Le ministre de l’Intérieur a annoncé la fermeture prochaine de la mosquée de Cannes. « C’est une décision qui n’a pas de sens » confie à Mizane.info le recteur Ahmed Guessoum de la mosquée Al Madina Al Mounawara.
Après une fermeture de 6 mois, fin octobre, de la mosquée d’Allonnes. Après celle de la mosquée de Beauvais, fermée en raison de prêches d’un imam faisant l’apologie du djihad armé le mardi 24 décembre, d’après la préfecture… Voilà le tour de la ville de Cannes de se retrouver dans le collimateur du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
« Nous fermons l’une des mosquées de Cannes car nous lui reprochons des propos antisémites, des soutiens au CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France, NDLR) et BarakaCity » a déclaré le ministre sur Cnews.
Il s’agit de la mosquée Al Madina Al Mounawara, ouverte depuis 25 ans, et anciennement administré par M. Mustapha Dali.
« Une haine antisémite explicite »
La mairie de Cannes a indiqué dans un communiqué de presse qu’existaient déjà « de multiples signalements directement par la municipalité de Cannes depuis 2015 ». L’ancien recteur de la mosquée Mustapha Dali « mélangeait culte, réflexion personnelle, politique, (…) mais il n’officie plus dans cette mosquée depuis six mois, les membres de l’association l’ont poussé à la porte ».
La préfecture des Alpes-Maritimes a pourtant précisé qu’une procédure contradictoire était en cours « afin d’envisager la fermeture administrative de la mosquée pour une durée de deux mois ».
« Cela fait longtemps que la municipalité a alerté les autorités pour des prises de position de l’ancien recteur qui remettait en cause l’État et la France », ajoute la préfecture.
Elle précise que des « propos haineux envers la France », « incitant à la haine envers les homosexuels ou transsexuels » et d’« une haine antisémite explicite » auraient conduit à cette décision.
« On ne peut pas fermer une mosquée parce qu’une personne a exprimé des opinions »
Contacté par la rédaction de Mizane.info, le nouveau recteur de la mosquée Al Madina Al Mounawara, Ahmed Guessoum, a exprimé son incompréhension face à cette décision de fermeture.
« Nous sommes choqués, comme tous les fidèles. C’est une décision qui n’est pas fondée et qui n’a pas de sens. La notification indique des faits qui remonte à 2012 et 2015. L’ex-recteur de la mosquée (Mustapha Dali, ndlr) n’est plus là depuis sept mois. Donc je ne comprends pas cette décision », explique M. Guessoum.
Un courrier de réponse « notifiant le changement de direction et de bureau a été adressé à la préfecture », assure le nouveau recteur. « Je ne sais pas pourquoi ils s’accrochent encore aux dires de l’ancien recteur », commente-t-il.
M. Guessoum reconnaît que la page Facebook de la mosquée a été administrée par M. Dali du temps de ses fonctions. Mais il considère que cela n’est pas de la responsabilité des fidèles qui sont sanctionnés. Le soutien de M. Dali « au CCIF et à la cause palestinienne» lui ont été reprochés, estime M. Guessoum.
« On ne peut pas fermer une mosquée et sanctionner 600 personnes parce qu’une personne a exprimé des opinions sur une page facebook », ajoute l’actuel recteur de la mosquée de Cannes.
Les responsables ont dix jours pour apporter des preuves contradictoires et empêcher une éventuelle fermeture de deux mois.
A ce jour en France, 21 lieux de culte musulman ont d’ores et déjà fermés et cinq font l’objet d’une instruction et sont en attente d’une possible fermeture.