Le Conseil français du culte musulman (CFCM) est l’objet d’un nouveau bras-de-fer entre quatre fédérations qui ont annoncé leur départ du bureau exécutif et le président Mohammed Moussaoui. Ce dernier qui conteste leur accusation de « coup de force » leur a répondu dans un communiqué et annonce des assises prochaines de la départementalisation du culte musulman. Le décryptage de Mizane.info.
La guerre des communiqués se poursuit au sein et à l’extérieur du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Après la tempête du Conseil national des imams et de la charte de l’islam de France, qui a fortement fragilisé l’institution, un nouveau clash s’est produit.
La Fédération Française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA), Musulmans de France, le Rassemblement des musulmans de France, et la Grande Mosquée de Paris ont annoncé dans un communiqué commun quitter le bureau exécutif du CFCM.
La raison ? Une réunion, mercredi 17 mars 2021, pour désigner l’aumônier national des prisons, « décidée unilatéralement » selon elles.
« Cette réunion a été organisée en dépit du bon sens, de manière illégale et contre l’avis des principales fédérations fondatrices. Les fédérations fondatrices ont émis à Mohammed Moussaoui à plusieurs reprises de fortes réserves sur cette initiative qui n’était en rien justifiée. Elles l’ont préalablement informé de leur refus de participer à cette réunion », écrivent-elles dans un communiqué publié par Mizane.info.
C’est à la suite de cette réunion qu’elles qualifient de « coup de force malheureux et inacceptable » allant jusqu’à parler d’une « attitude totalement illégale et irresponsable » qu’elles ont décidé de claquer la porte du CFCM.
La réponse du président Moussaoui ne s’est pas faite attendre. Dans un long communiqué adressé à la rédaction de Mizane.info, Mohammed Moussaoui conteste ces accusations.
« Cette réunion, qui intervient après une interruption de près de trois mois, a été tenue dans le respect strict des règles statutaires du CFCM. Tous les membres du bureau ont été régulièrement convoqués à cette réunion qui avait pour ordre du jour la désignation du nouvel aumônier national des prisions, en remplacement de celui qui a occupé ce poste depuis plus de 15 années et dont le bilan est controversé », écrit M. Moussaoui, parlant « d’une action hostile et incompréhensible », et même d’une « prise d’otages ».
Le remplacement de l’aumônier des prisons, après un bilan jugé controversé de quinze années de fonctions, était selon les mots de M. Moussaoui un engagement du CFCM pris auprès du ministère de la Justice.
Le président du Conseil français du culte musulman attribue cette nouvelle décision à la volonté des quatre fédérations qui « ont réclamé verbalement la suspension de toutes les réunions du bureau du CFCM tant que les deux fédérations non signataires de la charte des principes pour l’islam de France y siègent ». Une requête qu’il a jugé irréaliste et qui paralyserait l’institution. « Le CFCM se trouverait dans l’illégalité et le non-respect de la loi qui régit les associations », dit-il à ce propos.
Il considère par ailleurs que ce dysfonctionnement du CFCM s’explique aussi par des raisons structurelles relatives aux « modalités de désignation de la moitié des sièges du Conseil d’Administration du CFCM », une référence à la nomination par cooptation. « Ce système arbitraire de cooptation a créé un fossé entre les fédérations et les mosquées que le CFCM est censé représenter », poursuit-il.
Seule élément positif de cette nouvelle fracture, un appel à la réforme de l’institution. Le président du CFCM appelle en effet à refonder le CFCM sur une représentativité locale « via la création des conseils départementaux du culte Musulman qui auront la légitimité requise et aboliront par la même occasion les frontières et les divisions artificielles que créent les fédérations au sein même de l’instance représentative du culte musulman. »
Il annonce l’organisation prochaine d’assises de la départementalisation du culte musulman et appelle les musulmans de France « à se mobiliser pour reprendre leur destin en main ».