La pratique du jeûne en islam est précisément codifiée et ne laisse rien au hasard. Un certain nombre de conditions valide sa pratique ou l’invalide. Les ruptures volontaires du jeûne font également l’objet d’un régime expiatoire du jeûne abandonné. Zoom sur des prescriptions à connaître en ce mois de Ramadan 2021.
La première condition à remplir pour accomplir le jeûne est d’être au minimum pubère, consentant, de disposer de toutes ses facultés mentales et d’avoir la possibilité physique de l’accomplir. Les enfants, personnes irresponsables mentalement, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes, en période de menstrues ou les voyageurs sont donc dispensés, par principe et selon leurs possibilités, du jeûne qu’ils peuvent tous récupérer plus tard en jeûnant un nombre équivalent de jours ou en nourrissant, par compensation, des pauvres.
« Tout acte ne vaut que par son intention » Hadith
L’intention, reine du jeûne
La seconde condition, qui est essentielle et qui détermine pareillement la validité de tous les actes d’adoration, est la formulation sincère d’une intention d’accomplir le jeûne pour Dieu. « Tout acte ne vaut que par son intention », selon le célèbre hadith central dans tous les ouvrages de jurisprudence. Sans la formulation mentale de cette intention, le jeûne n’est pas accepté. Pour le jeûne de Ramadan, qui est obligatoire, la formulation de l’intention peut être accomplie la veille au soir du premier jour de jeûne et s’étendre à la totalité du mois à accomplir. Certaines écoles juridiques vont plus loin et stipule la formulation quotidienne de l’intention préalable.
Le jeûne surérogatoire (non obligatoire, ndlr) peut être accompli au matin en exprimant l’intention au réveil d’après une tradition prophétique rapportée par ‘Aïcha. La troisième condition concerne stricto sensu le jeûne lui-même et consiste donc à s’abstenir de manger, boire, ingérer toute sorte d’aliment solide ou liquide et d’avoir des rapports conjugaux. La quatrième condition est de jeûner durant la période autorisée, soit de l’aube au coucher du soleil et de rompre son jeûne.
Tous les actes contraires à ces prescriptions annulent par définition le jeûne : manger ou boire (excepté les cas où l’ingestion a été le fait d’un oubli du jeûne), fumer ou avoir des rapports sexuels. La prise de médicament est inclus dans les causes d’invalidité du jeûne, les malades étant dispensés de cette pratique. Le vomissement provoqué et le saignement volontaire (don du sang ou opération) annulent le jeûne également.
Quatre règles encadrent le cas des personnes n’ayant pas jeûné, volontairement ou involontairement, le jeûne obligatoire de Ramadan.
-Le report ou acquittement (qada’)
-L’expiation ou réparation (kaffâra)
-La compensation (fidya).
-L’abstention de manger (imsak) le reste de la journée pour la rupture volontaire du jeûne.
La première règle concerne toutes les personnes en capacité de jeûner (malades temporaires, voyageurs, femmes enceintes ou en état de menstrues, rupture volontaire et infondée) qui doivent récupérer la totalité des jours non jeûnés durant l’année qui s’écoule et avant l’arrivée du prochain mois de Ramadan.
Comment compenser le jeûne ? Parmi les causes d’invalidité du jeûne, certaines sont plus graves que d’autres et relèvent d’un régime d’expiation particulier (kaffâra). La rupture volontaire par un rapport sexuel se rattrape ainsi par le jeûne du jour rompu auquel s’ajoute deux mois consécutifs de jeûne par jour rompu ou bien le fait de nourrir soixante pauvres par jour.
L’expiation trouve son sens dans le fait de ne pas minorer le respect des rites fondamentaux de la religion musulmane
Pour l’école malikite entres autres, la kaffâra concerne également ceux qui ont rompu volontairement leur jeûne sans motif valable. Cette expiation est renouvelable à mesure du nombre de jours de jeûne rompus. Elle trouve son sens dans le fait de ne pas minorer le respect des rites fondamentaux de la religion musulmane et de ne pas banaliser la pratiques d’actes ou de comportements prohibés durant le mois sacré de Ramadan. C’est en ce sens une pédagogie divine et prophétique fondée sur l’élévation morale et spirituelle du croyant qui jeûne. La troisième règle de la compensation (nourrir des pauvres) concerne tous ceux qui ne peuvent récupérer le jeûne (malades permanents, diabétiques, personnes âgées) mais aussi les femmes enceintes ou en état de menstrues qui peuvent y recourir. La quatrième règle, al imsak, relève de l’adhab (politesse) et consiste pour le jeûneur rompant volontairement son jeûne sans excuse valable, de poursuivre la journée de jeûne malgré tout, par égard pour le jeûne.
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