Lie Tseu est l’un des grands noms de la tradition du Tao (taoïsme). Son Traité du vide parfait et ses textes sur la destinée font partie du patrimoine universel de la sagesse et de la spiritualité universelle. Mizane.info publie quelques extraits de son œuvre.
« Un homme perdit sa hache. Il soupçonna le fils du voisin et se mit à l’observer. Son allure était celle d’un voleur de hache; l’expression de son visage était celle d’un voleur de hache; sa façon de parler était tout à fait celle d’un voleur de hache. Tous ses mouvements, tout son être exprimaient distinctement le voleur de hache. Or, il arriva que l’homme qui avait perdu la hache, en creusant par hasard la terre dans la vallée, mit la main sur cet outil. Le lendemain, il regarda derechef le fils du voisin. Tous ses mouvements, tout son être n’avaient plus rien d’un voleur de hache. »
Sur le rêve
« Certains rêvent de festins, et pleurent au réveil; d’autres pleurent dans leurs rêves, et à l’aurore partent à la chasse. Or, les uns et les autres, pendant leurs rêves, ne savent pas qu’ils rêvent, et parfois rêvent qu’ils sont en train de rêver. Ce n’est qu’au moment de leur réveil qu’ils savent qu’ils rêvent. Ce n’est que lors du grand réveil qu’on sait que tout n’a été qu’un grand rêve. La foule ignorante se croit éveillée en distinguant le prince d’un berger. Quel préjugé !
« Kong-tseu et toi-même, vous n’êtes que des rêves. Je te dis que tu rêves, cela aussi est un rêve. » Ces paroles sont extraordinaires et paradoxales. Dans la suite des siècles, un grand sage les comprendra un jour. Ce jour viendra aussi vite que le temps passe du matin au soir. »
(…)
« Jadis, Tchouang Tcheou rêva qu’il était un papillon voltigeant et satisfait de son sort et ignorant qu’il était Tchouang Tcheou lui-même. Brusquement il s’éveilla et s’aperçut avec étonnement qu’il était Tcheou. Il ne sut plus si c’était Tcheou rêvant qu’il était papillon, ou un papillon rêvant qu’il était Tcheou. Entre lui et le papillon il y avait une différence. C’est là ce qu’on appelle le changement des êtres. »
Le taoïsme, une sagesse métaphysique
« Quel est le but du voyage ? Le voyageur suprême ignore sa destination. L’observateur suprême ignore ce qu’il contemple. Tout est voyage. Tout est observation. C’est ce que j’appelle voyager, c’est ce que j’appelle observer. »
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« Il existe un engendreur inengendré, un transformeur intransformé. L’inengendré peut engendrer, l’intransformé peut transformer. L’engendré ne peut pas ne pas engendrer, le transformé ne peut pas ne pas transformer. D’où générations et transformations perpétuelles et omniprésentes, le Yin et le Yang, les saisons. Il semble que l’inengendré soit unique, que sa Voie soit inobstruable, que l’intransformé aille et vienne, sans limites. »
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« Dire que l’univers sera détruit est une erreur. Je ne sais s’il le sera. Cependant, l’une et l’autre affirmation sont identiques. Les vivants ne connaissent pas la mort, les morts ne connaissent pas la vie, le futur ne connaît pas le passé, le passé ne connaît pas le futur. Pourquoi s’inquiéter d’une éventuelle destruction ? »
(…)
« Lie-tseu leur dit : « De quoi vous étonnez-vous ? Quand on a obtenu ce qu’on demande, pourquoi encore parler ? Ainsi le sage se tait lorsqu’il a obtenu la vérité. Le silence de Nao kouo tseu est plus significatif qu’aucune parole. Son air d’indifférence recouvre une science parfaite. Cet homme ne parle ni ne pense plus, car il sait tout. Cela n’a rien d’étrange. »
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