En France, l’avenir et l’espoir d’une religion musulmane aux couleurs du progrès et de la positivité porte un nom : l’islam des Lumières (IDL). Notion diffusée massivement dans le discours public sur la seconde religion de France, l’IDL, patronymisé par feu Malek Chebel a pourtant mal vieilli. Lumières sur un concept ambigu.
Impossible de ne pas tomber dessus. Depuis quelques mois, l’expression sature le champ lexical des officines institutionnelles et assimilées consacrées à la diffusion d’une vulgate républicaine et éclairée d’un islam dit des Lumières. L’expression n’est pourtant pas nouvelle. Elle remonte au milieu des années 1990.
De son vivant Malek Chebel, auteur d’un « Manifeste des Lumières » en a revendiqué la propriété. « Lorsque j’ai lancé il y a plus de dix ans l’expression « islam des Lumières », je n’avais pas imaginé la vogue qu’elle connaîtrait dans la plupart des milieux qui s’intéressent à cette religion » (Manifeste pour un islam des Lumières, Malek Chebel).
On se souvient de la collection « L’islam des Lumières » (IDL) publiée par Albin Michel sous la direction de Rachid Benzine.
Des ouvrages présentant quelques figures contemporaines censées incarner cet esprit des Lumières. « L’islam entre le message et l’histoire » d’Abdelmajid Cherfi, « L’islam sans soumission : pour un existentialisme musulman » d’Abdennour Bidar, « Le Coran au risque de la psychanalyse » d’Olfa Youssef sont quelques-uns des titres proposés par cette collection.
Une inflation événementielle pour promouvoir les Lumières
Du côté événementiel, ses partisans ne sont pas en reste. Les fondations et associations se réclamant des Lumières se multiplient. L’association pour un Islam du XXIe siècle a tenu un colloque international à l’UNESCO au cours duquel a été exprimé par de nombreuses voix laïques des appels pour un islam moderne, libéré de la gangue fondamentaliste.
La Fondation Malek Chebel a récemment rendu hommage à l’Institut du Monde arabe, à l’islamologue et anthropologue disparu. Un hommage sous la houlette de Diderot, l’un des chantres du matérialisme athée du XVIIIe siècle, « afin que plus d’hommes soient éclairés et que chacun participe, selon sa portée, à la lumière de son siècle ».
La Fondation Chebel n’est pas seule en piste. La Fondation Mohamed Arkoun portée par la veuve du penseur algérien tente tant bien que mal de se frayer un chemin vers les sentiers du public.
Enfin, la Fondation de l’islam de France (FIF) n’est pas la moindre de ces institutions.
Sur son site internet, l’institution portée par l’inénarrable Ghaleb Bencheikh, propose un campus Lumières d’islam sous la devise « Sapere aude », « Ose penser par toi-même ».
Cette devise d’Horace reprise par Kant dans un texte célèbre intitulé « Qu’est-ce que les Lumières » a été de tout temps le slogan de la faction des Lumiéristes.
La FIF a le mérite de proposer la définition la plus précise de cette démarche :
« Le « Campus Lumières d’Islam » se place en effet sous un double sceau. Celui de l’Islam, avec ce « i » majuscule qui fait référence à sa civilisation, à la grandeur et la puissance dont elle a témoigné dans l’histoire.
Et celui des Lumières telles que la France les a portées, héritage de la Révolution française constitutif de notre République : privilégier la raison, le raisonnement, apprendre, débattre, avoir le courage de penser par soi-même comme citoyen capable de s’abstraire, dans l’espace commun du débat, des dogmes ou de la Révélation propres à chacun ».
Il s’agit pour la FIF de « faire rayonner un islam dont l’humanisme et l’ouverture doivent être sources d’inspiration et de renouvellement, un islam compatible avec les exigences de notre temps. »
Rationalité, autonomie, humanisme : le tiercé gagnant de l’IDL
Penchons-nous un moment sur cette définition. L’islam des Lumières reprend à son compte le prestige civilisationnel de l’Islam.
