La Sauvegarde de la Seine-Saint-Denis est une association missionnée par l’Etat pour assurer le suivi de 105 jeunes signalés comme « radicalisés ». Il y a trois semaines, cette association livrait ses conclusions sur son travail mené depuis 2015. Le constat est catégorique. « La plupart sont des adolescents (…) qui avaient une méconnaissance totale de la religion ».
105. C’est le nombre de jeunes suivis depuis 2015 par l’association La Sauvegarde de la Seine-Saint-Denis. Celle-ci a livré ses conclusions il y a trois semaines au cours d’un colloque à la bourse du travail de Bobigny qui a fait grand bruit après le désistement de plusieurs officiels suite à la présence du sociologue Saïd Bouamama.
Déviances et méconnaissance radicale de l’islam
Cette polémique a occulté néanmoins des éléments essentiels révélés par Zorha Harrach Ndiaye, en charge du suivi des jeunes signalisés pour « radicalisation ».
« La plupart sont des adolescents qui ont utilisé l’islam comme un médicament, mais qui avaient une méconnaissance totale de la religion » explique-t-elle dans les colonnes du Parisien.
Les anecdotes dévoilées par la structure en disent long sur le fossé béant qui existent entre ces jeunes et l’islam.
A lire aussi : Radicalisation : les dérives d’un rapport d’état
Un jeune homme, longue barbe, qui ne serait pas la main aux femmes « ne connaissait rien à l’islam, ne priait pas et regardait du porno la nuit ».
Une adolescente en jilbab se prostituait et consommait de l’alcool.
Pour les acteurs de La Sauvegarde de la Seine-Saint-Denis, les causes de la rupture de ces jeunes sont psychologiques et associées à des parcours de vie familiale déstructurés marqués par des foyers monoparentaux gérés par des mères et en rupture avec les pères.
L’absence du père est l’une des causes récurrentes des processus menant à des comportements asociaux et/ou violents, chez les adolescents et les adolescentes. « Ce sont des rendez-vous manqués avec la protection de l’enfance », déclare Elisa Aigner, assistante sociale et coordinatrice du dispositif.
Ne pas dissocier le psychique du politique
Pour Malika Mansouri, il est dangereux de vouloir « dissocier le psychique du politique » sur ce sujet, comme cela était par exemple préconisé dans le dernier rapport des députés Diard et Poulliat sur la radicalisation.
Zorha Harrach Ndiaye tire la sonnette d’alarme et met en garde contre une stratégie d’amalgame qui alimenterait la rupture sociale de ces jeunes en fragilité psychologique.
A lire : La radicalisation, une arme à double tranchant
« La manière dont cette question de la radicalisation violente est administrée peut mettre en danger notre état de droit, en provoquant justement la radicalisation de ceux qui nous regardent dans les quartiers et dans les prisons. Il faut trouver des réponses sécuritaires mais aussi de prévention de toutes les formes de radicalisation menant à la violence, avec des programmes courageux » ajoute-t-elle.
Une vingtaine de personnes sont toujours suivies par l’association.
A lire également :