Depuis quelques mois, la violence exercée par les colons et l’armée israélienne contre les Palestiniens a atteint un stade jamais égalé auparavant.
De plus en plus d’agressions sont recensées chez les civils palestiniens, perpétrées non seulement par les colons mais aussi par l’armée israélienne. Les techniques utilisées dans certains villages pour faire naître la terreur laissent sans voix. Malgré les décès de 5 civils depuis le début de l’année et de la journaliste Sherine Abu Akleh, les violences perpétrées en Palestine restent « secrètes », du moins, non exposées au grand public.
Un nombre inquiétant d’agressions contre les civils palestiniens
Mountasser Dumaidi, 17 ans, fait partie de ces victimes. Il a subi une agression en mars 2022 près de Huwara, dans le nord de la Cisjordanie, attaqué par une dizaine de colons israéliens, dans le café dans lequel il travaille. « Ils ont commencé à me frapper, deux étaient armés de bâtons en bois », raconte-t-il pour Le Monde. « Juste après, l’armée est arrivée et m’a attaqué », poursuit-il. « Ils m’ont aspergé de gaz [lacrymogène]. » Mountasser Dumaidi a porté plainte , mais est resté sans réponse.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, 71 Palestiniens ont été blessés par des colons depuis le mois de janvier.
Abboud Al-Sharif, coordinateur terrain de l’ONG Première Urgence internationale (PUI), qui intervient auprès des communautés palestiniennes victimes de la violence des colons en Cisjordanie, affirme que « les attaques sur les personnes et les biens ont doublé depuis 2020. Autrefois, les agressions avaient surtout lieu la nuit, sur des petites routes, dans des zones sous contrôle total israélien. » , tandis qu’aujourd’hui, aucune région n’est épargnée.
Selon les informations fournies par le média Orientxxi.info, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) aurait répertorié 977 actes de violences en 2021, soit près de trois par jour.
Le maire de Huwara, Maïn Dumaidi témoigne également de l’agression subie par un de ses employés, handicapé, chargé de l’aide à la circulation. Des colons l’ont frappé et aspergé de gaz lacrymogène. Pas moins de cinq colonies israéliennes se sont installées dans la ville d’Huwara. Ces colonies ne sont pas considérées légales aux yeux du droit international. Et pourtant, elles sévissent.
Les civils palestiniens se voient obligés de partager la même route que l’armée et les colons s’ils veulent se déplacer. Cela a créé des conflits et une « bataille des drapeaux » dans laquelle les colons israéliens cherchent à décrocher le drapeau de la Palestine, tandis que les civils protestent par une augmentation de ceux-ci.
Une stratégie de terreur pour faire fuir les palestiniens
Malheureusement, ce phénomène apparaît comme étant une vraie tactique pour apeurer la population.
« La violence des colons n’est pas un phénomène qui concerne les marges, les plus radicaux. C’est en réalité un moyen de faire peur aux Palestiniens pour les pousser hors de leurs terres, c’est une arme dans l’entreprise de colonisation. » affirme pour Le Monde Dana Mills, directrice exécutive de l’ONG anti-occupation Peace Now.
En effet, les témoignages d’agression fusent. Anonymement, un sexagénaire , père de 6 enfants, raconte comment il a été attaqué par les colons pas moins de 4 fois depuis 2022. « Depuis, je tremble. Avant, j’avais une bien meilleure santé. Quand ce n’est pas les colons, c’est l’armée, pourtant censée nous protéger ! », a-t-il raconté au média Le Monde. Selon lui, le nouveau gouvernement israélien serait la cause de cette recrudescence des violences en Palestine.
Anthony Dutemple, membre de l’ONG PUI dénonce le manque d’action sur la scène internationale. « Tout augmente : le nombre de colons, les violences et… les condamnations européennes, mais elles ne sont suivies d’aucun effet ! Il faut des actions concrètes, on ne peut pas se contenter de faire des tweets. » explique-t-il.
Marie Jarosz