L’Union européenne importe environ 40 % de sa consommation de miel. D’après le rapport de la Commission européenne, la moitié de ce miel serait coupé au sucre, autrement dit altéré. Focus.
L’Union européenne importe environ 40 % de sa consommation de miel. Or, d’après le rapport du service de recherche de la Commission européenne et de l’Office européen de lutte antifraude, la moitié de ces miels seraient coupés avec des sirops de sucre à base de riz, de blé ou de betterave sucrière. Sur 320 échantillons contrôlés dans seize Etats européens, environ 46 % sont suspectés d’être frauduleux.
La Turquie et la Chine sont portés au pilori avec 74 % des 89 miels originaires de Chine jugés suspects tout comme la quasi-totalité des miels importés de Turquie (14 sur 15). L’Europe représente le deuxième importateur mondial de miel après les Etats-Unis
Une pratique frauduleuse à grande échelle
Diligenté par la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, cette vaste opération de contrôle fut exécuté, en collaboration avec 16 pays européens, entre novembre 2021 et février 2022.
Les chiffres sont effrayants : sur 123 exportateurs de miel vers l’Europe, 70 sont frelaté et sur 95 importateurs européens contrôlés, les deux-tiers seraient concernés par au moins un lot suspect. En France, sur 21 échantillons prélevés, seuls 4 étaient du véritable miel. En Allemagne, où l’on trouve la majorité des importations européennes, la moitié des 32 échantillons prélevés sont frauduleuses.
Enfin, au Royaume-Uni, la totalité des 10 miels, entrés sur le territoire, sont considérés comme non conformes aux règles européennes. L’ONG Foodwatch dénonce :
Un résultat alarmant qui démontre que le marché européen est une véritable passoire qui permet aux fraudeurs d’écouler leurs faux produits.
Principale technique illégale mise en évidence : l’ajout de sirops de sucre mais aussi le recours à des additifs et colorants ou encore la falsification des informations de traçabilité.
Un « électrochoc politique » sollicité
Pour les professionnels de l’apiculture en France, ces résultats n’étonnent pas. Le porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), Henri Clément, indique :
« Nous alertons sur les miels artificiels depuis de nombreuses années. Du fait des dégradations de l’environnement, les récoltes sont de plus en plus irrégulières mais il y a toujours autant de miel sur le marché : il y a nécessairement des quantités toujours plus importantes de miels contrefaits et un défaut des contrôles. »
L’ONG de défense des consommateurs, Foodwatch, par la voix de sa porte-parole, Ingrid Kragl réclame « des moyens de contrôles à la hauteur ».
« Nous demandons maintenant un électrochoc politique : la fraude est massive et sous nos yeux, mais elle reste un tabou. Nous voulons des moyens de contrôles à la hauteur de l’enjeu et une méthodologie harmonisée pour repérer la fraude au miel. Les citoyens ont le droit de savoir s’ils consomment des produits hors-la-loi. »