Entre super-héros LGBT et héroïnes au service du Mossad israélien, les dernières productions Disney ont été largement boudés dans les pays arabes, jetant les bases d’un désamour durable pour la firme Marvel. Explications.
Ils illuminent les écrans par leurs super-rayons, leur puissance physique ou leurs dons télépathiques. Les héros de la saga marvel, popularisés depuis plusieurs décennies par les bandes-dessinés, puis diffusés au niveau mondial par les blockbusters du cinéma américain avec un rendement de plusieurs milliards de dollars, connaissent un succès sans fin. Mais certaines portions du globe n’ont que peu apprécié les dernières sorties désormais financés et promus par les studios Disney.
Des superhéroïnes pro-israéliennes
C’est le cas de plusieurs pays arabes qui n’apprécient guère le parti pris de certains personnages féminins de l’univers marvel. A commencer par Sabra, nouveau nom d’une héroïne aux couleurs du drapeau israélien. Le personnage sera prochainement interprété à l’écran par Shira Haas, actrice israélienne nommée aux Emmy Awards pour la série Unorthodox, dans Captain America 4 : New World Order, prévu en 2024.
Une campagne avec le hashtag « Captain Apartheid » a été aussitôt organisé sur Twitter, accompagnée d’une lettre ouverte aux studios Marvel et Disney, accusés de « légitimer les crimes du gouvernement israélien » selon le géopolitologue Jean-Pierre Filiu.
Ce n’est pas la première fois que Marvel se retrouve associé directement ou indirectement à la politique israélienne.
L’actrice israélienne Gal Gadot, qui campe le rôle de Wonder Woman avait par exemple exprimé son soutien à l’agression israélienne de 2014 sur la bande de Gaza, ce qui avait valu une interdiction de diffusion de son film au Liban.
Les massacres de Sabra et Chatila
Avec Sabra, la chose prend une autre tournure puisque l’héroïne porte le nom d’un des camps palestiniens au Liban qui a été victime de massacres en septembre 1982 perpétrés par des phalanges chrétiennes libanaises armées par les Israéliens. Les auteurs ont rétorqué que Sabra est un mot hébreu désignant les juifs nés en Palestine.
Dans les colonnes de Variety, Marvel a déjà promis une «nouvelle approche» du personnage de Sabra, indiquant que le scénario n’était pas bouclé. «Bien que nos personnages et nos histoires s’inspirent des bandes dessinées, ils sont toujours rafraîchis et réimaginés pour l’écran et le public d’aujourd’hui. Les réalisateurs vont adopter une nouvelle approche avec le personnage de Sabra», a déclaré le studio Marvel, cité par Le Figaro.
A lire également : Marvel et la stratégie babylonienne de l’inclusivité
Mais les accusations de parti pris pro-israélien ne sont pas les seules causes de ce désamour.
L’intégration de scènes ou de personnages ouvertement homosexuels a suscité de nombreuses interdictions de projections dans des pays musulmans où la morale religieuse considère l’homosexualité comme une déviance, une pratique contre-nature et l’expression d’une forme de perversité blâmable.
L’échec de la « Marvel pride » dans le monde arabe
Le quatrième volet de Thor a été ainsi interdit en Egypte, au Koweït et au Bahreïn pour penchants homosexuels de la reine Valkyrie, l’un des personnages. Censure également pour « Buzz l’éclair » aux Emirats-arabes-Unis pour un baiser entre deux personnages féminins. Le dernier volet de Doctor Strange a aussi été interdit en Egypte, en Arabie saoudite, au Qatar et au Koweït, en raison de la présence d’America Chavez, une lesbienne.
Malgré les tentatives de toucher la jeunesse du monde musulman via Miss Marvel/ Kamala Khan portée par l’actrice canado-pakistanaise Iman Vellani, le divorce entre Marvel et les pays arabes semble consommé.