Non pas celui de la religion et de ses valeurs, mais celui de la civilisation musulmane, de ses réalisations prestigieuses et de ses nombreux avatars (empires omeyyade, abasside, fatimide, ottoman, moghol, al andalous, etc).
Il s’appuie également sur l’héritage de la Révolution française et des valeurs portées par les Lumières. L’islam des Lumières est un islam qui se sert de la raison, qui débat avec les autres et qui est capable de s’émanciper des dogmes.
Un islam autonome, libre et qui s’affranchit de toutes limites. L’islam des Lumières met l’humain au cœur de son projet et s’ouvre à toutes les contributions de son époque. Autant dire que l’islam des Lumières est synonyme d’un islam moderne.
Pour Malek Chebel, l’islam des lumières est un compromis acceptable. « Ceux qui aiment l’islam et qui le défendent de l’intérieur considèrent que l’islam des Lumières est le compromis le plus actuel, le plus vivant et le plus dynamique qui puisse exister pour désigner la modernité à laquelle il aspire irrésistiblement ».
Mais Chebel va plus loin et parle d’un islam de combat contre l’obscurantisme (les mots « arme », « lutte » et « combat final » désignent ce champ terminologique), car de fait, il n’y a pas de Lumières sans Ténèbres. Les citations en ce sens sont nombreuses.
« De fait (…) on se rend bien compte qu’en islam, aujourd’hui, une lutte virulente oppose les tenants de l’obscurantisme à ceux du progrès (…) Les Lumières n’étant pas innées, il faudra se battre pour les allumer, en faire une arme d’épanouissement des individus en lieu et place des systèmes et des dogmes (…) La lutte immédiate contre les préjugés religieux et contre les amalgames n’est qu’une étape dans le combat final qui consiste à éloigner l’absolutisme ravageur des identifications étriquées… ».
L’IDL, un islam sécularisé ?
L’islam des Lumières est donc double : l’affirmation d’une positivité axiologique autour de la référence à la raison, mais aussi à la paix, au respect des opinions, à l’éthique du débat, à la défense de la culture, etc.
Et pour cela, rien ne vaut une cure thermale de la pensée baignée à la douce lumière de l’Ouest.
Mais l’islam des Lumières implique également, et simultanément, la nécessité de mener un combat contre l’obscurantisme religieux, le fondamentalisme, mais aussi l’islamisme, etc.
C’est ce que souligne Akram Belkaïd dans un article du Monde diplomatique intitulé « Réflexions sur l’islam des Lumières ».
« Cet aggiornamento contribuerait ainsi à réduire l’influence d’un islamisme politique rétrograde au profit d’une démocratie apaisée et sécularisée. L’hypothèse est alléchante et elle est reprise à l’envi par quelques personnalités de confession ou de culture musulmanes qui se font les hérauts d’un « islam des Lumières », concept séduisant en apparence mais dont le contenu reste à définir au-delà de la simple formule médiatique destinée à se démarquer de l’intégrisme. »
Poursuivons encore un peu le sens de cette notion qui, d’après les mots de M. Belkaïd, reste à définir. La parole est encore une fois à Malek Chebel.
« L’islam des Lumières se reconnaît d’abord à ses valeurs endogènes de progrès et à son optimisme philosophique (…) Je me suis d’ailleurs clairement inspiré des acquis fantastiques – esprit critique, préparation à l’approfondissement du savoir, méthode, anticipation et controverses – que l’Esprit des Lumières avait élaboré dans les pays du Nord, et qui ont produit les avancées spectaculaires de la conscience humaine et politique depuis deux siècles. »
Le compromis dont Chebel parlait repose finalement sur trois lignes forces : « marier foi et raison (…) juguler les violences les plus obscures et les moins identifiables (…) se battre pour mieux faire entendre la voix de la paix et du respect. »
Critique de l’islam des Lumières
Disons-le d’emblée, la première critique fondamentale qui peut être faite à cette notion éculée d’islam des Lumières est son caractère artificiel. L’islam des Lumières propose un islam sans islam, comprenez, un discours exogène dont l’islam n’est pas la source mais l’objet.
