« Nous sommes très heureux de cette décision et soulagés. Hassan Iquioussen va pouvoir se défendre sur le fond. Nous avions confiance en la justice ». C’est une première victoire pour les partisans de l’imam Hassan Iquioussen. Le tribunal administratif de Paris vient de décider la suspension de son expulsion vers le Maroc. Une expulsion rendue publique et souhaitée par Gérald Darmanin, qui sort grand perdant dans cette affaire. Retour sur les faits.
Une première victoire incontestable ! Pour le clan Iquioussen, la joie a désormais pris le pas sur l’inquiétude. Depuis plusieurs jours, l’imam et conférencier du Nord Hassan Iquioussen était sous le coup d’un arrêté d’expulsion immédiat du territoire français vers le Maroc, son pays d’origine.
«J’ai signé moi-même l’arrêté d’expulsion ministériel de monsieur Hassan Iquioussen» avait surenchéri Gérald Darmanin face à un député d’extrême droite (RN) qui l’interrogeait à l’assemblée nationale, estimant que l’imam n’avait rien à faire sur le sol français en raison de propos tenus il y a une vingtaine d’années. Hassan Iquioussen avait même été placé sur le fichier des personnes recherchées. Une situation jugée absolument disproportionnée pour beaucoup de responsables musulmans qui lui ont exprimé leur soutien. Le ministre de l’Intérieur a annoncé avoir fait appel de cette décision au Conseil d’Etat.
La décision du tribunal de Paris qui étudiait le référé liberté de maître Lucie Simon a donc sonné comme une douche froide pour le ministre de l’Intérieur qui avait médiatisé cette annonce en signe d’une politique dure et intransigeante menée contre les « discours déviants » émanant des clercs de la communauté musulmane. Pour faire un exemple.
Le tribunal a jugé recevable la requête de l’avocate Lucie Simon et estimé que Hassan Iquioussen ne constituait aucune menace à l’ordre public ou à l’Etat et a retoqué tous les griefs énuméré par la représentante du ministère de l’Intérieur. Le tribunal a jugé que cette décision portait une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale de Hassan Iquioussen. A l’exception d’anciennes déclarations sur les femmes au foyer, jugées discriminantes. La justice a également ordonné qu’un récépissé de séjour de trois mois soit immédiatement accordé à l’imam.
Dans le clan Iquioussen, c’est la joie et la confiance qui dominent. « Nous sommes très heureux de cette décision et soulagés. Hassan Iquioussen va pouvoir se défendre sur le fond. Nous avions confiance en la justice » a déclaré l’un de ses membres à la rédaction de Mizane.info.
Une mobilisation importante des mosquées françaises et de plusieurs personnalités de gauche avait permis à l’imam de jouir d’un soutien dans l’opinion publique, témoignant du caractère infondé et disproportionné de la mesure décidée par la préfecture du Nord.
La journée avait pourtant mal commencé pour Hassan Iquioussen puisque la cour européenne des droits de l’Homme avait refusé de suspendre l’arrêté d’expulsion.
Une plaidoirie équilibrée et une présence massive des soutiens de l’imam du Nord en décidé autrement.
Mais l’affaire n’est pas terminée. Le Conseil d’état, saisi d’un appel par Gérald Darmanin, devrait rendre son verdict d’ici quinze jours et décider de confirmer ou d’annuler cette suspension d’expulsion.