Moudjahid pendant la guerre d’Algérie, ancien ambassadeur et grand spécialiste de l’islam, Tahar Gaïd est décédé le 9 juillet. Retour sur un parcours engagé au service de l’Algérie et de l’islam. Un portrait-hommage signé Yannis Mahil.
Moudjahid pendant la guerre d’Algérie, Tahar Gaïd s’engagera dans la résistance dès 1954 où il collaborera notamment avec Abane Ramdane qui l’avait chargé de mettre en place des groupes de fedayin dans le grand Alger.
Il sera emprisonné 6 ans par les français pour sa participation active à la lutte de libération.
Grand syndicaliste, il a co-fondé le syndicat UGTA en 1956 pour défendre les droits des travailleurs algériens.
Tahar, l’éminence des révolutionnaires
Après l’indépendance en 1962 il deviendra diplomate et sera nommé ambassadeur d’Algérie au Ghana et en Tanzanie à l’époque de Ben Bella puis de Boumediene.
Dans ce cadre, il côtoya des grands chefs d’Etat africains tels que Nkrumah ou Nyerere, dans un contexte où l’Algérie post-libération jouissait d’un grand prestige.
Il rencontrera les grandes personnalités révolutionnaires de l’époque, dont certaines venaient même lui demander conseil, tels que Che Guevara, Malcolm X ou Nelson Mandela.
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Une œuvre majeure
Après sa carrière de diplomate, il se consacrera à la recherche et à l’étude de l’islam dont il deviendra l’un des spécialistes.
Il sera l’auteur de très nombreux livres sur l’islam tentant de promouvoir une meilleure compréhension de la religion musulmane et de produire un renouveau de la pensée et de l’interprétation de l’islam.
Citons notamment la publication de « L’encyclopédie thématique de l’islam » en deux volumes, « Histoire des femmes dans le Coran », « Réflexion sur l’esprit et la matière dans le Coran », ou encore des exégèses contemporaines de différentes sourates du Coran.
L’indéfectible indépendance de Tahar Gaïd
Attaché à son indépendance politique et intellectuelle, Tahar Gaïd gardera toujours une distance vis à vis des dirigeants.
Ben Bella dira à son sujet qu’il était « trop sincère » pour une carrière politique classique.
Malgré son âge, Tahar Gaïd a conservé jusqu’à sa mort la flamme de l’engagement en soutien au peuple algérien, lorsque ce dernier a protesté contre le 5ème mandat de Bouteflika et la déliquescence du système politique.
Une mobilisation de la jeunesse algérienne qui lui rappelait l’enthousiasme de l’époque de la lutte d’indépendance.
Yannis Mahil
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