Le 12e colloque annuel de Musulmans de France (ex-UOIF) qui se tiendra ce samedi 4 février sera consacré au thème suivant : « Discours religieux et séparatisme : limites et risques ». Mizane.info vous dévoile le programme.
Entre 2020 et 2021, la politique de l’exécutif français concernant la gestion de l’islam, et par extension celle des musulmans de France, s’est radicalisée. Après le discours des Mureaux du président Macron annonçant une reprise en main autoritaire de l’islam, et l’assassinat tragique du professeur Samuel Paty, la loi confortant le respect des principes de la République (loi CRPR), dite loi contre le séparatisme a été adoptée le 24 août 2021. Une loi restreignant les libertés religieuses et cultuelles et ouvrant une nouvelle ère de soupçon entre l’État et les cultes, en particulier le culte musulman, cible prioritaire de ce dispositif.
Comment appréhender cette nouvelle loi qui marque une rupture avec la laïcité républicaine et quelles seront ses conséquences ?
« Le curseur a été déplacé en faveur d’une limitation de la liberté de culte »
Pour en discuter, la fédération Musulmans de France organise ce samedi 4 février un colloque sur le thème « Discours religieux et séparatisme : limites et risques ». Mizane.info a consulté le programme de cette journée qui se tiendra dans un hôtel proche de Paris.
Au préalable, MF a expliqué et resitué dans son contexte le thème de la journée.
Rappelant que « plusieurs voix ont critiqué cette loi et exprimé leurs inquiétudes d’atteinte aux libertés individuelles et associatives et la crainte de décisions arbitraires », MF estime que « cette loi augure une nouvelle étape dans la relation entre l’État et les cultes. » « D’aucuns affirment alors qu’elle ouvre une brèche dans la laïcité et que le curseur a été déplacé en faveur d’une limitation de la liberté de culte et de l’expression religieuse alors que l’État devrait être strictement neutre face aux religions », explique la fédération musulmane.
De nombreuses questions seront soulevées. Comment penser de manière apaisée des relations entre religiosité et vie civile quant la liberté d’expression des citoyens exprimant des opinions religieuses se voit subitement restreinte ?
« La religion est vécue et pratiquée dans une société qui évolue et qui la questionne en permanence, souligne MF. Le religieux est donc amené forcément à s’exprimer sur les questions de société. Qui alors poserait les limites de ces discours religieux et de leurs contenus ? Quid de la liberté de pensée et d’expression ? »
Musulmans de France : 4 tables rondes au programme
Pour répondre à ces questions et « trouver le modèle juridique adéquat pour la gestion de leur culte », 4 tables rondes seront ouvertes.
La première s’interrogera sur le fait de savoir si la loi CRPR inaugure-t-elle une nouvelle ère dans la relation Etat-islam, avec les interventions de Chems-Eddine HAFIZ, le Recteur de la Grande Mosquée de Paris et Mohsen NGAZOU, président de MF
La seconde table-ronde présentera des « Regards croisés sur les contraintes et difficultés d’application de la LCRPR » avec notamment les témoignages de responsables cultuelles catholique, protestant et musulman (Jean-François BOUR, Directeur du SNRM-CEF, Jean-Daniel ROQUE, président de la commission Droit et Liberté religieuse de la FPF et Karim MENHOUDJ pour MF).
La troisième table-ronde questionnera les rapports de l’Etat avec les cultes : Haoues SENIGUER, Maitre de conférences à l’IEP de Lyon, chercheur au laboratoire Triangle (Ecole normale supérieure, CNRS, UMR Lyon), Vincent GEISSER, chercheur CNRS, IIREMAM (Aix Marseille Université) et Raphaël LIOGIER, Sociologue, philosophe, professeur des universités à l’IEP d’Aix-en-Provence prendront la parole.
La dernière table-ronde interrogera les impacts de la loi CRPR sur la pratique du culte musulman. Anouar KBIBECH (Président du RMF), Tareq OUBROU (Grand Imam de Bordeaux, Théologien) et Larbi BECHERI (Théologien, Doyen de l’IESH Château-Chinon) y interviendront.
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