Assa Traoré du Comité « Justice pour Adama ».
La préfecture de police a publié un communiqué pour interdire le rassemblement prévu ce soir à 19 devant le tribunal judiciaire de paris. Une décision relevant de l’intimidation pour les organisateurs qui ont maintenu le rassemblement. Youcef Brakni, membre du Comité « Justice pour Adama » a répondu aux questions de Mizane.info. Le focus de la rédaction.
Après la nouvelle expertise dédouanant les gendarmes responsables de la mort par suffocation de Adama Traoré, expertise elle-même invalidée par une précédente « contre-expertise menée par un collège de quatre experts, dont un cardiologue » selon Le Monde, les organisateurs du Comité « Justice pour Adama » porté entres autres par la sœur de la victime, Assa Traoré, qui réclament la justice pour le jeune Adama Traoré, avaient décidé de manifester aujourd’hui même à 19 h devant le tribunal judiciaire de Paris dans le 17e arrondissement.
Ce rassemblement était aussi mené en soutien à George Floyd, tué par des policiers américains dans des conditions similaires à celles de l’affaire Adama Traoré.
Un rassemblement à présent officiellement interdit… 5 h heures avant, par un communiqué de presse de la préfecture de police de Paris publié à 14 h.
Malgré cette fin de non-recevoir administrative, les organisateurs ont maintenu le rassemblement. Ils dénoncent une manœuvre d’intimidation pour les faire taire.
« Le rassemblement de ce soir est maintenu, la préfecture de Paris et son préfet politique tentent d’intimider ceux qui réclament la JUSTICE ! C’est la preuve que nous sommes sur la bonne voie, la France est le seul pays du monde à interdire des rassemblements pour la JUSTICE ! Ce soir 19h00 devant le TGI de Paris, Porte de Clichy », ont exprimé dans un communiqué sur leur page facebook.
Contacté par la rédaction de Mizane.info, Youcef Brakni membre du Comité « Justice pour Adama », a exprimé la position de son mouvement et les raisons exactes de cette interdiction subite.
« C’est une décision politique, un positionnement idéologique et un soutien sans faille aux gendarmes et aux policiers coupables de crimes. C’est aussi une réponse par rapport à ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est-à-dire qu’on refuse tout soutien à George Floyd, à ce qu’il a subi et à sa famille. S’il y a troubles à l’ordre public ou débordements, ce sera la responsabilité du préfet Lallement (Didier Lallement, préfet de Paris, ndlr). Il sera responsable ce soir de tout trouble ou débordement. C’est lui qui est garant de la sécurité des Parisiens et qui doit s’assurer que tout se passe bien. Les citoyens français ont le droit de s’exprimer et d’exprimer leur solidarité avec les victimes. »
A propos de la déclaration de ce rassemblement, Youcef Brakni a fait valoir le fait que « La préfecture était informée de ce rassemblement depuis plusieurs jours mais ne nous a laissé aucune possibilité de le déclarer administrativement. Le rassemblement était annoncé et ils n’ont rien pour nous contacter. C’est une décision politique destinée à casser, juste avant, la mobilisation. On ne va pas se laisser faire, on sera présent ce soir.
Questionné sur le risque de répression policière et la tentation policière de faire un exemple, Youcef Brakni s’est voulu attentif mais serein.
« S’ils font cela, ce serait une catastrophe politique pour l’Etat français et l’image de la France au niveau international. En tous les cas, ce sera leur responsabilité et ils répondront de tous leurs actes qui seront commis contre des citoyens libres qui ont le droit de s’exprimer pacifiquement en sortant dans la rue. C’est un droit constitutionnel, un droit garanti par la Cour européenne des droits de l’Homme. La France est membre de l’Union européenne, elle a des obligations. »
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