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jeudi 21 novembre 2024

La Ka’ba a-t-elle été construite par Ibrahim ?

La Ka’ba a-t-elle été bâtie ou rebâtie par Ibrahim (Abraham), Prophète et Messager de Dieu, père et patriarche du monothéisme ? La réponse de l’imam et écrivain Ahmad Kanté dans une publication synthétique, à la lumière du texte coranique, publiée sur Mizane.info.

127. « Et quand Abraham et Ismaël élevaient les assises de la Maison (Ka’ba) : « Ô notre Seigneur, accepte ceci de notre part ! Car c’est Toi l’Audient, l’Omniscient.

128. Notre Seigneur ! Fais de nous Tes Soumis, et de notre descendance une communauté soumise à Toi. Et montre nous nos rites et accepte de nous le repentir. Car c’est Toi certes l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux.

129. Notre Seigneur ! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier. Car c’est Toi certes le Puissant, le Sage ! »

La Ka’ba a-t-elle été bâtie ou rebâtie ?

Un débat s’est posé sur l’édification de la Kaaba par Ibrâhîm aidé de son fils : s’agissait-il d’une toute première édification ou d’une refondation ? Sur la base de la règle fondamentale de l’exégèse du Coran (le Coran explique le Coran), notre préférence va à la reconstruction avec entre autres arguments, les suivants :

– l’expression coranique « quand Ibrâhîm et ismâ-îl eurent élevé les fondations (assises) de la Maison » semble indiquer la préexistence de fondations. Cette expression « élévation de fondations » introduit une différence avec la construction « al binâ » ordinaire ou habituelle d’une maison.

– un certain nombre de versets laissent entendre que cette Maison de Dieu (Allah, Exalté-soit-Il)) existait avant Ibrâhîm (paix sur lui) comme celui où le Créateur et Maître des mondes indique à ce dernier l’emplacement de la Kaaba ou l’y amène selon une autre interprétation (Coran 22 : 26).

– Et quand Nous indiquâmes pour Abraham le lieu de la Maison (La Kaaba) [en lui disant]: « Ne M’associe rien; et purifie Ma Maison pour ceux qui tournent autour, pour qui s’y tiennent debout et pour ceux qui s’y inclinent et se prosternent ».

Cet autre verset est clair sur le fait qu’Ibrâhîm a installé son épouse Hâjar et son fils Ismâ-îl dans un lieu désertique tout en faisant allusion à la Maison de Dieu (Allah).

Coran 14 : 37

– « Ô notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée [la Kaaba], – ô notre Seigneur – afin qu’ils accomplissent la Salat. Fais donc que se penchent vers eux les coeurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants? »

– Enfin, le verset 96 de la sourate 3 qui indique que la première Maison dédiée à Allah pour les humains (an-nâs), à commencer par Adam lui-même (paix sur lui), a été celle de Baaka (la Mecque), la Kaaba.

« La première Maison qui a été édifiée pour les gens, c’est bien celle de Bakka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l’univers. »

Le verset 127 nous fait connaître l’invocation qu’Ibrâhîm et son fils ont adressée à Dieu après avoir achevé la (re) construction de la Kaaba. Ces deux patriarches enseignent la voie de l’humilité à tout croyant dans son rapport à la bonne œuvre : la Ka’ba comme édifice matériel fait de terre et d’eau à pris forme sur quelques mètres de hauteur. Reste pour le maître d’ouvrage et son assistant à s’interroger : leur œuvre contribuera-t-elle à les rapprocher de Dieu ?

Se pose donc la question de l’exaucement de l’œuvre (qabul) au-delà de sa validité formelle pour le croyant scrupuleux, humble et pieux. Nous sommes loin d’une attitude ostentatoire et triomphaliste qui consiste pour un croyant à se croire sauvé par l’accomplissement de ses bonnes œuvres. D’ailleurs, les jurisconsultes font bien la distinction entre la validité d’une bonne œuvre (sihhatul ‘amal) et son acceptation « qabûl » par le Seul qui puisse évaluer l’oeuvre, à savoir, le Créateur et Maître des mondes.

Le sens de l’islam abrahamique 

Puis, les deux patriarches invoquent le Créateur et Maître des mondes afin qu’il les assiste dans leur volonté de Lui être à jamais soumis et d’en faire de même pour leur descendance. Les termes « muslimayni » et « ummatan muslimatan » renvoient à l’islam.

Ibrâhîm et Ismâ-îl étaient donc des musulmans au sens qu’ils étaient fidèles à une Alliance bâtie sur la foi dans le Dieu unique et l’observation de Ses commandements. Le verset 132 de cette même sourate 2 vient confirmer cette vérité.

Coran 2 : 132

– « Et c’est ce que Abraham recommanda à ses fils, de même que Jacob: « Ô mes fils, certes Dieu vous a choisi la religion: ne mourrez point, donc, autrement qu’en Soumis (à Dieu) ! ».

Après avoir demandé au Très-Haut d’accepter leur œuvre spirituelle motivée par la seule intention de restaurer ou reconstruire la Kaaba afin d’obtenir Son agrément, les deux patriarches recherchent Sa guidance pour accomplir comme il sied le pèlerinage (hajj).

On peut comprendre le terme « manâsik » comme étant l’ensemble des pratiques rituelles du hajj. A travers cette invocation, les deux patriarches indiquent encore la voie aux croyants : c’est du Créateur et Maître des mondes que doit venir le fond et la forme du culte à Lui vouer. Puis, les deux patriarches associent à la demande d’acceptation de leur œuvre matérielle, le pardon des fautes par le repentir.

La pratique révélée du Hajj sera accomplie et enseignée par ces deux patriarches jusqu’à ce que plus tard, elle soit dévoyée et la Ka’ba remplie d’idoles!

C’est ainsi que l’enjeu majeur de la « conquête » de la Mecque fut la restauration de ce pèlerinage originel et la purification de la Ka’ba de tout objet et actes d’idolâtrie.

Ahmad Kanté

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