Depuis quelques mois, en Suède, des rumeurs rapportent que des familles musulmanes se sont vues retirées la garde de leurs enfants, pour des raisons religieuses, par les services sociaux suédois. L’exécutif suédois dénonce une désinformation calomnieuse.
En Suède, l’inquiétude s’est installé chez plusieurs familles musulmanes. Des rumeurs sur le retrait d’enfants par les services sociaux en raison de la confession des familles, ont été massivement diffusées il y a quelques mois. Des rumeurs qui ont entraîné l’organisation de plusieurs manifestations en Suède tout au long du mois de février. Une première à Stockholm le 7 février, une autre le 13 février à Göteborg réunissant au moins 400 personnes et une dernière à Malmö le 19 février, selon un article du journal Le Monde.
Les manifestants n’ont pas hésité à brandir des pancartes avec comme inscription “ Stop kidnapping our children” ( arrêtez de kidnapper nos enfants ).
Une nouvelle Agence de défense psychologique a été créée début janvier avec, à sa tête, Mikael Tofvesson qui “ met en garde contre une campagne de désinformation menée de façon organisée ayant pour but de nuire à la Suède et aux intérêts suédois” .
Le bad buzz d’un barbier sur YouTube
L’information se serait répandue suite à la vidéo sur la chaîne Youtube de la plateforme Shuoun Islamiya. La vidéo représentait plusieurs familles venant du Moyen-Orient ou d’Afrique, ayant perdu la garde de leurs enfants en Suède.
“ Les commentaires affirment qu’ils leur ont été retirés parce qu’ils étaient musulmans, dans le but de les soustraire à l’Islam” selon Le Monde.
En janvier, George Touma, barbier célèbre pour ses vidéos sur Youtube, rencontre une famille syrienne ayant perdu la garde de leurs 5 enfants pour mauvais traitements. La famille nie les motifs évoqués par les services sociaux. Le barbier poste un petit film relatant les faits sur son compte Youtube, qui a accueilli plus de 1,7 million de vues.
A partir de là, les rumeurs s’amplifient, parlant de pédophilie dans les foyers d’accueil, de jeunes filles violées ou encore d’enfants forcés à manger du porc.
Des hashtags ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux tels que #Nazi_Sweden ou #boycott_Sweden .
La condamnation du Conseil des imams de Suède
Selon Mikael Tofvesson, « il peut y avoir une volonté d’encourager la radicalisation à l’étranger ou en Suède. L’objectif peut aussi être de changer la loi suédoise et d’influencer la société dans une direction contraire à nos valeurs démocratiques. »
Le 11 février, le ministère suédois des affaires étrangères a démenti l’information sur son Twitter.
Selon l’article publié dans Le Monde, “ la première ministre, Magdalena Andersson, a admis que les procédures pouvaient interpeller « des personnes d’origine étrangère, venant de pays où il n’y a pas les mêmes possibilités d’intervenir quand un enfant est en danger ». Mais, « quand on vient en Suède, on doit savoir qu’ici, nous agissons toujours pour le bien de l’enfant, pas des parents », a-t-elle précisé.”
Le 11 février, le Conseil des imams de Suède et l’organisation des associations islamiques ont publié un communiqué, demandant aux imams de « faire tout leur possible pour contrer la propagation de la rhétorique haineuse », et également pour que « les plaintes concernant des fonctionnaires des services sociaux soupçonnés d’abus de pouvoir [fassent] l’objet d’une enquête immédiate ».
Marie Jarosz