Dans l’expression islam des Lumières, la relation entre les deux termes (islam et Lumières) n’est pas corrélative mais possessive. Il s’agit d’un discours des Lumières sur l’islam, ce qui suppose déjà une distanciation et une distinction dans laquelle l’islam fait office d’objet et les Lumières de sujet.
Les Lumiéristes ne proposent donc pas un projet et une vision qui s’appuieraient sur l’islam mais propose un discours et une approche destinés à réformer certaines formes décadentes de l’islam contemporain à partir d’une ligne d’attaque externe.
Vidé de toute pensée autonome, ce qui est pourtant le propre des Lumières, et appelant sans relâche à imiter l’idéologie lumiériste, l’IDL est aujourd’hui un slogan, une forme de cache-misère, la tentative désespérée de faire exister un islam au vernis culturel qui soit amputé de toute référence spirituelle abreuvée aux sources coraniques.
Ils ne prennent pas appui sur le Coran ou sur les enseignements prophétiques pour y parvenir. Leur démarche n’est en aucune manière religieuse. Elle ne crée pas de lien entre la Transcendance et le monde des Hommes.
Elle consiste, selon leur vision, à greffer des souches positivistes dans le corps malade de l’islamisme, du fondamentalisme, de l’extrémisme religieux, etc.
Les Lumiéristes ne croient pas dans les capacités endogènes de revivification de l’islam contemporain dans ses formes multiples (spirituelles, sociales, culturelles, intellectuelles, éthique, etc).
Ils ne croient pas qu’il soit possible de s’appuyer sur la vision coranique de Dieu, du monde, de l’existence et de l’Homme pour y parvenir.
Leur approche n’est pas centrale mais périphérique et donc superficielle dès lors qu’elle se cantonne à la surface des phénomènes. L’Islam (la civilisation musulmane) les intéressent davantage que l’islam (la religion musulmane).
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Cette superficialité les amène à défendre des positions dénuées de sens telles que la défense d’un islam libéré des dogmes, alors que le propre d’une religion est d’être structurée autour de quelques dogmes, c’est-à-dire des croyances fondamentalement exclusives.
Indépendamment de cette remarque, nous rappelerons que Les Lumiéristes pratiquent eux aussi le dogmatisme. La suprématie de la raison instrumentale (à ne pas confondre avec la pensée, le Logos ou le ‘aql) est un dogme, quoi qu’on en pense.
Idem sur la symbolique dévoyée des Lumières et le manichéisme simplificateur (Lumières versus obscurantisme) employé par ses adeptes, un peu à la manière d’une forme de langage religieux sécularisé.
Vidé de toute pensée autonome, ce qui est pourtant le propre des Lumières, et appelant sans relâche à imiter l’idéologie lumiériste, l’IDL est aujourd’hui un slogan, une forme de cache-misère, la tentative désespérée de faire exister un islam au vernis culturel qui soit amputé de toute référence spirituelle abreuvée aux sources coraniques.
Cette ambiguïté de la faction des Lumières dans son rapport à l’islam (relatif en fonction des auteurs) est latente et permanente dans ses écrits ou ses discours. Elle tue dans l’œuf toute possibilité pour ses partisans de faire advenir la moindre réforme contemporaine.
C’est ainsi que cette approche réunit sur un même spectre des profils doxastiques (relatif à l’opinion) qui oscillent entre l’athéisme déclaré d’un Abdelwahhab Meddeb et la croyance éclairée et académique d’un Chebel.
Le décentrement radical par rapport à la référence religieuse permet ce mariage dont le champ d’action n’est ni spirituel, ni théologique, mais culturel et intellectuel.
La réforme musulmane ne peut faire l’impasse du religieux
Certes, on pourra nous rétorquer que Malek Chebel fait référence de temps à autre à tel ou tel verset du Coran, à telle ou telle figure du réformisme musulman ancien ou contemporain. Mais ces références restent anecdotiques et superficielles.
Elles ne témoignent pas sur le plan purement analytique d’un projet ancré à la source dans les valeurs et les fondements de la pensée islamique.
