Quatrième état arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël, le royaume de Bahreïn vient de publier un communiqué co-signé avec le président Trump et le Premier ministre Netanyahu annonçant une officialisation de leurs relations, décision que le ministre des affaires sociales de l’Autorité palestinienne Ahmad Majdalani a qualifié de « coup de poignard dans le dos du peuple palestinien ».
Après l’Egypte et la Jordanie, puis récemment les Emirats arabes unis, Bahreîn est donc le quatrième état arabe à « faire la paix » avec Israël.
Bien qu’elle soit perçue comme une provocation dans le monde arabo-musulman, cette annonce ne fait que confirmer un rapprochement initié dès les années 2000 par le prince héritier bahreïni Salmane ben Hamad Al-Khalifa, aux cours des Forums économiques mondiaux de Davos.
Un rapprochement poursuivi lors d’entretiens privés en 2007 avec Shimon Perès et le roi bahreïni, à l’ONU.
Mise en sommeil durant les soulèvements arabes, cette politique, souligne France 24, avait repris en 2017 et 2018.
Le « droit » à l’auto-défense
« Une délégation israélienne a été autorisée à participer au congrès de la Fédération internationale de football (FIFA) à Manama. La même année (2017), un groupe interconfessionnel bahreïni a annoncé avoir envoyé une délégation en Israël pour promouvoir « la tolérance et la coexistence ». »
L’année suivante (2018), le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn avait même été jusqu’à reconnaître à Tel Aviv un droit à la légitime défense contre Téhéran.
La décision de l’exécutif du Bahreïn est justifiée en interne par le ralliement à la position saoudienne qui pourrait être le prochain pays à franchir le pas de l’alliance avec l’entité sioniste et par leur opposition commune à l’Iran.
Le royaume arabe est peuplé d’une forte communauté de chiites bahreïnis estimée à 700 000 âmes dans un pays qui en comporte près de 1 300 000.
L’annonce rompt néanmoins avec la position du parlement bahreïni qui avait déposé un texte d’opposition à un rapprochement avec Israël dès 2009, texte rejeté par le prince.
Cette officialisation des rapports entre Bahreïn et Israël a été pour sa part dénoncée comme « un coup de poignard dans le dos du peuple palestinien » par le ministre des affaires sociales de l’Autorité palestinienne Ahmad Majdalani.
Les félicitations de Sissi
Le porte-parole de l’organisation de la résistance palestinienne Hamas a mis en garde les gouvernants arabes contre une décision contraire à leurs intérêts régionaux.
« L’assistance de certains pays dans la signature de l’accord de normalisation des Emirats arabes unis avec Israël contribue à l’exécution des politiques expansionnistes de Tel Aviv dans la région. Tous les pays devaient essayer d’empêcher l’accord de normalisation avec les Emirats plutôt que de lui porter assistance pour la violation des droits du peuple palestinien. Car cet accord incite les forces de l’occupation à commettre plus de crimes » a déclaré Khazim Kassem, cité par TRT.
Le président Sissi, qui avait pris la tête du renversement de l’ancien président élu Mohamed Morsi, s’est félicité de ce rapprochement officiel dans un tweet : « Je salue cette importante étape qui vise à consolider la stabilité et la paix au Moyen-Orient et qui permettra de trouver une solution juste et permanente à la cause palestinienne ».
L’Egypte avait été le premier pays arabe à signer « un accord de paix » en 1979 avec Tel Aviv.
Pour Elham Fakhro, spécialiste du Golfe à l’International Crisis Group cité par Le Monde, « Israël obtient la paix contre zéro concession ».
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