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lundi 23 décembre 2024

Mohamed Bajrafil : « Vivons intelligemment en évitant le mal gratuit »

Et si Dieu aimait plus les pécheurs que les non-pécheurs ? C’est la question soulevée par le théologien et essayiste Mohamed Bajrafil dans une publication de Mizane.info.

Et si Dieu aimait plus les pécheurs que les non-pécheurs ? C’est une question très sérieuse que les anciens théologiens musulmans se sont posée des siècles durant. Notamment à partir d’un verset du Coran qui dit: « Dieu aime les repentants ainsi que ceux qui se purifient ». Et d’un propos du Prophète qui dit: « Si vous ne pêchiez pas, Dieu vous aurait remplacés par une autre espèce qui pécherait, Lui demanderait pardon et Il lui pardonnerait ».

Il est, en effet, vrai comme le fait remarquer Ibn al-Qayyim, dans ses Madārig, qu’il n’est nullement fait mention dans le Coran de l’amour de Dieu à l’endroit des non-pêcheurs. Si la remarque est pertinente, ce qu’il en a tiré comme conclusion me semble plutôt loin de la réalité, puisqu’il suppose l’existence d’humains non-pêcheurs. Ce qui n’est pas vrai, sauf pour les prophètes et messagers, avec un débat théologique sur la nature de la faute commise par un prophète ou un messager.

Pécher n’est donc pas une nature seconde chez l’homme. Plutôt une nature primaire, une nature sui-generis de l’homme. Chercher à ne pas pécher, c’est ce qui est contre-nature – contrairement à ce qu’on croit. Au demeurant, toute personne qui donne l’impression de ne jamais pécher cache souvent une déchéance devant laquelle même Baal Zebūb (Belzébuth) se sentirait saint. Et pour éviter qu’on s’en aperçoive, elle se drape d’une sainteté factice et se met à juger les autres.

Est-ce à dire pour autant qu’il nous est souhaitable de pécher ? Non, loin s’en faut. Et ce, même s’il nous est inévitable de pécher. Nous devons en revanche essayer de nous en éloigner. Notamment des péchés gratuits, qui sont ceux qui ne nous font rien gagner. Réfléchissons deux secondes. Que gagne-t-on à calomnier les autres? A les haïr ou à les rabaisser? Rien, à bien y réfléchir. Ce sont là des exemples de péchés gratuits! Que gagne-t-on à amputer un arbre d’une de ses feuilles ou à embêter une bête? Un faux plaisir éphémère dont on ne se souvent pas une seconde plus tard.

Les péchés majeurs – il n’y en a pas 460 ou je ne sais plus combien, comme l’affirme le savantissime shaféite, al-Hagar al-Haytamī- sont tous des péchés gratuits. Car gagne-t-on quelque chose à associer Dieu à quelque chose? À manquer à nos devoirs vis-à-vis de nos parents ? À mentir constamment ? À tuer ou violenter l’autre ? A lui confisquer son droit ?

Vivons donc intelligemment en évitant le mal gratuit, en priant Dieu de nous aider à reconnaître notre faiblesse en tant qu’homme et notre force en tant qu’être aimé de Son créateur, qui ne cesse de l’aimer, quand bien même il fait n’importe quoi! « Dis, demande le Coran au Prophète. Ô vous mes serviteurs qui avez outrepassé les limites sur leurs personnes! Ne désespérez point de la miséricorde divine. Dieu absout tous les péchés »! Et surtout soyons modestes car nul n’est infaillible.

Humainement vôtre !

Mohamed Bajrafil

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