Dans un communiqué consulté par la rédaction de Mizane.info, l’avocat de l’imam Mmadi AHAMADA dément catégoriquement les assertions de la préfecture de la Loire qui justifiait son expulsion du territoire français en raison d’un prêche. « Nous sommes extrêmement surpris du communiqué émanant de la Préfecture de la Loire qui tend à faire croire que le non-renouvellement du titre de séjour de Monsieur AHAMADA serait basé sur ses propos tenus lors du prêche. En effet, il n’en est rien« , écrit Maître Adas. Les explications sur Mizane.info.
Deux jours après, la nouvelle continue de faire du bruit. L’expulsion de l’ancien imam de la Grande mosquée de Saint-Chamond, Mmadi AHAMADA, vers les Comores, annoncée dans un communiqué de la préfecture de la Loire, était justifiée par la mention d’un prêche discriminatoire prononcé le 20 juillet 2021 .
Le passage du prêche incriminé aborde les rapports entre épouses et époux, et fait référence aux versets du Coran 32 et 33 de la sourate 33 Al Ahzab.
La version de la préfecture remise en cause
Pour la préfecture de la Loire, ces propos « sont incompatibles avec les principes et les lois de la République » et contraire à l’égalité homme-femme. Dans son communiqué, la préfète Catherine Séguin stipule donc avoir convoqué dès le lendemain, et sur la demande du ministre Gérald Darmanin, le président de la mosquée Attakwa et M. AHAMADA.
Après avoir condamné ces propos, la préfète aurait sommé le président de mettre fin aux fonctions de l’imam. La préfète indique que l’éloignement de M. AHAMADA et sa famille intervint après la prononciation de ce prêche, ce qui indique un lien de causalité.
Mais pour maître Adas, avocat en charge du dossier de Mmadi AHAMADA, cette version est fausse.
Dans un communiqué consulté par la rédaction de Mizane.info, l’avocat se dit « surpris » de ces déclarations qu’il conteste et revient sur les faits. Il précise ainsi que le tribunal administratif de Lyon a annulé dans sa décision les motifs de troubles à l’ordre public invoqués par le ministre de l’Intérieur.
« Monsieur Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur, a, par l’intermédiaire de la Préfecture de la Loire, refusé le renouvellement du titre de séjour de Monsieur AHAMADA, en soutenant que ledit prêche était discriminatoire et constituait un trouble à l’ordre public. Or, dans son jugement du 18 mars 2022, suite à l’action judiciaire intentée par le Conseil départemental du culte Musulman de la Loire et la Mosquée de Saint Chamond, le Tribunal administratif de Lyon a purement et simplement rejeté cette argumentation, aux termes d’une motivation parfaitement fondée en droit et en fait. »
Une expulsion fondée sur le titre de séjour
Maître Adas précise que le Tribunal administratif de Lyon a estimé que le contenu du prêche relevait du choix d’un ministre du culte et qu’il ne ressort d’aucune des pièces du dossier que Monsieur AHAMADA « aurait adopté ou incité des comportements attentatoires au principe d’égalité entre les hommes et les femmes ou promu tout type
de discrimination ».
Bien que le tribunal ait approuvé la décision d’expulsion de l’imam, celle-ci ne s’appuierait en aucune manière sur le contenu du prêche. La décision a été « fondée sur une irrégularité formelle liée à la nature du titre de séjour de ce dernier due à une erreur d’appréciation de la part de la Préfecture« , ajoute la défense de l’ancien imam de Saint-Chamond.
D’après certaines sources proches de la mosquée, le titre de séjour « visiteur » de l’imam ne lui permettait pas de travailler, ce qui aurait servi de base administrative pour son expulsion. Un fidèle proche de M. AHAMADA a confié à Mizane.info que » l’imam avait demandé un renouvellement de titre de séjour en avril 2021 et que l’affaire est intervenue en juillet 2021. C’est donc suite à ça que la préfecture ne lui a pas renouvelé son titre. Et c’est également sur une demande de Darmanin. Il a demandé sa suspension de ses fonctions d’imam ainsi que le non renouvellement de la carte« .