Tour d’horizon de la politique d’Emmanuel Macron, de ses effets sociaux négatifs, de la contestation qu’elle a suscitée et des réserves exprimées par un certain Pierre de Villiers, ancien Chef de l’Etat-major. Une chronique de Gianguglielmo Lozato sur Mizane.info.
La France traverse une crise très délicate dont les contours irréguliers rendent son diagnostic aussi compliqué sa résolution.
Une résolution qui n’est qu’éventuelle puisque la contestation agite le peuple d’une nation aux prises avec des difficultés sociales, économiques qui vont en s’amplifiant à cause de la crise sanitaire et de l’agitation politique.
Plusieurs secteurs d’activité ou de pensée sont postés à la fois à l’origine et à l’arrivée.
Une des conséquences les plus effrayantes de cette agitation sociale est la succession de manifestations émaillées par des violences les plus primaires.
Ce qui n’est hélas plus un épiphénomène se produit de manière régulière depuis environ un an, mensuellement ou hebdomadairement selon les saisons.
On ne peut même plus parler de périodicité donnée, d’où une instabilité grandissante, quasi inarrêtable.
La conduite de la France semble échapper de jour en jour à l’actuel Président de la République en exercice.
Paris. Samedi 5 décembre 2020.
Alors que le froid a pris c’est le cas de le dire ses quartiers d’hiver, un spectacle apocalyptique vient de se produire au terme d’un défilé ayant rassemblé bien entendu des manifestants, mais aussi des casseurs.
Partant, de la Porte des Lilas jusqu’à la Place de la République.
Le XXème arrondissement, patchwork populaire et boboïsé a été le théâtre de ce déferlement de violence.
Un arrondissement réceptacle
Cet arrondissement à la croisée des chemins contient une bonne partie des électeurs parisiens d’Emmanuel Macron.
Cet arrondissement le président précédent François Hollande y réside.
Cet arrondissement, des gens lassés des effets des deux quinquennats y ont manifesté.
La difficulté réside dans la question suivante : quelles conséquences pour la suite ?
Le compte-rendu de ce samedi aura évidemment une vision géospatiale au vu des nombreux dégâts causés.
Cependant, il serait inefficace de se contenter de cette première approche. Une conséquence politique sera à souligner. Puis une mise en garde avant l’irréparable.
Le long de la colline du XXème arrondissement un flux de manifestants s’est déversé samedi pour protester contre la précarité et la loi dite de sécurité globale.
Un programme aussi nébuleux que l’action gouvernementale.
Les revendications de ceux qui défilaient étaient celles d’une France touchée par la pandémie et sa gestion impopulaire, par la récession économique et par les soupçons de bavures policières (l’affaire du producteur interpellé dans le XVIIème arrondissement de Paris par exemple).
Pour ce qui est du tout premier aspect, l’apparition du Covid-19 est en train de s’imposer comme une fatalité plus encore qu’une calamité.
Cet aspect périphérique à la manifestation renforce le sentiment de mal-être général et de ce fait le ressenti vis-à-vis de l’appauvrissement et de l’autorité.
Le chômage grandissant conjugué à la baisse du pouvoir d’achat renforcent les incertitudes.
Lesquelles se trouvent renforcées par un autre type de sentiment lié à l’application du maintien de l’ordre.
Vers de nouvelles émergences politiques ?
Récemment une nouvelle figure politique est apparue : celle de l’ancien Chef de l’Etat-major Pierre de Villiers.
Un patronyme prédestiné à se faire remarquer au niveau politique car homonyme du souverainiste anti-Maastricht Gérard de Villiers.
Comme tout militaire au sommet de sa hiérarchie, le général voit les choses en stratège.
Au gré de ses allégations, on sent l’homme contrarié par les débordements, les incivilités en tout genre.
En un mot le désordre un peu surprenant pour la société d’un pays qui se veut et qui se perçoit cartésien.
Le Cogito Ergo Sum de Descartes semble frappé d’amnésie en ce moment. Laissant la place à l’action sans la réflexion.
Alors, « je ne pense pas mais j’agis » est-il le nouveau modus operandi suppléant l’habituel mais passé de mode « je pense donc je suis » du philosophe français ?
Pour y remettre bon ordre, le militaire de carrière souhaite restaurer l’autorité et la cohésion nationale, de façon synchronisée.
Une concomitance qui a échappé à Emmanuel Macron.
La rhétorique utilisée par le haut gradé militaire ressemble davantage à un plan de bataille qu’à un cheval de bataille pour le moment, comme dans les colonnes de nos confrères du Figaro (« Six crises se superposent : sanitaire, sécuritaire, économique, financier, géostratégique et évidemment politique »).
Un état d’alerte renforcé par le titre de son livre « L’équilibre est un courage », ouvrage renfermant la phrase « Ma crainte, c’est la guerre civile ».
