Les deux associations gérant la mosquée d’Allonnes ont été accusées de promouvoir le terrorisme et la haine contre les non musulmans. « Nous nous inscrivons en faux contre l’intégralité des allégations » répond leur avocate qui évoque une action politique. La rédaction de Mizane.info fait le point.
A Allonnes, rien ne va plus. La mosquée a été fermée il y a quelques jours sur décision préfectorale. En cause, les deux associations gérant le lieu de culte, le Juste Milieu et Al Qalam, ont été toutes deux accusées de soutenir le terrorisme, d’embrigader des jeunes dans une école coranique, d’insulter les non musulmans, etc.
De graves accusations relayées dans la presse, sans la version des principaux intéressés.
L’avocate des deux associations a depuis rompua le silence sur France Bleu. Maître Nabila Asmane a balayé d’un revers de la main toutes les accusations de la préfecture. « Nous nous inscrivons en faux contre l’intégralité des allégations », a-t-elle déclaré. Pour la représentante des deux associations, la dimension politique de l’affaire semble évidente. « Mon sentiment est que le préfet de la Sarthe subit la procédure, qu’il n’en n’est pas à l’initiative. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond », précise-t-elle.
Nabila Asmane précise que « La manière dont les responsables des deux associations gérant la mosquée (d’Allonnes) sont décrits n’est pas celle dont les Allonnais les connaissaient, ni celle dont le maire de la ville (qui a dit qu’il tombait des nues) connaissait ces associations. Ce n’est pas la manière non plus dont, manifestement, le préfet les connaissait puisque lundi encore, il faisait remettre au président de la mosquée (employé par la municipalité) une médaille d’honneur pour toute l’œuvre accomplie au service des collectivités territoriales. »
Une note blanche à l’origine des accusations
Toutes ces raisons inspirent à l’avocate le recours à une « grande prudence sur ce dossier ». « Monsieur Darmanin fait de la politique. Moi, je fais du droit », a-t-elle ajouté.
La préfecture a, rappelons-le, accusé les deux associations de cultiver la violence au sein de la mosquée. « Des prêches et l’activité de ce lieu de culte légitiment le recours au jihad armé, la mort en martyr, la commission d’actes de terrorisme, le recours à la violence, la haine et la discrimination ainsi que l’instauration de la charia (…) (Le lieu de culte serait) fréquenté par des individus appartenant ou proches de la mouvance islamiste radicale. » « L’école coranique est également mise en cause, elle exposerait environ 110 enfants à des enseignements valorisant le jihad armé et servirait donc de « lieu d’endoctrinement » », écrit France Bleu.
D’où émanent ces accusations ? D’une note blanche selon l‘avocate qui conteste ces méthodes qui inversent la charge de la preuve, se félicitant par ailleurs que l’ouverture d’une enquête judiciaire ait été faite.
« C’est important pour que nous puissions nous expliquer (…) La procédure administrative est très particulière. Nous n’avons pas de charges qui pèsent contre nous. Nous avons simplement des faits, consignés dans une note blanche. La charge de la preuve est inversée. Lorsqu’on dit qu’un prêche a été tenu, c’est à nous d’apporter la preuve que le prêche ne comportait pas les propos tels qu’ils ont été rapportés. C’est compliqué car il faudrait des enregistrements, des attestations. »