Interviewé par un site d’information américain, le Premier ministre pakistanais Imran Khan, fortement engagé sur la question de l’islamophobie, a botté en touche sur la question ouïghoure, déclarant ne pas « être sûr de ce que l’on raconte ».
Sa déclaration n’est pas passé inaperçu. Questionné par le site d’information américain Axios sur ce qu’il pensait du sort réservé aux Ouïghours, la minorité turcophone musulmane de Chine victime d’exactions massives par les autorités chinoises, le Premier ministre pakistanais Imran Khan s’est montré plutôt sceptique déclarant ne pas « être sûr de ce que l’on raconte ».
« D’après les Chinois, ce n’est pas le cas », a ajouté le chef du gouvernement pakistanais. L’homme fait valoir à ce propos que la communication diplomatique avait ses propres canaux. « Quels que soient les problèmes que nous avons avec les Chinois, nous leur parlons à huis clos », a-t-il précisé.
Le Premier ministre pakistanais a également défendu la relation de son pays avec la Chine, en soulignant que les Chinois avaient toujours été là pour soutenir le Pakistan. « Lorsque nous étions vraiment en difficulté, poursuit M. Khan, que notre économie était à la peine, la Chine est venue à notre secours. Nous respectons donc sa façon d’être ».
Ces déclarations ont jeté un froid sur les réseaux sociaux pakistanais. Le journaliste pakistanais Mehdi Hasan a avoué que cet entretien avait été « douloureux à regarder ».
Cette interview a d’autant plus surpris que Imran Khan s’est fortement positionné pour dénoncer l’islamophobie émergente dans les pays occidentaux. Le Premier ministre avait rédigé une lettre aux dirigeants des pays musulmans en leur demandant « d’agir collectivement pour contrer la montée de l’islamophobie dans les États non musulmans »
Certains observateurs estiment que les dizaines de milliards d’investissement chinois aurait placé le Premier ministre pakistanais dans une posture difficile. Lui-même a considéré dans l’entretien avec Axios que sa responsabilité ne concernait que son pays.
« Je regarde ce qui se passe en Palestine, en Libye, en Somalie, en Syrie, en Afghanistan… Vais-je commencer à parler de tout ? Je me concentre sur ce qui se passe à ma frontière, dans mon pays », a-t-il répondu, évoquant même une hypocrisie des occidentaux sur la situation au Cachemire, jamais dénoncée. « 100 000 Cachemiris ont été tués (…) 9 millions emprisonnés (…) 800 000 soldats indiens sont postés » à la frontière, a-t-il poursuivi sur ce point.
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