Mais qu’en est-il vraiment de la situation hexagonale ?
La France de fin 2020
Les manifestations répétées sous ce quinquennat Macron révèlent déjà une impatience collective et des limites atteintes.
N’oublions pas que dix millions de personnes sont comptabilisées comme pauvres depuis ces deux derniers mois.
L’incertitude prédomine, à l’image du traitement de l’inflation par les politiciens ou certains médias.
L’inflation est parfois jugée comme nécessaire parfois diabolisée.
Or cette instrumentalisation est peut-être en voie de se trouver hors sujet car certains indicateurs de prix et du niveau de vie pourraient tout à fait penser à une fausse déflation débouchant partiellement sur une stagflation.
Par conséquent on se tromperait de cible. D’où une perte de temps, d’énergie, de moyens.
Dans le traitement de l’autorité, c’est le même flou.
Au chaos de la rue qui a vu des véhicules incendiés et des vitrines brisées répond une maîtrise aléatoire du rétablissement de l’ordre non par la police directement mais par les gouvernants.
La communication de l’appareil étatique s’en remet aux balbutiements des Castex, Darmanin, Macron submergés par les incompétences et les critiques qui en découlent.
Les chiffres de la délinquance renforçant la masse de problèmes à régler, un peu à l’image de l’accroissement de l’endettement.
Communiquer est inutile voire périlleux lorsqu’un chef d’état pratique la technique de l’enfumage sur fond de la fumée des véhicules calcinés en marge d’une manifestation passée aux mains des casseurs façon « Black Bloc ».
Face à ce climat en passe de devenir des plus insurrectionnels, comment réagir ?
Terminer une vue d’ensemble sur l’état de l’hexagone nécessite actuellement l’intervention de plusieurs compétences.
Cette pluralité est impérative pour soigner un mal dont les pathologies sont liées aux rapports sociaux bouleversés, clivés.
Liés ensuite à l’économie, liés aux dysfonctionnements politiques.
Le renversement de Macron est tout à fait envisageable à un siècle où tout va plus vite qu’à l’époque de la Révolution Française.
Le politicien quadragénaire cherche maladroitement à colmater des brèches.
Ou à s’échapper vers d’autres sujets de discussion.
Une très bonne illustration a été sa tentative de récupération du décès de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing en se comparant à lui.
Oui, Giscard d’Estaing avait été un jeune président pour son époque.
Cependant les profils divergent trop.
Et n’oublions pas que les crises pétrolières de 1973-74 et de 1979 avaient finalement pesé très lourd au point de lui coûter sa réélection en 1981.
Premier point de crispation pour Emmanuel Macron étant donné la très mauvaise conjoncture.
Depuis le début de la crise sanitaire, les cotations de blé tendre et de blé dur ont bondi jusqu’à respectivement 202 et 275 euros la tonne, ce qui n’est pas sans impacter le prix de denrées de première nécessité comme la farine ou le pain.
Comme en 1980 où la révolte du pain avait secoué la Tunisie Bourguiba.
Mais surtout 1980 comme l’année où, après une décennie de récession économique et de défaillances fiscales, un coup d’état militaire s’était produit dans une Turquie marquée par une crise sécuritaire.
La France semble placée sur l’orbite d’un pilote d’un pilote automatique, comme en 1789.
Une obsolescence programmée est en route pour l’équipe gouvernementale à l’image de l’incapacité de Louis XVI en son temps.
Pour en arriver à une révolution et à l’accès au pouvoir de Napoléon Bonaparte en 1799. Militaire comme Pierre de Villiers, dont le projet semble tout tracé contrairement au sophisme et à l’autisme d’Etat.
Les inexactitudes macroniennes se propagent dans d’autres domaines que ceux précédemment développés: la sécurité et le fait religieux.
L’interventionnisme inadéquat du président jupitérien (dire que certains surnommaient N. Sarkozy « L’Hyperprésident »…) au niveau des forces policières a eu pour effet de dresser contre lui à la fois les représentants des forces de l’ordre et plusieurs franges de la population.
À moins que l’étudiant brillant qu’a été Emmanuel Macron ne se replonge dans l’Antiquité mais cette fois-ci non pour se tourner vers Jupiter mais plutôt en relisant Aristote et sa Cité-Etat.
Plus grave encore est le fait de s’attaquer à la spiritualité.
Alors que l’Eglise Catholique a subi une perte sèche de 40% de ses financements dernièrement, la question de l’Islam est traitée de façon inattendue.
Ce qui rappelle une période de l’Antiquité Romaine encadrant spirituellement et fiscalement les sujets de l’Empire Romain avec les édits de Septime Sévère (an 202) puis de Caracalla (an 212).
Avec les conséquences fâcheuses qu’ont dû subir Chrétiens et Juifs, consignées dans les livres d’Histoire.
Gianguglielmo Lozato
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