Il s’agit plutôt d’un raccordement de façade d’autant plus fragilisé par le fait que les mêmes auteurs soufflent simultanément le chaud et le froid sur leur rapport au sacré (qu’ils mobilisent tantôt, pour s’en distancier plus loin).
Sur le fond, ces références anecdotiques sont vite reléguées à la marge par l’ensemble du dispositif idéologique mobilisé par les Lumiéristes. Un dispositif qui s’inscrit dans un univers de pensée sécularisé, en rupture sur le plan de la pensée avec la référence religieuse qu’il s’agit de dépasser.
Un dispositif, il faut le souligner, orienté exclusivement vers un anthropocentrisme radical hostile à toute forme de théocentrisme, que nous avons déjà analysé dans d’autres écrits, et sur lequel nous ne reviendrons pas ici.
Cette première critique fondamentale est suffisante à disqualifier le projet de l’IDL. Tentant lui-même de dresser un pont entre modernistes et religieux, Akram Belkaïd appuyait déjà le fait qu’aucune réforme de l’islam ne pourrait faire l’impasse du religieux.
« On peut avancer l’hypothèse qu’aucune réforme majeure en islam ne sera acceptée si elle ne se fait pas dans un cadre interne à cette religion et par le biais d’acteurs légitimes aux yeux des croyants (…) L’un des grands défis de l’ijtihad tient dans le fait que les grands centres d’études islamiques lui sont opposés. Il faut donc espérer que, quelque part, des imams et des oulémas soient en train de relire les textes coraniques à l’aune des écrits d’Arkoun ou de Charfi. »
Nous évoquions le caractère exogène de l’islam des Lumières. Cet aspect se confirme dans les deux références civilisationnelles des Lumiéristes. La Grèce antique et l’Europe des Lumières sont les deux mamelles auxquelles ses partisans viennent s’abreuver.
Une relecture anachronique d’Averroès et Avicenne
Lorsqu’on observe la filiation des saints patrons musulmans adoptés par les partisans d’un islam des Lumières, on retrouve les figures classiques du rationalisme à travers Al Farabi, Ibn Sina et surtout Ibn Rushd.
L’usage exemplaire de la rationalité par ces maîtres de la pensée en font des ancêtres référentiels (salafs salihs) pour la faction des Lumières. D’autant plus qu’ils s’inspiraient abondamment d’Aristote et de la pensée philosophique grecque.
Ce qu’il faut souligner, c’est le fait que ces figures ne sont pas respectées pour leur contribution dans le domaine de la pensée musulmane en tant que telle mais davantage pour la nature de leur démarche rationaliste et leur ancrage dans la pensée grecque.
Les mêmes remarques peuvent être faites sur les réformistes contemporains (Afghani, Abduh, et l’ensemble des nahdayistes) et leur rapport à l’Europe moderne. Il s’agit de reproduire et d’introduire des outils et des méthodologies grecques (philosophie, logique, dialectique, rhétorique) et européennes (sciences humaines) appliqués au champ d’étude de l’islam.
Notre critique repose sur « l’incohérence » doctrinale de la doxa des Lumières qui pense l’islam à travers un paradigme intellectuel étranger à lui tout en se réclamant d’une posture musulmane. Elle se cristallise sur l’incapacité foncière des hérauts de l’IDL de s’inspirer et de se nourrir des plus beaux aspects de cette civilisation européenne pour apporter leur propre pierre à l’édifice, mais un édifice qui soit bâti sur la terre spirituelle et intellectuelle de l’islam. En ce sens, l’islam des Lumières relève bien d’une im-posture.
Les Lumiéristes font ainsi une relecture anachronique d’Avicenne et d’Averroès, en les décontextualisant de leur rapport structurel à l’islam, et ceci quelles que soient les lectures excommuniantes faites ici ou là par certains théologiens.
Il nous suffira de rappeler qu’Averroès était aussi versé dans les disciplines religieuses (juridiques) et que son texte « Examen critique et Solution de la question de l’accord entre la loi religieuse et la philosophie » (« Faṣl al-maqâl fima bayna al-sharî‘a wa-l-ḥikma min al-ittiṣâl ») est un avis juridique (fatwa).
