financier régulier qui permette aux populations de prendre en main leur propre développement, au lieu de vouloir sans cesse décider à leur place ce dont ils ont besoin ».
La bourse de Wall Street permet de spéculer sur les matières premières, sur le riz et le blé, ce qui déstabilise totalement l’équilibre des populations pour qui ces ressources primaires sont essentielles.
Ibrahim, son ambassadeur en Ouganda, témoigne sur les réseaux sociaux :
« Le revenu universel est une bénédiction pour les habitants de Sironko, c’est une aide considérable qui apporte aux plus pauvres du village une réel perspective d’avenir ».
« On dit, poursuit Diab, qu’il faudrait 80 milliards de dollars pour réduire la pauvreté la plus extrême dans le monde, ni plus ni moins.
Avec cette somme, on est en mesure de verser un revenu régulier à plus de 700 millions de personnes concerné par l’extrême pauvreté.
80 milliards à l’échelle des Etats les plus puissants du monde, ça n’équivaut à rien du tout ».
Exporter le revenu universel à Gaza
« La seule et unique façon de réduire la pauvreté, c’est en distribuant du cash aux populations les plus pauvres, seul l’argent transmis en main propre réduit la pauvreté, les gens auront ainsi la possibilité d’investir cette somme dans des travaux de rénovation, dans leur exploitation agricole, leurs business, ou même en économisant de l’argent ».
De nature optimiste, Badis Diab est pourtant lucide et moins confiant quant à l’avenir de la situation humanitaire dans le monde.
« Les états les plus riches de la planète n’ont pas intérêt à réduire la pauvreté. Il est prouvé économiquement qu’il n’est pas rationnel que les inégalités soient aussi importantes.
La bourse de Wall Street permet de spéculer sur les matières premières, sur le riz et le blé, ce qui déstabilise totalement l’équilibre des populations pour qui ces ressources primaires sont essentielles.
On maintient sciemment les plus pauvres à leur stade de pauvreté pour permettre aux plus riches de s’enrichir et de prospérer, que ce soit à l’échelle mondiale où à celle des nations » dit-il, envisageant d’introduire cette expérience de revenu universel dès le début d’année 2020 à Gaza, en Palestine.
Rayan Hernan
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