Siège du Home Office britannique à Londres.
Une information publiée par le Middle East Eye révèle l’implication de services britanniques dans un programme visant à influencer les musulmans de France. Retour sur une information passée relativement inaperçue.
L’information a été révélée par Hassina Mechaï et Ian Cobain, deux journalistes du Middle East Eye (MEE). La RICU (Unité de recherche, communication et information), une officine rattachée au Home Office (ministère de l’Intérieur britannique), aurait financé un programme visant à influencer l’opinion publique musulmane française.
Un programme présenté dans le cadre d’une politique de prévention de l’extrémisme. « Des documents examinés par Middle East Eye montrent que la RICU a attribué un contrat à un consortium de sociétés de communication ayant démontré sa capacité à opérer en France », écrivent les deux journalistes dans un article publié le 15 mai dernier.
La lecture du contrat stipulerait clairement « que si ces sociétés doivent être en mesure d’influencer l’opinion publique musulmane française dans le cadre d’un programme secret de lutte contre l’extrémisme, l’objectif ultime du programme est d’encourager les autorités françaises à développer leurs propres initiatives de propagande sur le modèle RICU. »
Une officine britannique très active à l’étranger
Ce programme prévoirait « le développement de stratégies sur les réseaux sociaux, la production vidéo, le développement web, la rédaction de blogs, des « contenus sponsorisés sur Facebook, Twitter et Snapchat », la distribution de flyers dans les écoles et « le maintien d’un flux de communications, de produits et de matériels ».
Les journalistes précisent ne pas savoir si le programme en question a déjà débuté en France ou s’il est prévu pour plus tard.
Soulignons que la RICU n’en est pas à son coup d’essai. L’officine agirait de concert dans plusieurs pays. En 2018, « MEE a révélé que l’unité a participé à des projets faisant appel au rap et aux graffitis pour tenter d’influencer les idées et les comportements des jeunes en Tunisie, au Maroc et au Liban. »
En Tunisie, le recours à des « organisations tampons » lui aurait permis de « mener une campagne sur les réseaux sociaux et de musique rap intitulée Ala Khatrek Tounsi (Parce que tu es Tunisien) afin de promouvoir un sens de l’identité nationale tunisienne au sein de la jeunesse du pays. »
L’officine britannique agirait également « en Jordanie, en Algérie et au Pakistan » et financerait « un certain nombre d’événements en Finlande et aux Pays-Bas. » Pour remplir le contrat, les entreprises doivent « créer des réseaux d’organisations de la société civile » dans les pays où ils opèrent, afin de partager des informations sur la lutte contre la violence et l’extrémisme.
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