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lundi 23 décembre 2024

Bras de fer entre Bruxelles et l’Exécutif des musulmans

Vincent Van Quickenborne.

L’organisation représentant le culte musulman en Belgique s’est vue retirer sa subvention par le ministre belge de la Justice. Vincent Van Quickenborne accuse l’Exécutif des musulmans de Belgique « d’amateurisme », « de manque de transparence » et « d’ingérence étrangère ». L’EMB lui a répondu dans un communiqué consulté par notre rédaction. Les détails sur Mizane.info.

Le scénario français semble se reproduire en Belgique. Le ministre belge de la Justice vient de suspendre la reconnaissance officielle de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), le CFCM des Belges. Le retrait de sa subvention annuelle de 500 000 euros par an a été décidé dans la foulée.

Une annonce qui fait suite au bras de fer entre Salah Echallaoui, l’ancien président de l’EMB qui avait démissionné en 2020 à la suite de pressions politiques. L’homme qui avait saisi les tribunaux pour contester sa démission forcée vient à ce propos de remporter une victoire judiciaire, la justice belge ayant tranché en sa faveur.

La revanche du ministre Van Quickenborne

De quoi provoquer la colère du ministre Van Quickenborne qui n’a pas mâché ses mots contre l’EMB. Manque de transparence, ingérence étrangère marocaine dans les activités de l’EMB, le ministre estime n’avoir « jamais vu un tel amateurisme ».

« Et cela, en plus, pour un organisme qui joue un rôle crucial pour la communauté musulmane de notre pays. La communauté musulmane mérite mieux, c’est pourquoi j’ai décidé de retirer la reconnaissance de l’EMB. Nous voulons ainsi ouvrir la voie à un exécutif musulman véritablement représentatif, transparent et professionnel. Tant qu’il n’y aura pas de nouvel EMB, aucune nouvelle subvention ne sera versée, comme c’était déjà le cas pour les moyens prévus pour 2022 », a conclu le ministre.

La jurisprudence politique de Gérald Darmanin

Une manière de faire pression sur la représentation musulmane et d’appeler à un changement des instances cultuelles qui rappelle un précédent. La mort par euthanasie institutionnelle du CFCM débranché de son alimentation végétative par l’actuel ministre français de l’intérieur et des cultes, Gérald Darmanin. A Paris, comme à Bruxelles, les autorités n’ont semble-t-il pas apprécié l’ingérence active des services consulaires marocains dans l’organisation du culte musulman, via les instances proches du Royaume chérifien.

Le ministre belge de la Justice avait également demandé des réformes à l’EMB afin qu’il devienne un organe « inclusif, pluraliste, représentatif et transparent » en conformité avec les usages nationaux belges.

La consternation de l’Exécutif des musulmans de Belgique

Selon La Libre.be, « son propre rapport d’évaluation 2020 faisait déjà état de plusieurs lacunes, comme le manque de représentation féminine et l’infiltration d’extrémistes ». Le ministre a néanmoins reconnu que la gestion des affaires courantes gérées par l’organe représentatif des musulmans belges serait maintenue.

Du côté de l’EMB, on dénonce des accusations graves et sans fondements.

« L’EMB est consterné par les actions et les déclarations du ministre. Les déclarations du Ministre belge de la Justice concernant l’EMB, son fonctionnement et ses membres, ainsi que les discussions tenues de septembre 2021 à juin 2022, sont incorrectes, insultantes et diffamatoires », écrit Mehmet ÜSTÜN, actuel président de l’EMB, dans un communiqué.

L’homme des Belges

L’instance des musulmans belges a également rappelé ses efforts de réformes, justifiant le retard de ses élections par le bras de fer qui l’oppose au ministre.

« L’EMB ne montre aucune résistance au renouvellement. Toutes les conditions de fond imposées par le ministre au cours des négociations ont été expressément acceptées par l’EMB. L’EMB a encouragé de manière répétée et explicite les femmes expertes à se porter candidates dans la période précédant les élections », a ajouté l’association musulmane.

L’EMB accuse par ailleurs Vincent Van Quickenborne d’utiliser la suspension des subventions afin de faire pression pour imposer son homme à la tête de l’EMB. Un certain Khalid Benhaddou, ce qui lui permettrait d’influencer sa gestion. Affaire à suivre…

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