A 43 ans, Maryam Farghab est une femme engagée dans la Cité. Membre active d’une association de lutte contre l’autisme au Maroc, elle anime également un blog en coaching personnel tout en rédigeant des articles sur l’une de ses passions : la cuisine. Portrait.
A Maubeuge, sa commune de naissance, Maryam ne chôme pas. Mère de 4 enfants, âgée de 43 ans, Maryam est sur tous les fronts. Engagée dans la lutte contre l’autisme au Maroc, elle est présidente de l’association casa-autisme depuis 2006 qui vise à financer la construction d’un centre dédié à la lutte contre cette maladie à Casablanca, au Maroc. « Casa Autisme, a pour but in shaa Allah de construire un centre de prise en charge pour enfants et adultes autistes au Maroc. Un centre qui pourra accueillir et prendre en charge un maximum d’enfants et adultes avec mise à disposition de matériel et de professionnels compétents. Notre pays a besoin de ce centre comme il n’en existe aucun dans le royaume », écrit-elle sur le site de collecte des fonds.
« N’espérez rien de cet enfant »
Ce combat, Maryam y a été confronté elle-même en découvrant que ses enfants étaient « différents ». En 2005, la famille Farghab est au Maroc. La fille de Maryam a deux ans et sa mère découvre qu’elle est autiste, une différence qui n’est pas de celles qui sont prises en charge dans le Royaume chérifien. Commence un long chemin pour permettre à la benjamine de se rendre à l’école et d’être autonome. « J’étais au Maroc et je n’ai rien trouvé sur place, ni parents, ni associations. Je me suis mise à écrire en me disant que si d’autres parents recherchent des informations, ils me trouveront moi. Aucune école marocaine n’a voulu de ma fille car elle était autiste malgré le fait qu’elle était accompagnée. C’est la mission française qui l’a accueilli dans une école. » Si les écoles boycottent les enfants autistes, les pédopsychiatres baissent les bras et se ruent vers les psychotropes. « Les pédopsychiatres vous disent : n’espérez rien de cet enfant. Je suis la preuve vivante que c’est faux. Ma fille est en troisième, dans un établissement privé non spécialisé et elle prépare son brevet. Je lutte contre l’emploi de psychotropes par des pédopsychiatres. Les enfants n’en ont pas besoin. »
Engagement auprès des familles
A force de jeter des bouteilles à la mer, une aide lui est parvenue. « Un prof de l’université de Lille m’a contacté en me disant qu’ils formaient des psychologues en analyse appliquée du comportement ABA. Une de leurs stagiaires voulait faire un stage au Maroc dans des familles. J’ai trouvé une famille de Casablanca et deux autres de Rabat. Cette psychologue m’a donné les premiers outils pour une prise en charge huit heures par jour. » Comme il n’y a pas d’éducatrices spécialisés en autisme, Maryam a réussi à convaincre une étudiante à se former et à prendre en charge sa fille. Depuis, Maryam Farghab donne des conférences au Maroc pour partager son expérience avec les mamans d’enfants autistes. « Ne pas donner de médicaments, être patient, ne pas les frapper, si vous êtes épuisée prenez du temps pour vous » leur prodigue-t-elle comme conseils. Beaucoup de pères ont par ailleurs quitté le foyer conjugal ou abandonné l’éducation de leurs enfants autistes ce qui alourdit la charge des mères. Pour venir en aide aux familles autistes démunies qui ne peuvent assumer financièrement la prise en charge psychologique, orthophonique, psychomotricienne, Maryam lance régulièrement des cagnottes qu’elle reverse aux intéressés ou organise des collectes de jouets éducatifs utilisés dans la méthode Montessori. « Je me suis déplacé jusqu’en Belgique. Je vais à Paris en mai pour cela. J’ai enchainé une autre collecte de fourniture feutre, crayons de couleurs, pâte à modeler. Je m’y rendrai cet été au Maroc pour acheminer cette aide auprès des familles et des associations locales. Des mamans m’ont donné un coup de main pour récolter des fournitures ».
Coaching personnel et recettes de cuisine
Si la lutte contre l’autisme mobilise son temps et son énergie, Maryam Farghab n’en oublie pas pour autant deux autres dadas : le coaching personnel et la cuisine. Un blog et un site internet respectif détaillent ces deux autres formes d’engagements. Après un passage à vide il y a sept ans, qui l’ont amené à se remettre en cause radicalement, Maryam a donc décidé de proposer ses services de coaching personnel et son expérience à ceux qui en ont besoin. Tout en s’adonnant au plaisir de cuisiner et de partager ses recettes maison. Une polyvalence assumée. « A part être maman, j’ai été chef à domicile, autodidacte en pâtisserie, vendeuse en prêt à porter, bricoleuse, j’aime tricoter, faire de la couture, et je suis également présidente d’une association. »