Modèle illustré de la Grande mosquée Eyyub Sultan de Strasbourg.
La fédération associative musulmane franco-turque a été nommément critiquée par le porte-parole du gouvernement et ciblé avec deux autres fédérations par le ministre de l’Intérieur. « Il n’y a rien à négocier avec ces gens-là », s’est exclamé Gérald Darmanin. Le président de la CIMG (Milli Görus) regrette des accusations sans fondements. Le focus de la rédaction.
C’est un nouvel avertissement que le gouvernement français a lancé aux fédérations musulmanes (CIMG, le CCMTF et Foi et Pratique) qui n’ont pas signé la charte des principes de l’islam de France.
La CIMG qui est la fédération musulmane franco-turque créée par le mouvement historique du Milli Görus a été citée particulièrement par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Cette fédération a-t-il dit sur BFM TV va « à l’encontre des valeurs de la République » et « n’a pas vocation à organiser des activités, à exister dans la République ».
Gabriel Attal a justifié sa position par le fait que l’association irait « à l’encontre des valeurs de la République, qui se bat contre les valeurs de la République, contre l’égalité entre les femmes et les hommes, contre la dignité humaine, évidemment qu’elle n’a pas vocation à organiser des activités, à exister dans la République ».
Des mots très durs qui n’ont pas été précisés plus avant mais qui ne se traduiront pas par une procédure de dissolution a poursuivi le porte-parole du gouvernement.
D’autres acteurs publics comme la préfète de la région Grand-Est ont exprimé la même critique justifiant cette position par la proximité politique supposée de la CIMG avec Ankara et par le fait que la Turquie n’aurait pas signé la Convention d’Istanbul de lutte contre la violence.
Accusations sans fondement pour la CIMG
Des accusations gratuites et sans fondement pour la Confédération Islamique Millî Görüş France (CIMG) qui a répondu aux propos de la préfète dans un communiqué adressé à notre rédaction.
« La CIMG France n’a jamais milité contre la Convention d’Istanbul de lutte contre la violence à l’égard des femmes, comme l’allègue faussement Madame la préfète. En fait, Madame la préfète tombe dans le travers de nous attribuer un soutien aveugle aux positions de l’actuel gouvernement turc. En bref, elle nous renvoie à nos prétendues origines. Les racines de Millî Görüs dans l’immigration turque sont indéniables. Or, la CIMG France est depuis longtemps française. Nos membres sont à majorité français, et proviennent d’origines diverses. Nous avons créé des établissements pour la formation d’imams français en France. N’est-il pas temps de cesser de traiter les musulmans français comme des étrangers ? »
De son côté, le ministre de l’Intérieur qui est aussi chargé des cultes a adressé un avertissement musclé aux trois fédérations non signataires de la dernière version de la charte des principes de l’islam de France. « Les gens qui se livrent à des ingérences étrangères ou qui encouragent l’islam politique auront de très gros problèmes, qu’ils s’attendent à avoir l’Etat sur leur dos matin, midi et soir », a-t-il déclaré au Point, ajoutant qu’il n’y a « rien à négocier » avec elles.
Des positions qui ont suscité l’inquiétude de Fatih Sarikir, président de la CIMG.
« Monsieur le ministre sans apporter la moindre explication claire et étayée, tient des propos ambigus et inexacts en nous accusant de faire de « l’islam politique » et d’être des «pro turc », nous renvoyant ainsi à nos origines. Nous sommes très inquiets face à ces propos qui nous désignent telles des cibles et qui suscitent l’exaspération et la méfiance, voir le rejet de nos concitoyens à notre égard. »
Le financement de la Grande mosquée Eyyub Sultan
Des critiques contre la fédération musulmane franco-turque qui interviennent en plein moment d’une polémique sur le financement de la Grande mosquée Eyyub Sultan de Strasbourg, rattachée à la CIMG.
La préfète de la région Grand-Est et le président LR de la région, se sont ainsi opposés au principe d’une participation de la ville au financement de la construction de la Grande Mosquée Eyyub Sultan de Strasbourg, conforme pourtant au droit local prévu par le concordat.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur a confirmé l’organisation des « assises territoriales pour la départementalisation de l’islam de France, « qui jusqu’à présent était plutôt organisé au niveau national ou régional, faisant la part belle à des gens qui n’étaient pas toujours très représentatifs (…) près de la moitié des mosquées en France ne sont pas affiliées à une fédération et beaucoup de musulmans ne se reconnaissaient pas dans ce système ».
Cette annonce s’inscrit dans le fil de celles du président du Conseil Français du Culte Musulman, Mohammed Moussaoui, en pleine scission de l’institution.
Une orientation qui semble confirmer la volonté de l’actuel exécutif d’exclure les fédérations non signataires de la charte et de contourner le CFCM par une réorganisation au préfectoral. Des fédérations qui de leur côté contestent avoir rejeté la charte, ayant demandé des modifications préalables.
Affaire à suivre…
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