Invité de l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFMTV à l’occasion de la sortie de son livre « Devoir de vérité », Tariq Ramadan a tenté de répondre aux accusations dont il est l’objet depuis son procès. Un entretien tendu suivi avec attention par Mizane.info.
Le face à face était attendu. Jean-Jacques Bourdin recevait ce matin Tariq Ramadan à l’occasion de la sortie de son livre « Devoir de vérité » (un article de la rédaction sera proposé en fin de lecture de l’ouvrage).
C’était la première prise de parole de M. Ramadan depuis deux ans et sa sortie de prison où le Suisse a été incarcéré de manière préventive pendant plus de neuf mois.
L’entretien a commencé par une introduction de M. Bourdin dans laquelle il répondait aux critiques suscitées par cette émission, insistant sur le fait que c’était Tariq Ramadan qui l’avait contacté et qu’il avait réfléchi avant d’accepter.
« Je ne vous offre pas une tribune, je vous donne la parole », a-t-il embrayé.
Autant dire que le Suisse n’était pas le bienvenu.
« Êtes-vous un imposteur ? »
La plus grande partie de l’entretien a logiquement concerné les accusions de viol des plaignantes.
Ramadan a évoqué tous les éléments à décharge qui n’avaient pas été présentés dans les médias, prouvant l’impossibilité de viols et démontrant ce qui semble avoir été un traquenard tendu par ses ennemis.
« Ce n’est pas moi qui le dit mais ce sont les conclusions de la Brigade criminelle ».
https://www.youtube.com/watch?time_continue=1714&v=aFKLXGXlXaw
Mais l’exercice de présentation factuel n’a pas suffi à convaincre un Jean-Jacques Bourdin condamné à surenchérir pour ne pas devoir passer pour un journaliste faible ou sous « emprise ».
« Êtes-vous un imposteur ? » lui a même glissé le présentateur de RMC. « Vous ne m’écoutez pas M. Bourdin », lui rétorquera Tariq Ramadan.
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L’emprise, nouvelle formulation des actes d’accusation portées contre Tariq Ramadan, a été dénoncée par l’intéressé comme un « rideau de fumée » destiné à voiler l’effondrement du dossier, vide et sans éléments sérieux.
La religion du pardon
« Vous avez menti M. Ramadan », lui a aussitôt emboîté le pas M. Bourdin, en référence aux relations extra-conjugales entretenues avec la première plaignante.
« Oui, pour protéger ma famille » s’est aussitôt justifié Tariq Ramadan, insistant sur le fait que tous les éléments du dossier étaient exposés médiatiquement.
Se défendant de faire de la morale, Jean-Jacques Bourdin a néanmoins emmené l’auteur de « Devoir de vérité » sur ce terrain en mettant en lien le fait qu’il prêchait en public ce qu’il ne pratiquait pas en privé.
« J’ai été en contradiction avec mes principes » a reconnu Tariq Ramadan avant de présenter ses excuses, à sa famille, à Dieu et « à ceux que j’ai déçu de la communauté musulmane ».
La religion est un espace de cheminement pour devenir meilleur, a-t-il expliqué, ajoutant qu’elle encourageait aussi à pratiquer le pardon.
Interrogé sur le fait de savoir s’il pardonnerait à ses accusatrices, l’homme a fait comprendre qu’il y avait un temps pour la justice, avant celui du pardon.
Jean-Jacques Bourdin a également lancé la traditionnelle pique sur la sharia. Défendez-vous la sharia, a-t-il demandé.
« La sharia, pour moi, est la justice. La loi française est votre sharia, vous la respectez », lui a répondu le Suisse.
Visiblement affaibli par ses mois de détention qui ont accentué ses problèmes de santé, Tariq Ramadan a néanmoins scandé « qu’il ne lâcherait rien » et se défendrait jusqu’au bout.
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