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Si Averroès est une figure du rationalisme musulman, c’est bien d’abord parce qu’il est ancré dans les références islamiques. Averroès ne pense pas l’islam de l’extérieur mais de l’intérieur. Le cas d’Avicenne est plus complexe mais pas différent sur le fond.
Il va de soi que nous ne critiquons nullement les apports méthodologiques et les échanges inter-civilisationnels qui constituent la base de la connaissance. Il serait absurde et archaïque de le défendre et nous-mêmes ne nous privons pas d’aller puiser dans la richesse de ce patrimoine universel.
L’Europe a produit une civilisation brillante dont nous sommes également, en tant que musulmans d’Occident, les héritiers. Cette civilisation s’est construite sur des apports multiples, y compris musulmans (Al Andalus) tout comme l’Islam civilisationnel.
La tradition du Kalam (théologie) s’est elle-même appuyée sur les outils de la philosophie grecque et les penseurs musulmans ont contribué de manière décisive au développement et à l’essor de la pensée grecque en Occident.
Notre critique repose sur « l’incohérence » doctrinale de la doxa des Lumières qui pense l’islam à travers un paradigme intellectuel étranger à lui tout en se réclamant d’une posture musulmane.
Elle se cristallise sur l’incapacité foncière des hérauts de l’IDL de s’inspirer et de se nourrir des plus beaux aspects de cette civilisation européenne pour apporter leur propre pierre à l’édifice, mais un édifice qui soit bâti sur la terre spirituelle et intellectuelle de l’islam. En ce sens, l’islam des Lumières relève bien d’une im-posture.
L’arabo-centrisme de l’IDL
D’autres éléments expliquent le caractère décentré de l’IDL (islam des Lumières). Ses partisans pensent l’islam exclusivement à partir des sociétés arabo-musulmanes.
Cela tient sans doute au fait que la plupart de ses auteurs sont nés et ont été socialisés une partie de leur vie dans ces sociétés. Dans ces conditions, l’Occident apparaît vite, avec son modèle économique, ses universités, sa technologie et son libéralisme moral, comme un eldorado salvateur pour les sociétés arabes perçues comme fondamentalement immobilistes.
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L’enthousiasme des porte-voix de l’IDL ne leur permet pas de voir les zones d’ombres des Lumières qui demeurent pour elles un angle mort.
Autre gageure, les tenants de l’IDL ne parlent pas aux musulmans européens, américains ou français. Ils s’adressent aux islamistes ou aux imams et aux théologiens du monde arabe. D’où un dialogue de sourds inévitable.
« Le Manifeste pour un islam des Lumières » de Malek Chebel l’illustre bien. Outre le fait d’être un ouvrage pauvre sur le plan théorique, ce manifeste se résume à une série de propositions pratiques destinées au monde arabo-musulman.
L’IDL parle aux Arabes depuis l’Europe, à l’image d’un orientalisme de l’intérieur (ou intériorisé).
Cet enclavement explique aussi pourquoi ces factionnaires ont une audience faible, pour ne pas dire inexistante auprès des masses et qu’ils fassent l’objet de critiques de certains penseurs arabo-musulmans ou d’intellectuels musulmans d’occident.
Seuls les réseaux élitistes et mondains de la bourgeoisie laïque les accueillent à bras ouverts. L’IDL demeure le rêve laïque d’un islam bourgeois français.
Si une nouvelle pensée musulmane doit renaître de ses cendres, ce sera pour offrir au monde un retour radical au Réel (Al Haqiqa), qui lui permette de dépasser les écueils de la vraisemblance pour mieux se hisser vers la Vérité.
La proposition d’une nouvelle rationalité islamique qui puisse relier l’Homme vers le monde et vers l’Etre divin, quand la rationalité instrumentale les a disséqués et désunis, serait de nature à inaugurer cette renaissance authentique à laquelle nous appelons.
Fouad Bahri