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lundi 23 décembre 2024

Police et violence : jusqu’à quand l’impunité ?

La préfecture de police de Paris vient de saisir l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) à la suite d’une vidéo filmant une intervention policière. Avec effroi, on découvre des policiers commenter avec des propos racistes la plongée d’un homme dans la Seine. Et la même question être à nouveau soulevée : jusqu’à quand l’impunité ?

Police et violence : cette association de termes n’est malheureusement pas nouvelle. Et la dernière affaire révélée par une vidéo diffusée par le journaliste Taha Bouhafs ne fait que la confirmer.

On y découvre avec effroi plusieurs agents de police commenter la fuite nocturne d’un homme qui plonge dans la Seine pour leur échapper, les policiers le traitant de « bicot » qui ne sait pas nager et qui devrait couler.

Un peu plus tard, on entend des cris de l’homme interpellé, cris interrompus par des bruits sourds semblant indiquer des coups accompagnés de rires sadiques.

La vidéo est confondante et la préfecture de police ne s’y est pas trompée en saisissant l’Inspection générale de la Police nationale.

Cette vidéo n’est pourtant que la dernière en date d’une longue suite d’images et de sons qui ont révélé depuis longtemps l’existence d’un problème de la police française.

Abus d’autorité, usagé immodéré et illégitime de la force ayant entraîné la mort, propos et comportements racistes : les actes d’accusation sont lourds et concernent plusieurs membres des forces de police.

Ali Ziri, Adama Traoré, Houcine Bourras, Mehdi Bouhouta : la liste des victimes tuées par les forces de police est longue, et le plus souvent dans des conditions obscures, parfois même en garde à vue ou menottées.

Les condamnations en justice sont rares et souvent insignifiantes. Le problème demeure mais les réponses sont inexistantes.

Il est désormais difficile d’interpréter ce silence et cet immobilisme des autorités françaises autrement que comme l’expression d’une indifférence flagrante, pour ne pas dire autre chose.

Certes, le ministre de l’Intérieur a condamné la dernière outrance policière.

Mais combien de silences politiques auront couvert la souffrance d’hommes et de femmes tombés sous la matraque furieuse d’un agent de police dont le devoir était de respecter la loi lui-même avant de la faire respecter ?

Nous savons depuis plusieurs années que la question du racisme est une réalité chez certains officiers de police.

Des études avaient déjà révélé que le vote RN (ex-FN) est majoritaire dans la police et la gendarmerie.

La violence de la police est donc incontestablement une question politique de premier plan et non plus seulement l’expression délictueuse de certaines brebis galeuses.

La répression des gilets jaunes avait permis à bon nombre de conscience citoyenne de voir enfin ce que des militants, accusés de partie pris, avaient tenté de faire comprendre.

Les militantes Amal Bentounes, Sihame Assbague, le reporter Taha Bouhafs, et bien d’autres auront permis de lever le voile de l’indifférence et de l’ignorance sur ce « mal français ».

Voir près de soixante ans après le meurtre d’Algériens noyés sous la pression de policiers aux ordres d’un Maurice Papon, la violence et la haine s’exprimer au bord de la Seine ne devrait pas laisser qui que ce soit impassible.

La fin du confinement ne sera pas seulement synonyme d’un retour des libertés de circulation et d’action.

Elle devrait sonner l’alarme d’une mobilisation politique massive et durable pour que les citoyens de ce pays ne soient plus les cibles et les victimes d’une force de police dont certains de ses agents sont les premiers ennemis.

Fouad Bahri

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