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lundi 29 avril 2024

«Chaque fois que les hommes croient Le connaître, ils se trouvent dans une perplexité nouvelle»

L’excellence spirituelle a un prix et un coût. C’est à ces critères que s’évalue l’élite des êtres consacrés à Dieu. Extraits de la Futuwah (traité de chevalerie spirituelle) d’as-Sulami.

La Futuwah est la compassion agissante par laquelle on donne priorité aux besoins d’autrui sur les siens propres.

Abu Ja‘far al Isbahani, qui est disciple d’Abu Turab (Ali ibn abi Taleb, ndlr), a raconté l’histoire suivante : – Abu Turab se trouvait à La Mecque pour le pèlerinage lorsqu’un homme du Khurassan vint le trouver avec une bourse de dix mille dirhams. Il l’ouvrit en disant : « Ô Abu Turab prends ceci. – Déverse tout ici », répondit Abu Turab. L’homme la déversa alors par terre. Abu Turab en pris deux dirhams, les donna à l’un de ses disciples et lui demanda d’acheter avec cela une chemise qu’il déchira en morceaux. Il les remplit alors de poignées d’argent qu’il fit parvenir à des pauvres leur évitant ainsi la gêne de venir les chercher. Lorsque l’argent fut presque entièrement distribué un homme lui rappela alors que ses propres disciples n’avaient rien mangé depuis plusieurs jours. Abu Turab prit une poignée de dirhams et lui dit : – Prends ceci et apporte-leur à manger. A ce moment une femme s’approcha de lui et lui dit : – Et moi, suis-je condamnée à dépérir ? Se retournant vers ses disciples il dit : – Voyez s’il reste quelque chose. Ils cherchèrent par terre, trouvèrent deux dirhams et les lui donnèrent.

Sur la noblesse de caractère propre à ceux qui suivent cette voie.

Al Sari al Saqati a dit – Cinq choses caractérisent le comportement du disciple : il refuse de faire un seul pas dans le but de satisfaire ses désirs passionnels et sa volupté. Il se tient hors de portée de la tyrannie de son ego. Il est ferme, résolu, et s’attache à réaliser les cinq buts suivants : ne pas envier ce que les autres possèdent, ne pas chercher à obtenir d’eux des biens, avoir le contrôle de ses mains, son estomac et son appétit sexuel, ne pas chercher à se prévaloir, se faire disciple de celui qui le devance sur la voie. Il se détache des cinq choses suivantes : de tout ce qui est périssable, des hommes, des passions, de la volonté de puissance et de la recherche des honneurs. Il essaie de briguer les cinq choses qui viennent : les béatitudes du Paradis, le monde devenant pour lui sans valeur ; la sincérité, imposant à son cœur la seule crainte de Dieu ; la fréquentation des saints, laissant alors ceux qui se sont éloignés de la voie de Dieu ; briguant tout ce qui agrée Dieu et tout ce dont l’ignorant se détourne.

La Futuwah est de ne parler des états spirituels que dans la stricte mesure de ce que l’on a soi-même vécu.

Junayd a dit : – J’ai voyagé jusqu’aux rives de l’Euphrate car j’ai entendu parlé d’un Fata qui vivait là-bas. Je vis alors un homme de noblesse sur lequel semblaient s’être abattus tous les malheurs du monde. Je lui dis : « Puisse Dieu être satisfait de toi ! Dis-moi quand la loyauté devient parfaite en ce monde ? » Il répondit : -« Le commencement de la loyauté serait tout d’abord pour toi, Junayd, de ne pas poser de question. » Je n’espérais plus de réponse lorsqu’il me rappela et me dit : « Ô Junayd, expliquer ce qu’est la loyauté avant d’être parvenu soi-même à en réaliser pleinement le sens ne peut être une façon d’agir pour un homme de bien. »

La Futuwah est que rien ne détourne le serviteur de la conscience de son Seigneur et que, dans sa quête, il sache endurer maux et épreuve.

Junayd a dit : – Je suis allé un matin de bonheur voir Sari al Saqati qui me dit : « Ô Abul Qasim, ce soir dans une brève contemplation mon âme s’entendit dire : Ô Sari. J’ai tout d’abord créé les hommes et tous se tournaient vers moi et venaient à Moi. Lorsque je leur ai montré le monde les neuf dixièmes d’entre eux s’y attachèrent, les autres seuls restèrent avec Moi. J’ai parlé à ces derniers du Paradis, neuf dixièmes d’entre eux le désirèrent, le dixième me restant attaché. Lorsque je déversai sur ces derniers maux et épreuves ils s’affaiblirent, appelèrent au secours et les neuf dixièmes d’entre eux s’éloignèrent de Moi. Je dis alors à ceux qui restaient : Vous n’avez désiré ni le monde ni le paradis et vous ne vous êtes point enfui de Mes épreuves. Ils dirent : Tu sais bien Seigneur ce que nous désirons ! Je dis : Je déverserai sur vous des épreuves telles que les montagnes elles-mêmes les plus enracinées ne pourraient les supporter. Ils dirent : Nous acceptons, Seigneur, tant que cela vient de Toi. »

La Futuwah est de passer du savoir à la connaissance, de la connaissance au dévoilement et de celui-ci à la contemplation de l’Essence divine en ayant la certitude cependant que personne ne peut atteindre cette connaissance dans Son Absolu.

Nuri a dit : – Dieu a rendu accessible à tous la connaissance formelle de la religion et a réservé la dimension intérieure de celle-ci à Ses saints, réservant ses dévoilements à ceux dont Il a purifié le cœur et Sa contemplation directe à ceux qu’Il a particulièrement aimés. Il reste cependant voilé à toute Sa création. Chaque fois que les hommes croient Le connaître ils se trouvent dans une perplexité nouvelle. Ils sont voilés alors même qu’ils pensent avoir atteint le dévoilement. Ils sont aveuglés alors même qu’ils pensent être dans la certitude de voir. Louange à Celui dont le mystère est pure merveille, rien de ce qui vient de Lui ne doit nous paraître étrange !

As-Sulami

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