Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était auditionné à l’assemblée nationale par des parlementaires sur les mesures prises par le gouvernement dans sa lutte contre l’islamisme radical. Mizane.info a pris connaissance de son audition. Le compte-rendu de la rédaction.
« Quelles sont les actions mises en œuvre pour lutter contre le terrorisme et l’islam radical ? »
Pour Gérald Darmanin, qui était auditionné sur ce thème par des députés à l’Assemblée nationale, le profil des djihadistes, par rapport à 1995 et 2015, a changé et est plus proche de celui du loup solitaire.
« La menace est diffuse » mais sans risque prochain d’attentat d’ampleur selon les renseignements français avancés par le ministre Darmanin.
1000 policiers pour le procès Charlie
Sur les mesures concrètes de lutte contre l’islamisme radical, une floppé de chiffres a été présentée par le ministre.
-265 visites domiciliaires, autorisés par le parlement, ont été ciblées par le ministère de l’Intérieur.
156 de ces visites sont ou seront conduites par les renseignements territoriaux et la direction générale de la police nationale, 33 par la DGSI, 16 par la préfecture de police de Paris et 60 par la gendarmerie.
-172 de ces visites ont été validées par le juge des libertés, 48 sont en cours de validation et 9 ont été rejetées par les juges des libertés.
Ces visites domiciliaires ont donné lieu à 11 judiciarisations et à la collecte d’informations pour le renseignement national, d’après le locataire de la Place Beauvau.
-66 enquêtes ont été menées suite à des signalements Pharos sur les réseaux sociaux après que des personnes se soient réjouies de l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty.
Des enquêtes qui ont été suivies de l’interpellation de jeunes âgés entre 12 et 16 ans.
Pour ce qui est de la surveillance des réseaux sociaux, les effectifs de la plateforme Pharos passeront d’ailleurs de 28 à 48 personnes pour assurer un service 24h/24.
Concernant le procès Charlie hebdo, en cours, Gérald Darmanin a rappelé que 1000 policiers étaient chaque jour mobilisés.
Des dissolutions en cascade
A propos de la dissolution des associations, qui a fait couler beaucoup d’encre, Darmanin a persisté et signé en assumant cette politique frontale de liquidation administrative et judiciaire.
« La volonté du gouvernement est forte dans la dissolution d’associations comme le collectif Cheikh Yassine. Cela a été le cas pour la dissolution de Baraka City. La dissolution du groupement Les loups gris sera proposée mercredi prochain en conseil des ministres. La dissolution du CCIF sera proposée dans 15 jours. »
Le ministre de l’Intérieur a affirmé que ces décisions reposaient sur des éléments probants et concrets sans préciser lesquels.
« Les associations que nous pourrions qualifier d’ennemis de la République, et qui ne reposent pas sur des doutes mais sur des faits : faits de financement du terrorisme, d’hyperviolence, d’incitation à la haine. »
Des dizaines de structures (associations, lieux de culte, écoles) sont sous la sellette.
Sur le dispositif policier réparti sur le territoire national, le ministre a annoncé la mobilisation de 3500 gendarmes et policiers mobiles et le rappel de 3500 policiers réservistes.
120 policiers vont être dépêchés à Nice (lieu du dernier attentat). Le nombre de militaires de l’opération sentinelle passe de 3000 à 7000 soldats.
« Nous devons déstabiliser ceux qui veulent déstabiliser les valeurs de la République » a déclaré M. Darmanin faisant référence à des « officines » qui ont armés idéologiquement l’assassin de Samuel Paty.
Faire de la loi une arme
Des informations ont été données également sur le FSPRT (fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste) : 22000 personnes enregistrées, dont 4000 ressortissants étrangers, y sont enregistrées. 8000 fiches sont actives, bien que les trois derniers attentats n’aient pas été commis par des personnes suivies dans le FSPRT.
Une centaine d’étrangers recensés dans ce fichier sont passibles d’une expulsion prochaine. Darmanin a aussi annoncé une visite dans les trois prochaines semaines en Tunisie, Algérie et Russie (après celle du Maroc) pour renforcer la collaboration entre ministres de l’Intérieur et accélérer le retour des ressortissants étrangers incriminés dans leurs pays.
Gérald Darmanin a insisté sur la notion d’armes légales pour lutter contre l’islamisme.
« Nous avons besoin d’armes législatives supplémentaires non pas tant pour lutter contre le terrorisme mais lutter contre cette zone grise qu’est l’islamisme radical et l’islamisme politique ( …) Tout islamisme politique ne mène pas au terrorisme, mais on voit bien qu’il y a un lien »
La loi SILT (état d’urgence) et le prochain texte sur les séparatismes présenté le 9 décembre forment et formeront les deux piliers de la lutte contre ceux que Darmanin appellent « les ennemis de la République ».
« La pression communautaire d’un service public n’est pas pénalisé, ce n’est pas un délit. Si vous considérez que cela est anormal, il faut accepter de voter la loi que nous vous proposerons le 9 décembre qui prévoira de pénaliser ces pressions communautaires. »
Sur les mosquées et les imams, le premier flic de France a évoqué d’autres chiffres.
43 lieux de culte musulmans ont été fermés depuis 2017 sur la base de la loi SILT. Le système des imams détachés, qui concerne 400 personnes, sera supprimé dès 2023.
« Nous suivons aujourd’hui 75 lieux de culte (…) Des mesures pour que les responsables de ces lieux de culte rigoristes fassent le ménage seront prises (…) Un avertissement amical sera adressé pour que l’islam rigoriste ne soit pas en lien avec l’islam radical ou politique. »
A lire également :